Nuit du jeudi 15 à vendredi 16
Entre 1h et 2h du matin, après le braquage du casino d’Uriage (isère) course-poursuite entre Karim BOUDOUDA, son pote, et la BAC, fusillade. Karim reçoit une balle dans le pied puis une autre mortelle dans la tête. Mort, il est laissé sur le trottoir dans son sang pendant plusieurs heures, le SAMU ne viendra pas.
Le quartier est bouclé par la police, un hélico survole la zone à la recherche du pote enfuit.
Perquisition au matin chez le frère et la mère de Karim n’apportant rien à charge pour la police.

Nuit du vendredi 16 au samedi 17 :
« La nuit du 16 juillet, quelques heures avant que les voitures ne
brûlent, on sentait bien qu’il allait se passer quelque chose, on voyait les jeunes encapuchonnés bavarder entre eux » (un médiateur de nuit à Villeneuve).
Début : une trentaine de personnes cagoulées munies de barres en fer et de battes de baseball mettent le feu à des broussailles prêt d’un tram, le stoppe, font descendre les gens et l’attaque. La police intervient, le tram repart. La police est attaquée par divers projectiles, bouteilles en verre, cailloux, pots de peinture etc... Pendant environ 3h. Vers 2h30 durant l’émeute, au sein d’un groupe d’une quarantaine de personne une personne tire sur la police qui réplique à 5 reprises.
Une soixantaine de voitures sont cramées cette nuit, des engins de chantier ainsi que deux commerces. D’autres tirs à balles réelles ont visé la police.
La police a reçu l’aide d’une vingtaine de gendarmes ainsi que d’un hélicoptère de la gendarmerie de Bron (Lyon) muni d’un projecteur et d’une caméra thermique enregistrant les images.
7 arrestations.

Samedi 17 :
Visite de Brice Hortefeux à Grenoble et à la Villeneuve. "Nous allons réagir vite. Quand je dis vite, c’est-à-dire tout de suite, c’est ainsi que nous allons rétablir l’ordre public et l’autorité de l’Etat". Il ordonne la mobilisation de 250 hommes supplémentaires, du RAID et du GIPN "maintenant et pour tout le temps nécessaire pour que le calme soit revenu".
"Il y a une réalité simple et claire dans ce pays : les voyous et les délinquants n’ont pas d’avenir car la puissance publique finit toujours par l’emporter" ; ordonnant également la venue du fisc pour « frapper au portefeuille les délinquants ».

Nuit du samedi 17 au dimanche 18 :
300 policiers déployés. De nouveaux tirs à balles réelles sur les flics pendant la nuit (des impacts sur un véhicule de CRS). Les policiers disent avoir riposté à 5 reprises.
Le RAID et le GIPN traquent le tireur qui parvient à s’enfuir.
Une quinzaines de véhicules incendiés.
7 arrestations pour « port d’armes illégal » ou « détention d’objets pouvant
servir de projectiles ».
Les déplacements en voiture sur l’artère où se sont produits les plus
gros affrontements de la nuit précédente sont interdits. L’état d’exception est installé.

Dimanche 18 :
Interpellations au matin de quatre personnes suspectées d’avoir tiré sur des policiers.
La famille récupère le corps : « Nous serons en deuil pendant plusieurs jours et il est hors de question pour nous qu’il se passe quoi que ce soit dans la cité. On respecte l’âme du défunt »

Nuit du dimanche 18 au lundi 19 :
Trois tirs sur une voiture de la (BAC). « Dès 22h35, on a repéré un individu qui portait une arme et qui nous a tiré dessus (...) et plus tard dans la nuit on a encore été victimes de deux tirs » « Il vise tout particulièrement le véhicule de la brigade anti-criminalité". « Cet individu se promène dans la cité et notre objectif c’est de l’interpeller. »

A St Egrève (Banlieue nord de Grenoble), début d’incendie à la gendarmerie suite à un lancer de cocktails Molotov. Un commerce et des poubelles ont aussi été incendiés à proximité de la mairie.

(Ce même jour, dans le Loir-et-Cher, une cinquantaine de personnes ont attaqué la gendarmerie de Saint-Aignan munis de haches et des barres de fer pour protester contre la mort d’un des leurs, tué par un gendarme dans la nuit de vendredi à samedi.
Le soir, quelques kilomètres plus loin, six voitures ont brûlé dans les villages d’Onzain et Mehers. Une vitrine a été défoncée à la voiture bélier à Chemery et les salles de deux mairies à Couddes et Thésée la Romaine ont été incendiées.)

Lundi 19 :
Dans la banlieue de Grenoble, un jeune de 17 ans surpris dans la nuit de vendredi à samedi en train de mettre le feu dans un garage automobile du quartier est placé sous contrôle judiciaire. Le parquet, qui avait requis son placement sous mandat de dépôt, a fait appel de cette décision.
Procès de 3 jeunes de 20 ans arrêtés la nuit de vendredi pour tentative de vol dans un magasin à quelques kilomètres de la Villeneuve et placés jusque là en préventive. Le proc, liant cette affaire aux émeutes demande jusqu’à deux ans ferme. Le juge leur met de 6 mois de sursis à 6 mois ferme.

Nuit de lundi 19 à mardi 20 :
La police patrouille dans les parties communes et coursives.
4 voitures brulées.
Début d’incendie sur l’annexe de la mairie de la Villeneuve.

Mardi 20 :
Procès de 2 jeunes en comparution immédiate, arrêtés dimanche lors d’une perquisition chez eux durant laquelle la police a trouvé 1,5kilo de cannabis. Le procès est reporté en octobre.

Mercredi 21 :
Nicolas Sarkozy déclare vouloir mener « une véritable guerre » aux trafiquants et aux délinquants. « L’autorité de la loi doit être respectée sur l’ensemble du territoire national ». Il décide aussi de faire sauter le préfet de l’Isère et de le remplacer par un ancien directeur de la sécurité publique à Paris.

Jeudi 22 :
Obsèques de Karim suivies par plusieurs centaines de personnes.

Vendredi 23 :
Première condamnation pour l’exemple. Un habitant de la Villeneuve de 19 ans se ramasse 3 mois de prison ferme pour « jets de pierre ».

Nuit de samedi 24 à dimanche 25 :
A Crolles (banlieue de Grenoble), des poubelles et des voitures sont incendiées tout au long de la nuit. Le feu s’est propagé à la toiture d’une maison et aux stores d’un bâtiment communal.
En trois nuits, les sapeurs-pompiers seraient intervenus pour 17 débuts d’incendie sur la commune.

Nuit de dimanche 25 à lundi 26
A la Villeneuve, 2H du matin, une voiture volée en flammes est projetée contre un local de la mairie. Le feu a été rapidement maîtrisé mais les dégâts sont importants.
A Grenoble, 3H du matin, une trentaine de véhicules partent en fumée sur un parking près de la gare SNCF. Les policiers avaient pourtant reçu l’ordre de ne plus communiquer sur les « violences urbaines », aux dires d’un flic cité dans le daubé.
(A l’aube, un véhicule de gendarmerie a été brûlé dans l’enceinte de la brigade de Breuillet (Essonne 91). Certains font même le parallèle avec l’attaque de la gendarmerie de Saint-Aignan, dans le Loir-et-Cher, la semaine dernière. « Cela n’a rien à voir, mais c’est tout de même inquiétant », glisse un gendarme.)

Lundi 26 :
Perquisition dans un bar de Villeneuve et découverte de plusieurs armes.
Brice Hortefeux annonce que des mesures ont été prises pour protéger les 3 policiers impliqués dans le meurtre de Karim qui auraient un « contrat » sur la tête. Ses amis auraient jurés de le venger en tuant un flic de la BAC.
Une vingtaine d’autres bacqueux ont été priés « d’aller se reposer en familles » (sur les 30 que comptent Grenoble). Renfort de Lyon, Marseille et St-Etienne. Quelques écoutes téléphoniques et tuyaux d’indics se transforment en information judiciaire ouverte par la Police Judiciaire de Lyon pour « association de malfaiteurs en vue de commettre un crime en bande organisée ».

Mercerdi 28 :
Le patron du bar perquisitionné a été mis en examen et placé en détention provisoire.