Appel à la grève des professionel-les lyonnais-es de l’urgence sociale

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Nous, professionnel-les lyonnais-es de l’urgence sociale appelons à la grève l’ensemble des salariés du secteur le 24 mars 2015.
Face au silence des pouvoirs publics lorsqu’on leur demande d’appliquer la loi, nous ne pouvons que protester en refusant de mettre en œuvre des pratiques qui n’ont plus de sens à nos yeux.

Nous, professionnel-les lyonnais-es de l’urgence sociale appelons à la grève l’ensemble des salariés du secteur le 24 mars 2015.

Parce que c’est 1500 personnes qui chaque nuit, à Lyon n’ont pas de solution d’hébergement.

Parce que le 115 n’arrive plus à tenir son rôle d’écoute et d’orientation et que faute de place aucune solution d’hébergement n’est proposée.

Parce que le délai d’attente pour une personne isolée est d’environ 1 an pour avoir un hébergement.

Parce que l’Etat se désengage dans les secteurs du logement social, de la psychiatrie, du handicap, de la protection de l’enfance… nous, professionnel-les de l’urgence sociale ne pouvons que constater qu’un nombre croissant de personnes se retrouve à la rue faute de structures adaptées et viennent frapper à la porte des centres d’hébergement déjà saturés.

Parce que le droit à l’hébergement inconditionnel et immédiat est bafoué, qu’il est soumis à des critères de plus en plus restrictifs et arbitraires.

Nous professionnel-les de l’urgence sociale, nous ne pouvons plus cautionner ces pratiques indécentes sans être heurté-es dans notre éthique et ne pouvons que nous indigner face à cet état de fait.

C’est pour toutes ces raisons que nous avons réclamé, auprès de la préfecture du Rhône et de la DDCS, la non remise à la rue des personnes hébergées pendant le plan froid. Nous avons aussi exigé la création de 2000 places d’hébergement adaptées afin de pouvoir exercer nos métiers dans le respect des personnes que nous accompagnons.

Face au silence des pouvoirs publics lorsqu’on leur demande d’appliquer la loi, nous ne pouvons que protester en refusant de mettre en œuvre des pratiques qui n’ont plus de sens à nos yeux.

Aussi, dans un premier temps, nous décidons de cesser le travail le 24 mars 2015 et proposons un temps d’échange sur les pratiques professionnelles du secteur de l’urgence sociale.

Le 24 mars 2015 rendez-vous au 2 rue Chavanne (Lyon 1er) de 14h à 17h.

Le collectif des professionnels de l’urgence sociale.

Communiqué de presse :

A Lyon, 1500 personnes appellent le 115 sans obtenir de place d’hébergement. Ce sont des hommes, des femmes, certains sont âgés, d’autres handicapés, ou malades ; tous sont exténués. Ce sont aussi des enfants, des nourrissons.

Au mois de Mars, les centres d’hébergement hivernaux fermeront leurs portes et ce seront 400 à 600 personnes qui les rejoindront alors, froidement jetés à la rue.
Pour les professionnels de l’urgence sociale, c’en est trop, c’en est vraiment trop !
Cet hiver 4 personnes sont mortes, dans la rue à Lyon.

Nous n’en pouvons plus d’avoir la boule au ventre pour attribuer les quelques places d’hébergement qui se libèrent. Nous n’en pouvons plus de « trier » le plus faible parmi les plus fragiles. Nous n’en pouvons plus de choisir entre une personne sous dialyse et un homme de 80 ans, entre une mère seule et ses deux enfants de 3 et 5 ans et une famille avec un nouveau né….

Le Code de l’Action Sociale et des Familles (art L345-2,2) stipule que « toute personne en situation de détresse médicale psychique ou sociale a accès à tout moment au dispositif d’hébergement d’urgence ».

Pourtant, le Préfet du Rhône piétine la loi, piétine la République et condamne chaque jour l’avenir des personnes que nous accompagnons. Aujourd’hui, il se moque de la détresse des personnes à la rue en envisageant, comme nous l’avons appris récemment, de demander seulement la création de 300 places d’hébergement supplémentaires. . En tant que représentant de l’Etat, il doit prendre la mesure de l’ampleur des dégâts provoqués par des choix politiques aussi inadaptés. En tant que représentant de l’Etat, il se doit d’arrêter de bafouer la loi et de nier les décès causés par une politique irresponsable.

Nous ne voulons plus être les témoins silencieux de cet état de fait abject. Nous, professionnels de l’urgence sociale, ne voulons plus continuer à faire tourner, à vide, une machine à broyer. Demander 300 places supplémentaires ne doit être qu’une plaisanterie de mauvais goût au vu des besoins actuels. On ne joue pas avec la vie et la mort des personnes.

Nous, professionnels de l’urgence sociale, lui avons adressé un courrier pour demander à être reçus de manière à dénoncer la crise sans précédent que nous connaissons. Aujourd’hui, aucune réponse et aucun engagement significatif ne nous a été fourni. Nous nous engageons donc dans un mouvement de grève le Mardi 24 mars 2015, avec un point presse à 15h.
Nous le leur devons, au nom de la dignité, de notre éthique professionnelle, du maintien du pacte social.

Le réseau des professionnels de l’urgence sociale

mardi 24 mars 2015

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