(Pour mieux comprendre, consultez le plan à la fin de l’article)
« Les manifestants ont commencés à se rassembler à la place Syntagma depuis midi. Vers 16 heures, il y avait déjà au moins 500 000 personnes, certes la plus grande manifestation de l’histoire de Grèce moderne. Les gens se pressaient à la place Syntagma et sur toutes les rues tout autour. Les stations du métro Syntagma et Panepistimio étaient déjà fermées, suite aux ordres de la police et le seul moyen d’approcher l’endroit par les moyens de transport public était la station du métro Monastiraki (NDT : à 1 km de la place Syntagma).
En arrivant à Syntagma, on se rend compte que non seulement la société est réveillée, mais aussi que les nouvelles mesures sont perçues comme détestables et abominables. Le nombre des personnes est plus grand que toutes les fois. Il me prend en moins 10 minutes pour faire un trajet des quelques mètres. Les portables ne marchent plus, il est impossible de me mettre en contact avec les camarades, afin de former un bloc, comme décidé pendant notre dernière assemblée (NDT : il s’agit d’une assemblée de quartier).
Après les premiers gaz lacrymogènes sans provocation lancés devant le Parlement, les manifestants commencent à se retirer vers Monastiraki. Sur la rue Hermou (NDT : rue qui lie le côté ouest de la place Syntagma avec la place Monastiraki), des milliers de personnes se poussent en direction de Monastiraki. Il nous faut 20 minutes pour se déplacer 50 mètres! Quand j’approche la rue Voulis (NDT : première rue verticale de la rue Hermou), je tourne à gauche, en direction de la rue Mitropoleos. Là aussi, des milliers de gens et de gaz lacrymogènes. Là aussi, ils essaient, par milliers, en poussant l’un l’autre, de tourner vers les ruelles de Plaka pour respirer l’air frais et retourner un peu plus tard (NDT : vers la place Syntagma). Des barricades improvisés pour empêcher les MAT (NDT : CRS grec), qui descendent en jetant des lacrymogènes pour faire fuir le monde vers Monastiraki. Cette situation a continué sans cesse pendant des heures. A Mitropoli (NDT : l’église au milieu de la rue Mitropoleos, entre Syntagma et Monastiraki), une barricade est établie, les MAT d’un côté, des milliers de gens de l’autre, essayant d’accéder à la place Syntagma. C’est le point ou je suis parti. Peu après, à cet endroit l’incident de cette vidéo s’est déroulé :
Plus tard, on m’a informé que l’objectif de la Police était de garder les manifestants loin de Syntagma, pour que les médias montrent qu’il n’y ait plus de monde devant le Parlement, lorsque l’heure du vote s’approchait ; comme ça d’autres personnes seront empêchées d’aller protester.
C’est déjà assez tard le soir, et la seule voie d’approcher la place Syntagma est la rue Karagiorgi Servias (NDT : rue parallèle de la rue Hermou). Les rues Mitropoleos et Hermou sont fermées. Une fois arrivé à Syntagma, je vois que des milliers de gens se trouvent du côté est de la place (NDT : devant le parlement). A droite du Parlement, les blocs de la gauche extra-parlementaire sont repoussés et empêchés d’y approcher. A l’ouest de la place, les émeutes continuent. Il en va de même sur les rues Panepistimiou et Stadiou, au nord-ouest de la place Syntagma. On est resté à Syntagma pendant des heures, jusqu’à ce que la police à décider de nous disperser, en lançant, de nouveau sans provocation, des gaz lacrymogènes. Il était peu avant dix heures du soir. On a été forcés de reculer vers toutes les directions, soit vers les avenues Panepistiniou ou Stadiou, soit vers la rue Kar. Sevias. On a suivi les gens qui prenaient Stadiou, jusqu’à la place Karitsi. L’immeuble à côté du cinéma ATTIKON était en feu, les gens regardaient et prenaient des photos. A propos, à ce point-là, la situation était la suivante : des MAT devant le resto rapide juste à côté du bâtiment brûlant, des gens regardant comme je viens de décrire, et les manifestants marchaient sur la rue, mais ils tournaient à gauche, à la rue Kolokotroni, quelques mètres avant le point, où se trouvait le bâtiment. J’ai vu un véhicule de pompiers rouler sur la rue Stadiou, apparemment pour arriver devant le bâtiment en feu, et juste quelques mètres avant, elle a fait demi-tour ! Je ne sais pas pourquoi, il n’y avait aucune raison, puisque les manifestants étaient à 200 mètres plus loin. Elle aurait pu très bien approcher le bâtiment et éteindre le feu. Juste à côté du bâtiment brûlant, les bureaux de DOL tous brisés, complètement détruits (NDT : DOL est un groupe de media de masse, parmi les plus importants en Grèce).
On a quitté l’endroit est sommes descendu vers Monastiraki, puisque c’était la seule voie de « fuite », seule cette station de métro était ouverte. Sur la rue K. Servias, il y avait de barricades tous les 50 mètres, qui ont été utilisé pour repousser les DIAS/DELTA (NDT : forces policières motorisées). En arrivant à Monastiraki, j’ai vu qu’il y avait encore plein de monde. L’atmosphère était beaucoup plus légère, lorsque les lacrymogènes n’étaient pas arrivés jusqu’à là. Les cloches de l’église à la place de Monastiraki sonnaient sans cesse, autour de la place il y avait de barricades, de banques brisées et quelques bâtiments qui brulaient.
Je viens de décrire des incidents ‘chaotiques’ et conflictuels, pourtant, ceux qui sont les plus importants pour moi sont les suivants :
– Tout d’abord, le nombre des manifestants! Je n’ai jamais vu tant de gens dans la rue. J’ai entendu parler d’un million, selon quelques, de huit cents mille, selon d’autres. Je suis sûre qu’il y avait plus de cinq cent mille des personnes.
– Deuxièmement, la haine et la rage du monde ! Il n’y avait pas un seul manifestant à ne pas avoir hurlé ! Pas un seul flic de MAT à ne pas se faire engueulé. Les gens bouillonnaient, et ça s’était vu en tous moments ! Tous types de personne, des gens ‘pas politisés’, des gens avec des drapeaux grecs, tous s’affrontaient avec les MAT. Des gens vers la cinquantaine juraient la police. Tout le monde voulait approcher la place Syntagma, malgré l’atmosphère lourde à cause des gazes lacrymogènes.
Je ne sais pas ce que ça va donner, tout ce qu’on vit en Grèce, mais c’est sûr que si la situation actuelle continue, il y aura des explosions beaucoup plus grande que celle de dimanche.
Ps. Regardez ici des photos qui montrent le nombre des manifestants ainsi que la dispersion provoquée par les gaz lacrymogènes, jetées devant le parlement.
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