Appel aux Sentinelles perdues

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54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.

Tel est ce que veulent nous faire croire l’AIEA et les gouvernements qui la composent.

« Impuissante à réguler la circulation des matières fissiles et à régler le dossier iranien, l’Agence internationale de l’énergie atomique a deux visages : zélatrice du nucléaire civil d’un côté, gendarme du nucléaire militaire de l’autre. Elle défendra les vertus de l’atome y compris à Fukushima, où elle tiendra sa conférence ministérielle du 15 au 17 décembre.
par Agnès Sinaï, décembre 2012 »

Article du Monde diplomatique

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Contrairement à ce que pensent les révolutionnaires du web 2.0, la consommation massive d’internet ne constitue en rien une échappatoire au journalisme dominant. La société du spectacle ne fait que s’étendre davantage dans la vie de chacun, connecté en permanence à un flux qui enfle.
« Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation » écrivait Guy Debord dès 1967. [...] Nous ne percevons plus la vie qui nous entoure par nos sens, nos relations, notre contact direct avec le réel. Nous consommons une mise scène du présent, sans aucune issue en dehors de cette « énorme positivité indiscutable », « image de l’économie régnante » (Debord).
« L’homme ainsi bombardé d’information est mis en sommeil, sans capacité de penser et d’agir. Perdu dans l’immédiateté, il n’a pas le temps de prendre du recul, de mettre les faits en relation les uns avec les autres, d’analyser, d’approfondir. A peine produit un événement est déjà dépassé, chassé par un nouveau venu. » [...] « la multiplicité des informations, bien loin de permettre aux individus de juger, de se faire une opinion, les en empêche , les paralyse. » Ellul (Propagandes), Pierre Thiesset (La-bas si j’y suis pas -La Décroissance N°95)

Que du vrai dans tout cela, néanmoins le hasard des informations que l’on reçoit par paquets et nos « pôles d’intérêt » dus à notre propre histoire et nos rencontres permettent de temps en temps d’accrocher quelques informations entre elles. Ainsi la disparition du Résistant Michel Slitinsky le 8 décembre 2012 permet de remettre en avant poste sa lutte exemplaire pour qu’éclate la vérité sur la collaboration de Papon et celle de tous ces hauts-fonctionnaires ou industriels, banquiers français qui sont passés au travers des mailles volontairement larges d’une justice « de classe » comme on dit, après la libération.

Le parallèle de la lutte de Slitinsky avec la lutte anti-nucléaire apparaît tout de suite car l’axe, la colonne vertébrale qui supporte l’ensemble de toutes ces luttes est le sentiment d’injustice, le sentiment d’une énorme trahison. Et dans ce pays, il n’y a pas d’autre mot simple qui traduise autant ce sentiment de haute trahison que celui de « Vichy ». Les séquelles restent intacts car enfouis au plus profond des victimes dans les deux cas de figure. Dans les deux cas, c’est bien au plus haut niveau de l’État que la vérité reste volontairement occultée, bafouée tant que la société civile ne fait pas un remarquable travail de défrichage et de persévérance comme Michel Slitinsky l’a fait toute sa vie. [1] D’autres dans le domaine nucléaire, Dr Rosalie Bertell et Roger Belbéoch sont partis aussi mais toute leur vie ils nous ont tous tracé la voie.

Leur dernier souffle permet de remonter leur œuvre jusqu’à la surface d’un océan d’injustice.
Nous observons cet océan comme des vigies sur cette vieille galère terre. Sentinelles, nous alertons, car on devine les côtés immergés des icebergs, jusqu’en profondeur. C’est un devoir que nous avons envers ces Justes qui disparaissent dans le flot et l’enfumage médiatique.

J’ai accroché à ce rôle de vigie, www.independentwho.org, il y a 5 ans, c’est en voyant la photo de trois hommes d’un âge certain (ou d’un certain âge) dans un article de la revue « sortir du Nucléaire ». Parmi les trois noms de ces personnes (Fernex, Busby ,Tchertkoff dont j’allais savoir plus tard que représentaient ces hommes) je reconnu celui que j’avais déjà vu dans un bouquin intitulé « Solange Fernex l’insoumise ». Cette femme remarquable était décédée un an auparavant. Il m’a semblé que cet homme poursuivait le chemin tracé par la mémoire de son épouse. Ils étaient tout prêts de mon travail et portaient une pancarte autour du cou, leur regard dirigé vers le bâtiment de l’OMS.
Je me suis dit que si ces hommes là portaient une pancarte comme cela, avec cet air solennel c’est qu’il y avait sûrement quelque chose de très fort qui les poussait. J’ai voulu faire comme eux, on appelle cela le mimétisme.
Depuis, il y a beaucoup de choses qui se sont produites. Avec beaucoup de rencontres et de lectures, dans des luttes disparates, j’ai essayé de comprendre pourquoi on en arrivait là ; à cette situation générale ubuesque et dramatique. Beaucoup de choses se recoupent, à force de chercher on fini par trouver l’axe, "la voie".

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On peut voir dans le commentaire sur un article :http://bellaciao.org/fr/spip.php?article132167

« Mais il (De gaulle) avait besoin de hauts fonctionnaires aguerris alors que les Américains menaçaient d’installer leur propre administration (l’AMGOT). »
Il suffit de changer les noms et on retrouve : « Mais il (Pétain) avait besoin de hauts fonctionnaires aguerris alors que les Nazis menaçaient d’installer leur propre administration (la gestapo). »

Cela n’est vraiment pas une bonne raison, il y a autre chose.
Cela nous renvoi aussi à la célèbre phrase de ce cher Raymond Barre lorsque qu’un journaliste l’interroge sur son ami Papon :
Raymond Barre était invité dans l’émission "Le rendez-vous des politiques" enregistrée le 20 février 2007 et diffusée en Mars. Après les questions sur son arrivée au gouvernement, la campagne électorale en cours, il a été interrogé sur Maurice Papon, qui fut son ministre du budget de 1978 à 1981. A la question de savoir si Maurice Papon aurait dû démissionner de ses fonctions à la préfecture de la Gironde, Raymond Barre répond : "Quand on a des responsabilités essentielles dans un département, une région ou à plus forte raison dans le pays, on ne démissionne pas. On démissionne lorsqu’il s’agit vraiment d’un intérêt national majeur. (...) Ce n’était pas le cas car il fallait faire fonctionner la France.".

Et dans la biographie de Stéphane Hessel, il est bien écrit que 80% des fonctionnaires de Vichy sont restés en poste après la libération. Il y a un grave problème de fond, d’hypocrisie qui fait que la lutte de Slitinsky continue, il n’y a pas que Papon, c’est la totalité qui contient Papon ; la colonne vertébrale de ce qui nous tiens tous c’est la justice et hier comme aujourd’hui « c’est la fonction qui fait l’organe » ; la fonction des haut-fonctionnaires et cadres de l’Etat, issus des mêmes origines sociales, issus des même écoles. Ceux qu’avait bien dénoncé Marc Bloch dans « l’étrange défaite » confirmé par Annie Lacroix-Riz dans le choix de la défaite ».

Ils se cooptent entre eux, et obéissent comme des soldats d’Etat qu’ils sont. En fonction de leur habileté, il savent faire du « double jeu » pour se préserver. Mais le problème est qu’ils sont soldats :

« Le crime capital, la responsabilité qui les englobe toutes, c’est le vœu d’obéissance absolue à la société, l’abdication de sa responsabilité. Les monstres d’Oradour n’étaient que des soldats tenus d’exécuter les ordres, ils n’étaient pas responsables. Mais là fut précisément leur culpabilité qu’ils partagent avec tous les hommes qui acceptent la discipline de l’Armée, dont le culte stupide et sanglant de la Nation. En devenant de purs instruments ils avaient commis leur crime par avance. Mais tout le monde n’a pas la malchance d’être envoyé à Oradour. » Bernard Charbonneau (je fus-essai sur la liberté)

Hannah Arendt avait aussi beaucoup disserté à ce sujet lors du procès d’Eichman, faut-il encore le rappeler ?

Et un autre en a parlé aussi en son temps : 
« Aujourd’hui ils sont intéressés à maintenir le système actuel de la répartition et de la division du travail ; ils font des lois pour obliger les hommes à se soumettre aux exigences de cette organisation. La cause fondamentale de l’esclavage est donc l’existence même de lois quelconques, l’existence d’une caste d’hommes qui a le pouvoir de faire des lois. » [...] p92, « leur faire comprendre que cette discipline, que les gouvernements prisent si fort, a pour condition le plus grand crime qui se puisse commettre contre l’humanité » [...] « La discipline, c’est la mort de la raison et de la liberté humaine. » [...] « Le seul but de la discipline est celui de mettre les hommes en état de tuer leurs frères et leurs pères. » [...] p95, « Tant que l’homme n’a pas compris ce que c’est qu’un gouvernement ou ce que c’est qu’une Église, il ne peut leur témoigner qu’un pieux dévouement. Tant qu’il se laisse guider par eux, il doit croire , pour satisfaire son amour propre , à leur grandeur et leur sainteté.
Mais dès qu’il s’est aperçu qu’il n’y a ni dans le gouvernement ni dans l’Église rien d’absolu et de sacré et que se sont là simplement inventions des méchants pour imposer au peuple, d’une manière déguisée, une façon de vivre qui soit utile à leurs intérêts, il est pris tout aussitôt d’un sentiment de dégoût pour ceux qui le trompaient indignement, et ce revirement est d’autant plus profond, que la fiction dont il découvre la vanité le guidait autrefois sur des questions plus graves. Les hommes connaîtront ce dégoût à l’endroit des gouvernements, quand ils auront compris le véritable sens de ces institutions.
Ils comprendront que s’ils participent à l’œuvre des gouvernements en donnant une somme d’argent qui représentera une part des produits de leur travail, ou en servant dans les armées ils ne feront pas en cela un acte indifférent, comme on le croit d’ordinaire, mais un acte coupable parce que, outre le préjudice qu’ils auront ainsi causé à leurs frères et à eux-mêmes, ils auront accepté de collaborer aux crimes que tous les gouvernements ne cessent de commettre et à la préparation des crimes futurs pour lesquels les gouvernements entretiennent des armées disciplinées. »
Tolstoï (L’esclavage moderne)
p15 « Les gouvernements comprenant eux-mêmes qu’ils sont inutiles et nuisibles, et sachant que personne ne croit à leurs sainteté se guident par le seul instinct de conservation, et profitant de tous les moyens qu’ils possèdent, sont toujours en garde contre tout ce qui peut, non seulement détruire mais ébranler leur pouvoir. Dans chaque gouvernement actuel, il y a une armée de fonctionnaires reliés par [...] téléphones etc, il y a des fabriques, des prisons avec toutes les nouvelles inventions : photo etc [...] il y a des explosifs, des canons [...] et aussitôt que parait quelque chose de nouveau, immédiatement ils l’adaptent à leur système de sauvegarde. »
[...]
p17« Pourquoi donc eux, ces soldats , marchent-ils contre eux-mêmes ? Ils le font parce qu’ils ne peuvent agir autrement, parce que grâce à un passé long , compliqué d’éducation et d’enseignement religieux et d’hypnotisme ils sont amenés en un tel état qu’ils ne peuvent raisonner et ne peuvent qu’obéir. Le gouvernement avec l’argent pris au peuple, achète des fonctionnaires de toutes sortes qui doivent recruter des soldats, et ensuite des chefs militaires qui doivent les instruire, c’est à dire les priver de toute conscience humaine. »
Tolstoï (où est l’issue ?)

Des préfets qui étouffent les enquêtes épidémiologiques autour des sites nucléaire, des préfets qui "dégagent" des habitations des jeunes à la Zad ou des Rom ailleurs se justifiant d’obéir aux lois on en voit tous les jours. Des soldats, que des soldats qui obéissent en Algérie, en Libye, en Irak en Afghanistan etc.
Le problème serait donc cela : le soldat. Et le plus grave est le soldat qui obéit. Et l’encore plus grave est le gouvernement.

Sacré Tolstoï, même plus d’un siècle après, on ne naît pas anarchiste, on le devient.

Il y a tellement à dire et à écrire que le moyen le plus simple reste de faire passer le message par le langage du rythme, on sait que tout est vibration, électricité en nous et autour de nous. Cette nouvelle religion qu’est la science ne pourra jamais tout expliquer, le comment ni le pourquoi. Malgré toute son arrogance et son aveuglement, elle ne peut rien contre les mots qui sonnent l’alerte :

54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
Et on voudrai nous faire croire cela.

54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
Plus le mensonge est gros plus les gens y croient ?

54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
Non c’est plus compliqué que cela.

54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima..
Il faut le répété sans cesse le marteler, n’est-ce pas.

54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
cela a fait les fortunes des Badinter et Seguéla.

54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
C’est là où on rejoint la lutte des Slitinski contre les papon de l’AIEA.

54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
contre 70 millions de victimes de la radioactivité depuis Hiroshima.

54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
70 millions, c’est bien ce qu’avait dénoncé le Dr Rosalie Bertell du Canada.

54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
contre 900 000 victimes de Tchernobyl selon le rapport du NYAS.

54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
900000, c’est bien ce qu’avaient dénoncé les Pr Yablokov, Nesterenko, Goncharova, Bandajevskaïa et cetera.

54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
On nous prépare aussi à cela en France avec le CODIRPA.

54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
Demain aucun à Tricastin selon les Tubiana et la clique du CEA.

54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
alors qu’on nous a inculqué que l’horreur absolue était l’holocauste avec 6 millions dans des conditions effroyables. On vous parle de 70 millions et personne ne lève le petit doigt.

54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
C’est le 8 Mai 1945 que la barbarie s’est arrêtée et c’est le 6 Août 1945 qu’elle a repris le pas.

54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
les budgets militaires et leurs soldats.

54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
pourront facilement imposer cela.

54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima
Mais voyez- vous, tant que nous serons vivants et devant ça.

54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
le techno-fascisme ne passera pas.

Les conséquences de la contamination interne de la radioactivité ont été étouffé depuis Hiroshima.
Pour protéger l’industrie et l’armée.
Alors que ce ne sont plus les mêmes membres des gouvernements et autres responsables depuis 1945 ou même depuis 1986, ils pourraient s’en laver les mains, après tout, les premiers responsables sont déjà morts mais ils perpétuent le mensonge ; c’est bien « la fonction qui fait l’organe ».

La-bas les gens luttent aussi contre cette trahison :
http://www.criirad.org/actualites/dossier2012/fukushima/5dec2012.html
La CRIIrad et son équivalent au Japon CRMS ont besoin de don.
L’institut Belrad qui soigne et les enfants de Tchernobyl Belarus ont besoin de don.
http://enfants-tchernobyl-belarus.org

MP3 - 18.9 Mo
Pas d’école aujourd’hui, ni demain, ni jamais
Quentin, 13 ans, a choisi de ne plus aller à l’école. Sa mère le soutient. Pas son père, qui du coup demande à récupérer la garde du p’tit.
A l’occasion du procès qui doit décider de cette « affaire familiale », une poignée de personnes qui croient à la légitimité des mineur-es à décider de leur vie se sont donné rendez-vous devant le palais de justice de Valence pour soutenir Quentin et sa mère.
Quentin, Marie, Laura et Nicolas nous parlent d’une vie sans école...
10 minutes - 18,8 Mo - mp3 256 kbps
diffusé dans le Canut infos du vendredi 15 mars 2013.
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P.-S.

Dans l’Esprit de Révolte, Kropotkine s’interroge sur le moyen de faire passer un peuple d’une situation d’indignation générale à celle d’une insurrection. En effet, même si le recul historique donne le sentiment d’un soulèvement déterminé à partir de causes évidentes (pauvreté, rejet du système politique en place...), l’élan général est déclenché par un acte solitaire et incertain. Il nomme leurs auteurs les Sentinelles perdues :
« Au milieu des plaintes, des causeries, des discussions théoriques, un acte de révolte, individuel ou collectif, se produit, résumant les aspirations dominantes. »

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