C’est une notion qu’on ne remet jamais en question, tant on est habitué à la considérer comme forcément positive. Et pourtant, la « culture », telle qu’elle est développée dans nos démocraties contemporaines, est loin d’être un instrument d’émancipation. C’est en tout cas l’opinion d’Alain Brossat, auteur du « Grand dégoût culturel ». Entretien.
Tant que demeure ce jeu de partition entre des créateurs ou des producteurs culturels et un public qui consomme, il subsiste une barrière. C’est pour ça qu’il faut penser les conditions d’une appropriation de l’art par les sujets eux-mêmes, mettre en avant le devenir artiste de chacun. Une autre paire de manches ! C’est quelque chose que l’on voit apparaître dans tous les événements émancipateurs. Même une simple grève avec occupation suffit à en créer les conditions : les gens commencent à fabriquer des trucs, à organiser eux-mêmes... Quand la communauté émerge, il y a des chances nouvelles pour l’art. Ce sont des dynamiques où les gens s’inventent d’autres profils sans même s’en rendre compte. Il se crée des cassures du temps ordinaire, des moments d’interruption. Et c’est dans ces brèches qu’on peut engouffrer des pratiques permettant de trouver des lignes de fuite.
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