Accès aux soins dentaires déficients au centre pénitentiaire de Bourg-en-Bresse

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Au dernier trimestre 2014, au moins 300 demandes de rendez-vous chez le dentiste du centre pénitentiaire de Bourg-en-Bresse sont restées sans suite. En cause, le manque de moyens humains et matériels alloués à l’unité sanitaire de la prison.

« J’ai fait environ sept demandes et je n’ai été reçu qu’une seule fois par le dentiste » écrit un détenu du centre pénitentiaire (CP) à l’OIP. Il ajoute avoir « attendu six mois avant d’obtenir une réponse favorable  ». Un autre explique avoir fait de multiples demandes avant d’obtenir une réponse, alors que son cas nécessitait selon lui une intervention urgente. Un troisième se plaint du fait que le dentiste ne traite que les urgences : «  elle m’a dit que cela pouvait attendre ma sortie, alors qu’il me reste quand même 12 mois à faire et que j’ai régulièrement mal aux dents ».

Cette situation est alarmante en raison du nombre très élevé de personnes détenues souffrant de problèmes dentaires. Un rapport de 2008 réalisé à la demande de la Direction générale de la santé, souligne que « la population carcérale présente un état de santé bucco-dentaire dégradé, nettement plus mauvais que celui de la population générale, ainsi qu’un important besoin de soins dentaires ». Cet état de fait se confirme au CP de Bourg-en-Bresse, où une enquête menée auprès de 150 détenus montre que 80% d’entre eux souffrent de problèmes parodontologiques.

L’une des dentistes de l’établissement indique par ailleurs que la personne qui l’assiste n’est pas remplacée en cas d’absence ou de congés. Il lui arrive alors de travailler seule « ce qui renforce le risque de transmission de maladies nosocomiales et ralentit considérablement le travail » regrette-t-elle. De plus, son assistante n’est pas diplômée d’un centre de formation agréé comme le prévoit la loi.

Contactée par l’OIP, la direction du centre hospitalier (CH) de Bourg-en-Bresse admet les difficultés d’accès aux soins dentaires et précise qu’une demande d’acquisition d’un second fauteuil est en projet. Elle évoque également le recrutement d’un nouveau praticien et d’un assistant dentaire. Cependant, selon la directrice, le CH « n’est pas en capacité de porter financièrement ce projet » et « la participation financière de l’Agence régionale de santé sera nécessairement sollicitée ». Mais pour elle, le véritable problème réside dans « la difficulté de trouver des chirurgiens-dentistes qui acceptent de venir travailler en milieu pénitentiaire ».

En transférant la responsabilité des soins en prison au ministère de la Santé, la loi du 18 janvier 1994 avait pour ambition de garantir aux personnes détenues une « qualité et une continuité de soins équivalents à ceux offerts à l’ensemble de la population ». Néanmoins, force est de constater qu’il reste de nombreux obstacles à lever pour que le malade détenu soit véritablement traité comme un patient à part entière. Les soins dentaires restent emblématiques de la défaillance des soins spécialisés en prison.

Communiqué de Presse de l’OIP
juillet 2015

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