A Lyon, une artère pour la fête. « Vive la (rue de la) République ! »

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1) « C’est, à ma connaissance, la première fois en France qu’une rue historique, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, lance sa marque et sa stratégie de développement, comme le font aujourd’hui les centres commerciaux. »
2) « Les points d’entrée et de sortie seront contrôlés à la manière d’une fanzone géante, avec des fouilles. »

Le onzième défilé de la Biennale de la Danse, qui prend normalement place dans l’ultra-centre de Lyon a été annulé cette année pour cause de risque terroriste. Ah non, il a été en fait déplacé, et s’est déroulé (le 18 septembre) dans un stade (Gerland)… Les plus attentifs à l’actualité se souviendront peut être que lors de la COP21 - c’est-à-dire peu après la déclaration de l’état d’urgence - le directeur de celle-ci avait proposé que les manifestations contestataires se déroulent dans un stade (afin de pouvoir être sécurisées ; mais aussi pour mettre en sûreté le centre-ville parisien). Elles avaient été finalement tout bonnement interdites (mais pas annulées).

Le déplacement de ce défilé festif (la Biennale de la Danse) dans un stade, n’est pas anodin. Il faut pour le comprendre, revenir sur son histoire, et sur l’histoire du lieu qui l’accueille habituellement : la rue de la République.

Le défilé de la Biennale de la Danse fêtait ses 20 ans cette année. Il est né dans les années 90, des années d’émeutes dans les banlieues lyonnaises. Emeutes à Vaulx-en-velin (octobre 1990 après la mort de Thomas Claudio, octobre 1992 après la mort de Mohamed Bahri, avril 1994), à Saint-Fons (octobre 1993 après la mort de Mourad Tchier), à Bron (avril 1994 après la mort de Khafif Amamra), à Lyon 9e (novembre 1997 après la mort de Fabrice Fernandez), notamment. Ces émeutes sont restées à l’époque circonscrites aux villes de banlieue, mais nait alors la crainte de les voir se décaler vers le centre-ville. Par exemple après les incidents de mars-avril 1994, lors du mouvement social contre le CIP. Comme le rappelait le journal 20minutes en 2010, alors que les manifestations contre la réforme des retraites dégénéraient :

« Cela relève d’une sorte de tradition. Je me souviens qu’en mai 1968 il y avait déjà à Lyon des bandes de loubards qui venaient de banlieue. Il y a aussi à Lyon une forte tradition anarchiste. Et le calme observé en banlieue est toujours précaire », analyse le président du conseil général du Rhône.

En mars 1994, d’importantes manifestations de lycéens et étudiants ont lieu à Lyon contre le Contrat d’insertion professionnel, un Smic jeune très contesté. Des casseurs, venus de banlieue, se mêlent au mouvement et la police se montre très virulente face aux manifestants. Deux jeunes Algériens sont même expulsés de France pour avoir participé à la contestation, ce qui provoque l’indignation des grévistes.



(Barricades en 1968, rue de la République à Lyon)

La si propre et si bourgeoise « Presqu’île » de Lyon, avait, dans un passé lointain, bien nettoyé son seul furoncle : la Croix-Rousse. Par le canon (les révoltes matées de 1831 et 1834), et en en formattant le souvenir (quartier classé Unesco ; joli parcours découverte des traboules). Mais voilà qu’elle devait maintenant craindre des déferlements de relégués (foutu métro, qui la connecte aux villes limitrophes !).

Quel rapport avec la danse ? Ce si joli défilé de la Biennale n’est quand même pas un outil de pacification sociale ?! Le premier « carnaval » est décrit ainsi par Libération, le 17 septembre 1996 :

Le projet inscrit dans le cadre du programme national « Projets culturels de quartier » (1) a nécessité un long travail sur le terrain en impliquant directement les associations et la population, dans les quartiers de Lyon ou de la périphérie. Que les danses urbaines dont le hip-hop se retrouvent sur le devant de la scène et que les « excentrés » se réapproprient le centre-ville était hautement symbolique.


Selon un reportage du journal de France 2 du 17 septembre 1996, intitulé « la samba des banlieues » :

TOUT LE MONDE a répondu à l’appel très brésilien, MÊME et surtout dans les banlieues.
[…]
Pour les jeunes de Bron l’événement le plus important depuis qu’on a marché sur la Lune c’est le lendemain, le défilé à Lyon avec les brésiliens. Mais leur samba à eux c’est du hip-hop ! »

Devant 200k personnes, « Les quartiers difficiles sont les rois de la fête » :

« Cette fête des cultures c’est l’idée de la biennale de la danse de Lyon. Les écoles de samba de Rio allaient faire des petits avec des brésiliens de banlieue, des échassiers pleins d’imagination, des beurs de Vénissieux… »

Pour résumer :

Les vrais danseurs du Carnaval de Rio ont défilé les derniers, mais on ne s’est pas ennuyé en les attendant. En février quand ils descendent des favelas misérables, leurs danses et leurs costumes parlent de joie et d’espérance, dimanche à Lyon ce message est passé en ville avant l’arrivée des cariocas.

16 ans plus tard, Rue89Lyon décrit le défilé de la Biennale comme le moment où « la banlieue débarque en centre-ville ». Mais de manière civilisée !

Cette déambulation dansée reste le symbole de l’unification du centre-ville et des banlieues auquel travaille la communauté urbaine depuis les émeutes urbaines des années 80 et 90. »

Comme dans tout bon carnaval les rôles s’inversent ; et les banlieusards deviennent les princes de la ville. Plus de vandales, disparus ! Tout d’un coup c’est « gloire à l’art de rue ! » :

En 1996, Ceux qui étaient aux marges, les marges de la banlieue, avaient désormais le droit de s’exhiber au cœur de la cité. (…) Cette « chienlit » était là, en dignité, applaudie par des dizaines, des centaines de milliers de personnes totalement ébahies par ce qui se passait ».


Marque

Passons sur les émeutes de novembre 2005, et quelques irruptions marquantes de la jeunesse de banlieue dans le centre-ville lyonnais - en 2006, à l’occasion de la coupe du monde de Football ; en 2007 à la suite de l’élection de l’homme au kärcher ; en 2010 surtout, contre la réforme des retraites.



(Manifestation lycéenne, rue de la République, en décembre 2010)

Désormais le défilé doit répondre à d’autres ambitions : participer à « l’image » (à l’international, notamment) de la métropole lyonnaise. Image polie par « l’initiative » Only Lyon, qui s’échine à « faire connaître, faire aimer, faire venir [dans] » l’agglomération. Et qui a permis à Lyon par exemple d’être désignée « meilleure destination week-end en Europe », le mois dernier.

Quand la région Normandie a décidé, à son tour, de se fabriquer une « image », elle a ainsi pris exemple sur Lyon (pour l’instant, elle s’y essaye en rappelant et « associant » pèle mêle les « réussites » normandes : l’invention de la valve cardiaque, le droit coutumier, les casseroles Mauviel et… Michel Onfray ; l’étape suivante, si la Normandie veut suivre la réussite d’OnlyLyon sera de créer un réseau d’ « Ambassadeurs » qui doivent « faire aimer » la ville, mais aussi agir « in the real life »).

Selon Rue89Lyon :

dans la compétition que se mènent les grandes villes européennes pour attirer les hommes et les capitaux, Lyon est donc un des précurseurs en Europe en matière de city branding ou de marketing territorial.

Lyon est donc une belle marque. Et l’une de ses rues, la rue de la République, est d’ailleurs elle-aussi une marque (à part entière). Cette artère lyonnaise est la 7e rue commerçante la plus chère de France (pour la location d’un emplacement de commerce : 1767 euros/m2/an). La moitié de la rue (ou plutôt de ses surfaces commerciales) est gérée par Grosvenor Fund Management pour le compte d’Abu Dhabi Investment Authority. Son directeur des opérations immobilières nous explique :

C’est, à ma connaissance, la première fois en France qu’une rue historique, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, lance sa marque et sa stratégie de développement, comme le font aujourd’hui les centres commerciaux

La marque « Rue de la République » vise donc à « capitaliser sur la beauté et la qualité du patrimoine » de la (vraie) rue de la République. Son logo ? « un lion monumental à la fois statutaire pour représenter la force et l’architecture des bâtiments et à la fois dans une position dynamique, car tourné vers l’avenir. »


Jusqu’à cette année, le défilé de la Biennale de la Danse se déroulait dans cette artère, en grande partie réservée aux piétons (aux shoppeurs en fait), qui relie la fameuse place Bellecour à l’hôtel de ville. Car, on va le voir, la rue de la République réclamait une fête, à tout prix, depuis sa piétonisation dans les années 70…

RUE IMPERIALE

Au début des années 1850, Lyon est un laboratoire pour la politique urbaine du tout neuf Second Empire. L’urbanisme impérial vise la création, sur la Presqu’île, d’un espace aux voies publiques larges, rectilignes, ponctué de larges places, offrant des effets de perspective, débouchant sur des monuments. Le tout en lieu et place du tissu urbain existant.

Selon le mensuel Lyon Capitale :

Nommé en mars 1853, le préfet Vaïsse rencontre le gouverneur militaire Boniface de Castellane. Ce dernier a un rêve : il veut de grandes artères dans lesquelles il serait possible de lâcher la cavalerie sur les émeutiers. Les révoltes des canuts ont marqué les puissants. Vaïsse va exaucer ses demandes, en y ajoutant une dimension hygiéniste corroborée par la vétusté des bâtiments.

Ca ne vous rappelle rien ? Même s’ils s’appuient sur des projets déjà développés antérieurement, les travaux du préfet Vaïsse, apparaîssent comme une initiative jumelle de l’haussmanisation de Paris : hygiénisme, mise en oeuvre d’un projet politique, contre-insurrection. L’architecture elle-même préfigure les grands boulevards parisiens : bâtiments de même hauteur (22m max), toitures mansardées, façades ornées, éclectisme décoratif mais souci d’homogénéité.

Ce nouvel ordre urbain s’articule en tout cas autour d’une grande et longue artère : la rue Impériale, structurée autour du Palais de la Bourse. De 1854 à 1865, 289 maisons sont démolies (18000 par Haussmann à Paris), 12000 personnes sont délogées :

Les lieux qui accueilleront plus tard la rue de la République étaient composés de bâtiments collés les uns aux autres et surtout reliés par des traboules, comme dans le Vieux-Lyon. Lors de ses rencontres avec Vaïsse, de Castellane souhaite également voir ces traboules disparaître pour ne plus laisser aucune cachette aux contestataires. Les grands travaux marqueront donc la fin des nombreuses traboules de la Presqu’île ainsi que de l’habitat populaire sous le Second Empire. À partir de 1854, 12 000 habitants sont expulsés. Les bâtiments sont rasés et les expulsions permettent de loger les plus aisés dans le centre-ville, tandis que les plus pauvres sont renvoyés vers les faubourgs.


Pour l’anecdote, de nombreux projets (de 1859 à 1919) viseront à prolonger la rue de la République jusqu’à Saint-Clair, voire même jusqu’au plateau de la Croix-Rousse, en taillant par exemple une avenue à travers les pentes de la Croix-Rousse. (Entre autres projets fous : une rue de la Charité de 22m de large - 1864 ; une gare de voyageurs à Croix-Paquet - 1892 ; un boulevard allant de la Comédie au Boulevard de la Croix-Rousse - 1904 ; un prolongement tout droit de la rue de la République jusqu’à la place Bellevue - 1919). Ainsi on aurait rasé les Canuts (ou ce qu’il en restait, selon l’époque) ; mais aucun projet n’aboutit.


MEURTRE

La rue Impériale, devenue le coeur de la Presqu’île, renommée rue de la République en 1878, se destine déjà à accueillir des défilés. Ainsi, pendant l’Exposition Internationale et Coloniale de 1894, le président Sadi Carnot, venu la visiter (le 24 juin), emprunte la rue de la République à bord d’une voiture tirée par des chevaux, pour être applaudi par la foule. Il est accompagné du maire de la ville M. Gailleton qui raconte :

Tout d’abord, ont passé vite, pour assurer la liberté de la voie, quatre cavaliers que j’ai pensé être de la garde républicaine. Puis il est venu à tout petit pas des militaires à cheval par pelotons de cinq files de quatre à peu près. Après la première troupe, un cavalier tout seul tenait sa trompette sans en jouer. Puis un second peloton comme le premier. Enfin la voiture du président dont les chevaux avaient leur tête à trois pas environ de l’arrière du dernier peloton.

Il quitte le Palais du Commerce en direction du Grand Théâtre :

je faisais remarquer à M. le président le spectacle de la rue brillamment illuminée lorsque d’un coup, je vis un bras se poser sur la voiture, vers le côté droit du président. Au même moment j’entendis un coup sec et, croyant qu’il s’agissait d’un maladroit qui remettait gauchement un placet à M. le président, je m’écriai machinalement : Quelle brute !

La main disparaissait aussitôt et, au lieu de voir le président souriant comme lorsqu’on lui remettait un placet je vis son regard devenir fixe, sa figure devenir très pâle. En même temps le président portait la main à l’endroit frappé et je dis à M. Carnot : « Qu’avez-vous M. le président ? » […] Le président m’a répondu d’une voix à peine perceptible : « Je suis blessé » ou « je suis frappé ». J’ai eu alors tout d’un coup la pensée bien nette que M. Carnot venait d’être blessé par le bras que j’avais vu.

Le président de la République vient d’être poignardé par l’anarchiste Caserio. Il succombera à ses blessures. Caserio sera condamné à mort. Des lois anti-anarchistes (qui ne sont pas sans rappeler les plus récentes lois anti-terroristes) seront votées à la va-vite par l’Assemblée Nationale. Une dalle rouge, et une plaque commémorative rappellent au passant attentif cet événemen, rue de la République au niveau du Palais de la Bourse. Sur ce qui s’appelait encore la place de Lyon (et qui est aujourd’hui la « place » de la République qui coupe la rue du même nom) on érigea un monument en hommage à l’homme politique. Ce monument fut détruit dans les années 1970 lors de la construction de la ligne A du métro et remplacé en 1995 par un bizarre bassin rectangulaire à jets d’eau.


C’est à l’occasion des travaux du métro que la rue de la République sera réhabilitée, et piétonisée (en 1974), créant, avec la rue Victor Hugo (dont les magasins subiront des pillages lors des manifestations de 1994 et 2010) un axe réservé à la déambulation commerçante de 2 kilomètres de long.

FETE

La réhabilitation de la rue de la République ne vise pas uniquement à en faire un grand centre de shopping. Mais aussi à organiser… des fêtes.

Jean-Pierre Charbonneau (urbaniste, consultant en politiques urbaines et culturelles, conseiller technique de Lille, Saint-Étienne, Saint-Denis, Lyon ; qui a d’ailleurs participé par le passé à l’organisation de la Fête des lumières, à Lyon), nous rappelait en 2003, l’importance de la « fête » pour la métropole. Pour lui (et pas que lui) « une fête fabrique une part de la personnalité d’une ville » et (elle qui se vit aujourd’hui à « l’échelle de territoires entier ») « doit être considérée comme une des fonctions d’une ville ».

Le défilé de la Biennale de la danse, à Lyon, mobilise tous les deux ans au cœur de l’agglomération (dans la rue de la République et maintenant sur les berges du Rhône) des écoles de danse issues des quartiers sensibles de Rhône-Alpes. Il constitue un moment d’échange, de partage, une manière de signifier concrètement, dans les actes, la vitalité et l’unité d’un territoire, d’une société urbaine, d’afficher certaines des valeurs que celle-ci défend.

Aussi, « rendre possible la fête (sinon l’organiser) est une des tâches qu’une collectivité doit savoir assumer ». En retour,

En faisant vivre la ville autrement, la fête aide à appréhender un territoire, sa culture ou ce qui l’anime. Elle peut de ce fait être également utilisée comme un véritable outil de la transformation urbaine par ceux qui en ont la charge, dans la mesure où ils font preuve de curiosité, de capacité d’observation, de rigueur aussi.

En résumé, la fête, qui est si nécessaire à l’unité du territoire urbain et si utile à la restructuration urbaine, a besoin de nouveaux lieux ! Ou plutôt, « les lieux où d’ordinaire elles trouvent leur terrain d’exercice (en général, les grandes places ou rues centrales) doivent être aménagés pour les rendre possibles. » C’est en ce sens que :

la place Jean-Jaurès à Saint-Étienne ou la rue de la République à Lyon ont été rénovées pour pouvoir accueillir de grandes fêtes. Leur espace a été traité de manière à conserver une certaine vacuité qui garantit qu’un maximum d’usages, notamment festifs, soient permis.

La rue de la République (post-1974) est un petit condensé (de 25m de large quand même) de l’idéal métropolitain (rappelez-vous que c’est une marque, gérée par un fonds de pension). Mais elle a donc aussi été aménagée pour accueillir les événements qui permettent à cet idéal de se déployer. Comme le rappelle le maire de Lyon :

Avec le Défilé, moment festif et fédérateur pour nos territoires, c’est toute la métropole – de Saint-Étienne aux Portes de l’Isère, de Feyzin à Rillieux-la-Pape, de la Duchère à Mermoz – qui danse ensemble. Le Défilé, c’est l’incarnation du vivre-ensemble et de la mixité que nous promouvons partout dans l’agglomération lyonnaise.

Le centre et les banlieues ; le mobile et le l’ordre ; la diversité et l’unité : les contradictions urbaines sont condensées (au même endroit, au même moment)… Jusqu’à disparaitre (magie !) par la force centripète de la danse ! Break dance, Derviches tourneurs, peu importe. Vive la fête. Vive la (rue de la) République.

FANZONE

Et pourtant, cette année, patatras !

La Biennale de Lyon, la Préfecture du Rhône, la Ville et la Métropole de Lyon ont décidé d’un commun accord de déplacer le Défilé de la Biennale de la Danse, prévu le dimanche 18 septembre prochain, dans l’enceinte du stade de Gerland et ce, pour des raisons de sécurité. […] Les réservations sont obligatoires et se feront uniquement via le site Internet de la Biennale.

Pour le maire, Gérard Collomb :

Il n’était pas question que les événements récents puissent avoir raison d’un rendez-vous aussi important et symbolique que peut l’être le Défilé de la Biennale pour Lyon. Le Défilé a toujours été un rendez-vous festif et citoyen qui porte en lui des valeurs fortes : celles du vivre ensemble. L’édition 2016 au stade de Gerland portera donc assurément encore plus hauts ces valeurs, en écho d’ailleurs au thème Ensemble choisi cette année.

Pour Dominique Hervieu, Directrice artistique de la Biennale de la danse :

Nous avons souhaité adapter le dispositif et c’est finalement un bel écrin qui accueillera notre Défilé, un lieu symbolique, historique pour Lyon

.

Comme nous le rappelions en introduction, l’idée avait été émise que les manifestations de contestation de la COP21, prévues à l’automne dernier à Paris, se tiennent dans un stade (ces lieux « historiques », « symboliques » comme le rappelle Hervieu). L’idée n’avait pas plu. Ah, ces contestataires… L’idée a donc finalement été testée, pour un défilé plus « festif ».

Nous avons oublié quelque chose : une autre grande fête permet à la rue de la République d’endosser sa fonction de « scène urbaine », il s’agit de la fête des Lumières : « l’événement qui fait le plus rayonner la ville. ». Celle-ci avait été annulée en 2015 (elle devait avoir lieu moins d’un mois après les attentats de Paris).


Elle renaît cette année, avec une déambulation d’ailleurs, mais dans une version un peu différente :

dans un cadre hautement sécurisé, avec des contrôles prévus en de multiples points d’accès, un grand nombre de forces de l’ordre et de personnels de sécurité mobilisés et une interdiction de circuler programmée dans l’hyper centre de Lyon

Non plus dans un stade, donc, mais dans une ... fanzone :

Les points d’entrée et de sortie seront contrôlés à la manière d’une fanzone géante, avec des fouilles. Sur les axes routiers qui mènent à la Presqu’île, des véhicules lourds seront postés pour éviter que quelqu’un ne fonce dans la foule

Pourtant là encore, de même que l’édition "en-stade" du défilé de la Biennale était au fond une manière de « porter encore plus haut ses valeurs », il s’agit cette fois, selon Gérard Collomb, d’« affirmer la volonté de la ville de continuer à vivre ensemble et d’aller de l’avant ! ». Chacun pourra même, selon lui « vivre l’événement comme il le souhaite : de façon festive, poétique ou spirituelle ». Don’t panic !

Nous avons (brièvement) montré quelles ambitions se trouvaient derrière la fête (le défilé de la Biennale) et son lieu (la rue de la République). Ecrasement des conflits ou de leurs souvenirs. Pour un reboot de la société, ensemble, en dansant. On ne débattra pas ici d’un tel projet politique… On se demandera simplement, quel est le suivant ? Que doit-on penser de la manière dont « la fête » s’organise désormais à Lyon, sous l’état d’urgence ?

Si, « la fête dans la cité est une sorte de métaphore de la vie en société où liberté individuelle et responsabilité publique sont toujours en négociation : il faut mêler créativité et sécurité, spontanéité et négociation, nécessité de mouvement et passage des pompiers, règle et transgression de la règle, etc. »..
Alors, quelle société préfigure la fête en stade, la fête fan-zone, la fête à Famas ?

CONCLUSION

Les contre-allées sont détruites ;
place aux artères pour déambulations contrôlés (festives et commerciales : oui ; contestataires : non ; banlieusardes ? en dansant !).
les défilés festifs finissent finalement dans des stades ;
les supporters de foot, expulsés des stades, finissent dans des fanzones ;
les défilés (festifs et revendicatifs) finissent à leur tour dans des fanzones.
Et ensuite ?


Et Caserio ?

La suite à lire sur : https://lundi.am/Lyon-Vive-la-fete-Vive-la-rue-de-la-Republique

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