Crise humanitaire à Lyon suite à l’éviction de trois camps Roms

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La police vide trois camps Roms, laissant 300 personnes dans la nécessité et le froid.

L’histoire commence Vendredi pendant la nuit. Par décision préfectorale, trois camps illicites de Roms sont évacués par la police.

Histoire banale en France, même les Roms n’en sont plus surpris. On essaie de sauver quelques possessions avant l’arrivée des bulldozers, on regroupe la famille et on part sur les routes, direction... l’inconnu souvent. Les autorités elles-même n’en savent rien. On ne pose pas de question et on met les voiles. Hommes, femmes (enceinte de 8 mois dans un cas), enfants, malades, anciens... Tout doit disparaitre. Et il vaut mieux ne rien avoir oublié car, une fois sortis, les policiers s’assurent que personne ne rebrousse chemin. Quand à emporter la caravane... il ne faut pas y compter, faute de véhicule.
Les familles déplacées se sont donc éparpillées, certaines s’arrêtant sur un autre terrain inoccupé, le temps de poser les valises et souffler quelques heures avant de se faire expulser à nouveau.

Cet épuisant jeu de chats et de souris a duré jusqu’au lendemain, jusqu’à ce que les policiers enfin ordonnent aux expulsés de se rendre dans les locaux d’une usine désaffectée, où squattent déjà 10 familles d’expulsés.

Il s’agit d’une opération-nettoyage d’envergure cette fois, trois camps illicite furent démantelés dans la même nuit. La plupart des familles de ces camps se retrouvent donc concentrées au même endroit. Un total de 350 personnes. J’insiste sur le mot « personne ». À voir « les Roms » si souvent décrits par opposition aux humains normaux, on risque d’oublier qu’il s’agit bien de la même espèce.

Les dix familles présentes précédemment avaient élu domicile dans les anciens bureaux de l’usine. Et ils sont pleins à craquer. Les 200 à 300 nouveaux arrivants, à bout de souffle, n’ont que le hangar, qui servait précédemment au stockage de débris de ferraille et béton, et de garage / atelier de mécanique aux familles arrivées avant. Mais les Roms ont l’habitude apparemment. Après une nuit entière et une matinée de harcèlement policier, l’arrivée dans un lieu d’où il ne seront pas expulsés aussitôt est sujet à réjouissances.

Tout le monde s’active pour rendre l’inhabitable moins inhabitable. Malgré l’épuisement, les hommes déplacent les lourds débris, Les femmes vont chercher des branches pour balayer le sol. Un sol humide qui bientôt se retrouve couvert de palettes qui permettent enfin de s’assoir au sec. Il faut se dépêcher, le jour baisse et il n’y aura pas de lumière la nuit, faute d’électricité.

Pas d’électricité, pas d’eau courante, pas de chauffage non plus. Le hangar est peu isolé, les températures tombent en dessous de 10°C la nuit, et les couvertures sont rares. Elles sont souvent restées au camp, où les bulldozers s’activent en ce moment même à raser constructions, caravanes et ce qu’elles contiennent.
Le matin se lève sur une petite foule d’expulsés transis, dans un hangar sentant le cambouis, et au milieu duquel un petit étang s’est formé suite aux pluies de la nuit qui ont filtré à travers le toit. Et telle est la situation.

Celle-ci s’aggrave. Les couches pour bébés ne faisaient pas partie du paquetage de survie et on change les bébés avec le linge qu’on trouve. Il y a de moins en moins de quoi s’habiller. Et le week-end dernier, la température à bien baissé.

Quelques habitants de Vaulx-en-Velin se sont substitué à l’indifférence des autorités et des associations, probablement débordées par les besoins des populations déplacées par les forces de l’ordre. Marie Higelin parraine une famille de Roms depuis un an. Elle a rejoint « sa » famille pendant leur exode et a assisté à leur emménagement dans le hangar. Comprenant l’urgence humanitaire que vient de créer l’arrêté préfectoral, elle entreprend de contacter... la préfecture afin de savoir quelles sont leurs intentions. Il lui est évident que cet emplacement ne peut être que provisoire. L’hiver serait une hécatombe. On lui répond de s’occuper de ses oignons. Pas plus de chance avec les mairies concernées. Alors elle se tourne vers les citoyens.

De bouche à oreille, elle parvient à collecter quelques produits de première nécessité, et de la nourriture pour les plus petits, achetés par des amis concernés par la situation. Mais ils s’agit de plus de 200 personnes et les besoins sont trop grands.

Je m’étendrai sur les raisons sous-jacentes à cet apparent acharnement envers les Roms. Mais cela devra faire l’objet d’un autre article. Pour l’heure, c’est l’urgence humanitaire qui prime.

Cet article est un appel au soulèvement solidaire. Il leur faut des produits de première nécessité MAINTENANT ! Couvertures, produits de premiers soins, couches pour bébé, jerrycans d’eau, vêtement chaud, chaussures. Taille enfant notamment. Mais aussi des livres pour les enfants. Du papier des stylos, des feutres, des crayons de couleur... Et à manger.

De tous les vêtements que vous possédez, il doit bien y en avoir que vous n’utilisez plus. Raclez le fond de vos armoires ! Peut-être votre enfant a-t-il laissé des chaussures ou habits trop petits pour lui que vous n’avez pas réussi à redonner, on en manque cruellement ! Et peut-être même pouvez vous parler à votre épicier afin qu’il vous réserve les invendus ? Peut-être pouvez vous afficher sur la porte de votre immeuble que vous récupérez volontiers les articles précédents pour une bonne cause ?

Et envoyez nous un email : sitarane(arobase)gmail.com . Si vous ne pouvez pas passer déposer, on vous enverra un volontaire.

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  • Le 20 septembre 2011 à 22:35, par sitarane

    Tout à fait d’accord, si la distribution de Jeudi porte ses fruits (= si on arrive a avoir du matos et des volontaire d’ici mercredi soir), je compte écrire un second article laissant le coté « urgence humanitaire » de coté, et faisant l’analyse sociale et politique de cette crise locale.

    Pour amener des articles et/ou vous porter volontaire pour la distribution, écrivez à l’adresse annoncée en bas de l’article ou passez au cercle d’organisation Place Anthonin Poncet Mercredi à partir de 19h

  • Le 20 septembre 2011 à 10:52, par resist

    Tout à fait d’accord avec l’aide humanitaire à apporter dans l’urgence mais ,à mon avis CELA NE SUFFIT PAS !!Ne faudrait il pas que les orgas politiques,humanitaires,syndicales etc...appellent à la mobilisation pour dénoncer CE SCANDALE HUMAIN....C’est vrai ,certains diront :’il y a plein de choses à faire en ce moment etc....’ Mais là a mon avis,IL Y A URGENCE (vitale ?)

  • Le 20 septembre 2011 à 06:10, par sitarane

    C’est bien le bon mail, mais bon je reçois aussi les commentaires à cet article :)

    Les indignés lyonnais concentrent la collecte. Il y aura un cercle d’organisation Mercredi à partir de 19h place Anthonin Poncet. La distribution aura lieu le lendemain.

    Si vous ne pouvez pas venir déposer, merci de le mentionner, on fera l’impossible pour que quelqu’un passe.

    On cherche des volontaires pour la distribution d’ailleurs...

  • Le 19 septembre 2011 à 22:58, par so dia

    Bonjour,

    le mail que vous avez donné ne parait pas être le bon, il me revient en erreur...
    Avez vous un autre contact à qui s’adresser pour déposer tout ça ?

    Merciii

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