Alain Badiou et Marcel Gauchet sont deux abominables pour les tenants de la pensée correcte serait-elle radicale. Ainsi tombent les sentences : le premier est proscrit pour stalinisme et maoïsme, le deuxième relégué comme ultraconservateur et réactionnaire. Un livre les fait débattre : Que faire ? Dialogue sur le communisme, le capitalisme et l’avenir de la démocratie. Sa lecture engendre un doute sur les condamnations prononcées.

Leur égal rejet du néolibéralisme ne cache pas la ligne de front qui les sépare. Gauchet souhaite un réformisme ambitieux qui articule la démocratie et le capitalisme. Badiou, s’appuyant sur l’histoire d’une Révolution culturelle, réelle ou imaginée, milite pour régénérer l’hypothèse communiste ; il élabore un programme en sept points qui proclame la fin du parti mais reste incertain sur l’organisation, qui n’exclut pas la prise du pouvoir pour faire dégénérer l’État tout en constatant une nécessaire convergence des «  tendances anarchistes  » et des «  tendances organisatrices ».