Coup de massue à venir sur l’indemnisation du chômage !

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An 05 : la réforme de l’indemnisation du chômage suit son cours...

Mercredi 29 juin, les partenaires (a)sociaux, qui gèrent l’UNÉDIC (indemnisation-chômage), n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur la traditionnelle revalorisation au 1er juillet des allocations-chômage : le patronat a bloqué le processus, suivi de près par la CFTC et la CFDT...

Petit retour en arrière

En juillet 2001, la mise en place du PARE [1] avait permis une pseudo-contractualisation liant les chômeur-se-s et leur ASSÉDIC. Le montant des allocations n’était plus dégressif (les « mêmes » - CDFT et patronat - l’avaient mise en place en 1992 !), l’accès à la formation via l’AFR [2] était supprimée, les cotisations sociales étaient baissées (ce qui est un comble en période de chômage de haut niveau !)...

Rapidement, l’UNÉDIC s’est retrouvée en difficultés financières (quelle surprise !) et fin 2002, les partenaires (a)sociaux prirent la décision (en une nuit !) de recalculer tout ce « bas monde » en étirant les périodes de cotisations pour ouvrir droit à indemnisation et en réduisant les durées d’indemnisation : mesure valable également pour les personnes étant en cours d’indemnisation...

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Tollé du côté des associations de lutte contre le chômage (AC ! [3], APEIS [4] et MNCP [5]) : elle déposent un recours au Conseil d’État et obtiennent gain de cause un an plus tard : les devenus célèbres « recalculé-e-s » ! Contrairement à ce qu’affirme la CGT et le ministre Borloo (chargé de la précarisation de nos vies), ce n’est pas le procès des recalculé-e-s de Marseille en avril 2004 ni la décision du ministre de réintégrer le « bas monde » qui a permis d’annuler la décision des partenaires (a)sociaux mais la décision du Conseil d’État (dossier du réseau d’AC !, recours juridique).

Après cet énième épisode de guérilla juridique, l’UNÉDIC a été contrainte de verser plus d’un milliard et demi d’€uros à plus d’un million de personnes « recalculées », un record ! Pour cela, l’État a du soutenir financièrement l’UNÉDIC.

A présent...

Le déficit cumulé de cette institution dite paritaire devrait atteindre 15 milliards d’€uros en 2005. C’est l’excuse du jour pour ne pas revaloriser les allocations.

Les partenaires (a)sociaux ont assuré une gestion calamiteuse des cotisations sociales des salarié-e-s et cela en toute conscience de cause. L’organisation délibérée du déficit n’est pas une nouveauté : la Sécurité Sociale, les caisses de retraites... Aujourd’hui cela justifiera, de nouveau, de taper sur les chômeur-se-s : renforcement des contrôles de recherches d’emploi par exemple.

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À la rentrée 2005, de nouvelles négociations sur l’indemnisation du chômage doivent débuter, on ne doute pas que le patronat et sa plus fidèle alliée, la CFDT, auront à coeur de démanteler ce système « solidaire », tout du moins ce qu’il en reste (tout juste 40 % des chômeur-se-s indemnisé-e-s par l’ASSÉDIC !).

Ce qu’il faut également savoir : plusieurs milliers d’emploi d’encadrants sociaux de l’ANPE sont financés par nos chères cotisations sociales, des mesures d’aides à l’embauche sont financées... devinez par quoi ? Aides versées à qui ? Devinez.

C’est un véritable hold-up qui a été organisé pour que le patronat et ses plus fidèles relais (ANPE en tête) se redistribuent l’argent prélévé (cotisations) sur la richesse produite... et devinez par qui ces richesses sont produites ? Perdu ! Ce ne sont pas les patron-ne-s mais bel et bien les salarié-e-s qui les produisent.

Aujourd’hui l’UNÉDIC finance également avec nos cotisations sociales des multinationales comme ADECCO, INGÉUS (...) pour « placer » les chômeur-se-s...

Certain-e-s diront que le système d’indemnisation du chômage dans l’hexagone n’est plus pertinent (au vu de son déficit), qu’il faut aller voir ailleurs comment ça se passe... et pourtant cette faillite financière de l’UNÉDIC a été savammant organisée et en toute connaissance de cause... cause des patrons, bien sur !

De moins en moins de la richesse produite est reversée aux caisses de solidarité collective contre les risques de la vie (maladie, retraites, « famille », chômage...). Depuis le front populaire et la fin de la deuxième guerre mondiale, on a jamais assister à autant de réformes sociales... mais pas dans un esprit de solidarité !

... et à l’avenir

Les salarié-e-s se sont senti-e-s peu concerné-e-s par les réformes successives de l’indemnisation du chômage contrairement à d’autres réformes (les retraites par exemple), c’est à déplorer mais pas irréversible ; les associations de lutte contre le chômage peinent à mobiliser les chômeur-se-s depuis le grand mouvement de l’hiver 1997-98, ce n’est pas non plus irréversible.

Il faut bien comprendre que l’indemnisation du chômage sous ses différentes formes (UNÉDIC et RMI en principal) sont des outils autant de coercition [6] sociale que de précarisation de nos conditions de vie, et cela tant que le salariat existera ou qu’on l’acceptera...

À chacun-e de prendre sa part... à la lutte !!!

Celui ou celle qui se bat peut perdre mais celui ou celle qui ne se bat pas a tout perdu !

P.-S.

Premier dessin de Stoon et Rezk de Bdactu.

Notes

[1Plan d’Aide au Retour à l’Emploi.

[2Allocation Formation Reclassement.

[3AC ! : Agir ensemble contre le Chômage.

[4APEIS :Association Pour l’Emploi, l’Information et la Solidarité.

[5MNCP : Mouvement National des Chômeurs et Précaires.

[6Coercition dans Wikipédia.

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