Ce mois d’août à Lyon, des dizaines de personnes remises à la rue par le préfet

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En mars 2016, lors de sa venue à Lyon, Emmanuelle Cosse annonçait « l’objectif est de ne laisser aucune personne sans solution. (…) » à la fin de l’hiver. « La gestion au thermomètre est finie ».

Pourtant, ce mois d’août, à Lyon, dans la plus grande discrétion et à l’encontre des engagements de la ministre, ce seront plus de 70 personnes hébergées dans des structures d’hébergement qui seront remise à la rue, en silence, sans un mot, sans se battre. Elles retrouveront le bitume, la vie à la rue, résignées.

Nous, professionnels de l’urgence sociale avons rencontré plusieurs des familles concernées. Elles ont reçu la semaine passée une lettre de la préfecture leur annonçant qu’elles devaient quitter l’hôtel (certaines dès ce mercredi 10 août) dans lequel elles étaient hébergées depuis l’hiver car « leur situation ne fait pas apparaître de critère de vulnérabilité de nature à justifier le prolongement de la prise en charge ».

Depuis quand doit-on être labellisé « vulnérable » lorsque la loi stipule que « toute personne accueillie dans une structure d’hébergement d’urgence doit pouvoir (…) y demeurer, dès lors qu’elle le souhaite, jusqu’à ce qu’une orientation lui soit proposée. » [1] ?
En toute illégalité, le préfet du Rhône a décidé de profiter des périodes de vacances pour déroger aux annonces de la Ministre et bafouer ostensiblement la loi.

Cette décision fait honte à la République puisqu’elle repose sur le pari que les personnes ne seront pas en mesure de faire valoir leurs droits, faute d’avocats, de professionnels… de personnes à même de les soutenir dans les démarches à entreprendre. Est-ce cela, l’Etat de droit ? Remettre à la rue des enfants comptant sur le fait que leurs parents ne sauront pas trouver de l’aide dans les dispositifs à activer ? Est-ce cela l’Etat de droit ? S’arroger le droit discrétionnaire de déclarer certains enfants plus vulnérables que d’autres ? Est-ce cela l’Etat de droit ? Condamner des dizaines de personnes à la peur, l’incertitude, la dégradation physique et psychique alors qu’elles avaient commencé à se reconstruire ?

Nous, professionnels de l’urgence sociale, dénonçons avec force le fond et la forme de cette décision, indigne d’un représentant de l’Etat. Nous en appelons à la Ministre du Logement pour que le territoire du Rhône cesse d’être un territoire de non-droit. Les plus fragiles d’entre nous ne sauraient être les victimes silencieuses des basses manoeuvres du Préfet du Rhône.

Le collectif PUS

Notes

[1L. 345-2-3 CASF

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  • Le 10 août 2016 à 23:11, par juanpaolo

    et pendant ce temps ... combien d’immeubles qui restent vacants pendant des mois et des années alors qu’il suffirait que le Préfet ordonne de les réquisitionner et d’en confier la gestion temporaire à des associations attributaires ?

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