Contre le colonialisme, le capitalisme... et les religions !

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Comment expliquer la faible mobilisation du samedi 25 février 2006 à Lyon mais aussi dans toute la France pour les actions demandant l’abrogation de toute la loi du 23 février 2005 « portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés » ? [1]

- À Lyon, seule une cinquantaine de personnes ont participé à la manifestation de la place des Terreaux jusqu’à la rue Bugeaud qui fut symboliquement débaptisée pour se retrouver très brièvement dénommée rue Abdel Kader el Djazairi. (Voir photos en port-folio).

- Il faut dire que face à l’émotion suscitée en France et dans le monde par l’article 4 de la loi [2], Chirac avait déminé le terrain en déclassant cet article le 25 janvier 2006 pour tenter de faire oublier d’une part que la droite avait voté cette loi, d’autre part que l’Assemblée nationale avait refusé de l’abroger le 29 novembre 2005, et enfin qu’elle avait lâchement abandonné les harkis alors que le moins qu’on puisse dire, c’est quand même que la France les avait entraînés du mauvais côté dans une guerre injuste, tout comme la métropole a fort mal accueilli les "pieds-noirs", longtemps traités avec un ostracisme manichéen non avoué...

Chirac était d’ailleurs aidé par la gôche institutionnelle qui, elle, d’une part n’est pas très fière d’avoir laissé passer sans tiquer la loi en février 2005, et d’autre part n’a pas tellement envie qu’on lui rappelle son passé colonial du XIXéme siècle jusqu’à l’indépendance de l’Algérie et des autres colonies.

- Enfin, pour expliquer le peu de mobilisation, il faut regretter le télescopage avec la mobilisation des ultras de la religion musulmane du Parti des musulmans de France (épaulés en cela par les bigots juifs et chrétiens), qui le même jour ont rassemblé environ 300 personnes pour hurler contre les caricatures de leur "prophète" et réclamer une loi contre l’islamophobie, ainsi qu’avec la manifestation du 26 après l’assassinat crapuleux le 13 février 2006 d’Ilan Halimi à Paris, pour lequel les motivations antisémites sont mises en exergue de façon douteuse sous le coup de l’émotion avant que l’enquête n’éclaircisse tous les tenants et aboutissants de l’affaire...

- Reste au total qu’il faut s’interroger :

  1. sur le processus et la démarche idéologique qui ont conduit au vote d’une telle loi visant, sous le couvert de la réparation des injustices faites aux harkis, à l’écriture d’une histoire officielle au service d’orientations politiques ;
  2. sur les traces que laissent cette affaire chez les Français immigrés, d’origine immigrée, ou tout simplement de "souche", alors même qu’on voit bien depuis vingt ans les dérives communautaristes et les processus de ghettoïsation dans la société capitaliste "néolibérale avancée" qui atomise la société ;
  3. sur le retour en force des idées religieuses les plus obscurantistes ;
  4. mais aussi sur comment ces 2 affaires apparemment sans rapport servent de leurres tandis qu’au pouvoir, on continue à brader à l’encan les biens de la collectivité au profit du privé et de quelques un-es, dans un contexte de régression sociale sans équivalent depuis celle de la contre-réforme allant de la fin du Front populaire de 1936 à 1944.

Oui, il faut dire et redire que le colonialisme fut une horreur !

Oui, il faut encore se battre pour continuer à pouvoir dire :

« À bas la soutane, la calotte, la kippah, la burkha et autre tchador » !

Oui, le capitalisme conduit à la barbarie !

Ferker

P.-S.

Voir aussi sur Rebellyon les articles sur le sujet dans la catégorie Discriminations.

Notes

[1Sur Rebellyon, dès le 3 mars 2005 Abdellali se faisait l’écho de l’inquiétude et de l’indignation des meilleurs historiens et nous rappelait que dès 2003 des associations comme Ici & Là-Bas demandaient le retrait de ce qui n’était alors qu’une proposition de loi.

[2Article 4 de la loi n° 2005-158 du 23 février 2005 :
« _ Les programmes de recherche universitaire accordent à l’histoire de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, la place qu’elle mérite.

Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit.

La coopération permettant la mise en relation des sources orales et écrites disponibles en France et à l’étranger est encouragée. »

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