Egypte : faites vos jeux, rien ne va plus ?

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Si l’Égypte fait quotidiennement l’actualité des médias français en ce moment, aucun article d’analyse de qualité n’y a été publié à ma connaissance depuis des semaines.
Voilà donc une analyse du contexte actuel en Égypte, en reprenant point par point les principaux éléments diffusés dans la presse française.

Sur la situation politique en général

Pour moi, on reste jusqu’à maintenant dans la même configuration déclenchée le 25 janvier 2011, à savoir une sorte de jeu d’alliances et de ruptures tactiques entre 3 forces dont l’objectif est d’avoir le pouvoir pour déterminer le destin de l’Égypte. Ces 3 forces sont :
- les Frères musulmans (FM), leurs allié-es et soutiens ;
- les résidus (« felouls ») de l’Ancien Régime, notamment l’armée, la police et les notables (encore que l’État-major actuel de l’armée égyptienne n’est pas le même que sous Moubarak, celui-ci ayant été purgé par les FM lors d’un épisode précédent) ;
- les forces révolutionnaires, beaucoup moins structurées et plus divisées sur les objectifs à atteindre et les stratégies à mettre en place pour y arriver.
Depuis 3 ans, ce qui se joue en Égypte, ce sont des rapports de force fluctuant entre ces 3 groupes, marqués par différentes alliances et ruptures tactiques en fonction des moments. Ainsi, si les forces révolutionnaires ont pu s’allier dans un premier temps aux FM pour virer l’Ancien Régime, celui-ci a assez vite compris l’intérêt de s’unir aux mêmes FM pour étouffer le mouvement insurrectionnel qui risquait de s’étendre. À un autre moment, les forces révolutionnaires et de l’Ancien régime se sont coalisées pour se débarrasser des FM. Bien sûr, il ne s’agit ici que d’une schématisation générale, ces alliances et ruptures tactiques sont loin de faire consensus au sein de chaque camp. De même, les séparations entre chacun des ces camps sont tout sauf étanches.
En ce moment, c’est donc l’armée qui apparaît en position de force, face à des forces révolutionnaires fatiguées et divisées, et qui tente de profiter de son avantage pour éliminer définitivement un joueur, la force FM. Si elle y arrive, cela laissera face à face les 2 autres blocs : « Ancien Régime » contre « Forces révolutionnaires », ce qui promet encore de belles réjouissances à venir…
Je n’ai pas traité ici des mouvements salafistes, qui jouent pour moi pour le moment plus un rôle de variable d’ajustement au service de l’une ou l’autre force en fonction des stratégies en cours. À voir par contre, si les FM sont durablement écartés du jeu, la place que pourront y prendre les mouvements salafistes.

Sur un « retour à l’Ancien Régime »

Pour moi, on ne peut pas parler de la situation actuelle en Égypte comme d’un « retour » de « l’Ancien Régime », tout simplement parce qu’il n’y a jamais eu de départ effectif ! Si l’armée, la police et les felouls, ont pu paraître en difficulté à certains moments de la partie, i-elles ont toujours été présent-es, et ont toujours, au minimum, réussi à défendre leurs intérêts. Même sous la présidence de Morsi, le ministre de la Défense était un militaire (le général El-Sisi, actuellement pourfendeur des FM), et les intérêts de l’armée n’ont jamais été menacés. Ce sont d’ailleurs la force et l’influence des réseaux « felouls » qui ont grandement contribué, alliés aux forces révolutionnaires, à la chute de Morsi. Pour moi, on assiste donc juste à une étape de plus dans la partie entamée le 25 janvier 2011, qui est loin d’être terminée, et qui reste un contexte révolutionnaire.

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Sur la « guerre civile »

L’épouvantail de la « guerre civile » est agité depuis des mois par les analystes occidentaux-ales ainsi que quelques intellectuel-les arabes traumatisé-es (et à juste titre) par les expériences algérienne et syrienne, véhiculant par là l’idée que toutes les sociétés arabes fonctionnent pareil au final. Ces mêmes analystes vont alors s’attacher à décrire l’Égypte comme un pays « à feu et à sang », qui n’a « jamais été aussi divisé » (à chaque nouvel épisode, le pays n’en finit plus de se diviser à les croire !), prouvant par là même ce qu’i-elles avançaient. C’est pratique : on prédit une guerre civile, puis on invente des éléments d’une guerre civile, ce qui prouve qu’au final la prédiction était juste. Imparable. Et au passage, on entretient l’idée que décidément, les Arabes ne sont pas mûr-es pour la démocratie, et qu’il faut que l’Occident intervienne pour gérer la situation.
Mais ce n’est pas exactement ce qu’il se passe. L’Égypte n’est pas du tout « déchirée », ni « coupée en 2 », au contraire le peuple égyptien a rarement été aussi uni que lors de la chute de Morsi, qui a fait suite, rappelons-le, à ce qu’on a pu considérer comme la plus grosse manifestation de toute l’Histoire, en termes de ratio manifestant-es/habitant-es. La très grande majorité des Egyptien-nes ne veulent plus entendre parler des Frères musulmans, et a soutenu la destitution de Morsi et la répression des FM qui s’en est suivie. Les tentatives de faire dégénérer l’opposition aux FM en conflits interreligieux non jamais marché. Les partisans de Morsi ne sont qu’une poignée, qui diminue de jour en jour. Certes, ils et elles savent se rendre visibles, par des actions médiatiques, des manifestations, des blocages ou des attentats, que les médias occidentaux s’empressent de relayer, mais cela ressemble plus au chant du cygne d’un groupe en décomposition qu’à une lutte populaire. Rappelons aussi que, même au temps de leur grandeur, on estimait à peut-être 3 millions le nombre de Frères musulmans en Égypte, dans un pays de plus de 80 millions d’habitants, dont 30 sont descendu-es dans la rue le 30 juillet dernier.
Pour moi il y a donc très peu de risque que l’Égypte tombe dans un scénario de guerre civile, car ce qui se joue en ce moment n’est pas une lutte entre 2 fractions de la population, même si certains incidents violents éclatent régulièrement entre pro- et anti-Morsi, mais une guerre entre l’armée Égyptienne et les FM, qui ont perdu tout leur soutien populaire.

Sur le fait que le pays serait « à feu et à sang »

C’est la force des FM, largement relayés, et de manière difficilement compréhensible, par les médias occidentaux, de faire croire que les rares actions qu’ils mènent ont des conséquences sur tout le pays. En réalité, à part dans les quelques universités où ils sont encore actifs, et quand il y a des attentats ciblés, la vie quotidienne de la majorité de la population égyptienne n’est pas impactée. On assiste même plutôt, depuis la levée du couvre-feu en novembre, à une forme de « retour à la normale » plutôt apprécié sur place, même si marqué par un contexte sécuritaire très tendu, ce qui n’est pas vraiment une nouveauté en Égypte. On a plutôt l’impression d’assister à une sorte de pause dans le processus révolutionnaire, où on laisse l’armée et les FM se taper dessus pendant que la vie continue. Et la révolution aussi d’ailleurs, mais par d’autres moyens.

Sur la classification des FM comme « terroristes »

On est bien placé en France pour savoir ce qu’implique une législation antiterroriste en termes de restrictions des libertés et d’arbitraire policier. Et bien, il en est de même en Égypte, à la différence près que déjà à la base les libertés sont encore plus faibles et l’arbitraire policier encore plus large…
Concrètement, pour les FM, cela implique plusieurs choses. D’une part, en tant que groupe terroriste, toute personne membre des FM est désormais susceptible d’être arrêtée sans autre motif, ce qui facilite l’arrestation massive de FM, qui avait de toute façon déjà bien commencé (des centaines de FM sont emprisonnés depuis la chute de Morsi). Toutes les organisations liées aux FM (ONG, parti politique, médias, etc.) sont désormais interdites, et leurs avoirs peuvent être saisis par l’État égyptien. Ceci est très important, car la popularité et le succès des FM se sont construits sur tout un réseau d’institutions sociales (écoles, mosquées, hôpitaux, etc.) à travers tout le pays, qui devrait donc passer sous contrôle de l’État égyptien, qui n’en a pas les moyens. Ça permet également par exemple de censurer la chaîne de télévision par satellite Al-Jazeera, accusée d’accointance avec les FM.
Concrètement, cela justifie également le resserrement sécuritaire dans tout le pays, avec des contrôles militaires et policiers omniprésents, des patrouilles de police ostentatoires dans les centres-villes, qui font peser une ambiance assez particulière dans le pays, mais une fois encore, rien de bien nouveau pour les Egyptien-nes qui ont quand même vécu pendant 30 ans sous l’État d’urgence…
Pour ce qui est du bien-fondé du terme « terroriste » appliqué aux FM, la question est un peu plus complexe. Évidemment, toutes les personnes investies dans les FM ne sont pas des terroristes, et ne soutiennent pas forcément les actes terroristes. Mais les liens entre le régime de Morsi et de nombreux groupes terroristes de la région ont contribué à un amalgame entre ses groupes et les FM, qui ne peuvent donc s’en prendre qu’à eux-mêmes. Rappelons par exemple que c’est Morsi qui a exempté de peines de nombreuses personnes condamnées à des actes de terrorisme, il en a même nommées à des postes de responsabilité. Peu de temps avant sa mise à l’écart, il avait ainsi nommé gouverneur de Louxor l’un des membres de la Gamaa Islamiya, responsable d’un attentat contre des touristes en 1997… à Louxor ! De même, il est soupçonné d’avoir laissé s’installer et se développer dans le Sinaï de nombreux groupes terroristes, certains venus d’Irak ou de Syrie. Un membre important des FM avait d’ailleurs annoncé peu après la chute de Morsi que « les attentats terroristes dans le Sinaï ne s’arrêteraient qu’avec le retour de Morsi à la Présidence », ce qui est bien un aveu des liens entre ces groupes et la tête de la hiérarchie FMSi l’utilisation du terme « terroriste » pour caractériser un groupe est éminemment politique, en ce qu’elle implique comme conséquences en termes symbolique, mais également judiciaire, en Égypte le fait que les FM n’hésitent pas à utiliser des groupes et des actions terroristes pour arriver à leurs fins ne fait par contre plus débat.

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Graffitis de martyrs du mouvement révolutionnaire

Sur la « démocratie »

Rappelons tout d’abord que la « démocratie » n’a jamais été une revendication phare de la révolution égyptienne. Les 2 principaux slogans entendus depuis le 25 janvier 2011 étaient : « le peuple veut la chute du système » (revendication autrement plus radicale que : le Peuple veut la mise en place d’un régime démocratique bicaméral avec Président élu au suffrage universel), et « Pain, liberté, justice sociale » (ce qui ne précise pas un type d’organisation politique plutôt qu’un autre). La démocratie en tant que telle est effectivement assez rapidement apparue comme le régime politique le plus à même de représenter le régime postrévolutionnaire, faute de mieux, mais aussi, car toutes les forces en présence pensaient pouvoir en tirer bénéfice pour prendre le pouvoir. Si les Egyptien-nes ont conscience qu’un régime démocratique est toujours moins pire qu’une dictature, pour autant, ils et elles ont bien assimilé ses effets pervers, notamment la facilité d’accaparement de ce système par une certaine classe sociale.
On peut critiquer la mainmise que les FM ont essayé de prendre sur le régime égyptien, ou que l’armée maintient, mais dans ce cas, critiquons aussi le système français, où la classe dirigeante est constituée d’hommes et femmes politiques, hauts fonctionnaires et patrons de grandes entreprises, qui ont fait les mêmes écoles, fréquentent les mêmes cercles, sont interchangeables dans leurs différentes positions, et partagent globalement les mêmes intérêts et une idéologie commune.
Ce qu’il faut bien voir aussi, c’est qu’en quelques années, les Egyptien-nes, que l’on disait il n’y a encore pas si longtemps soumis-es et dépolitisé-es (et qui de fait n’avaient dans la grande majorité pas de formation politique), ont bénéficié depuis le déclenchement de la Révolution d’une formation politique accélérée. Aujourd’hui en Égypte, toutes les tendances politiques, des anarchistes aux salafistes, des trotskystes aux ultralibéraux, sont représentées, et l’on discute et l’on a accès aux expériences de Che Guevara, de la guérilla armée en Serbie, de Gandhi, des Black-blocks européens, etc. Cette formation accélérée a amené les Egyptien-nes à passer assez vite de l’euphorie du premier scrutin démocratique « libre » à une désaffection électorale massive, et leur a permis de tirer assez rapidement une conclusion à laquelle beaucoup d’Européen-nes, après 200 ans, ne sont toujours pas parvenu-es. Si la démocratie est effectivement le moins pire des régimes pour le moment, le véritable changement social ne viendra pas des urnes, ni des groupes qui essayent de parvenir au sommet du système, mais bien de la base.. Pour beaucoup ici, le combat pour le Pain, la Liberté et la Justice sociale continue, mais ne passe pas prioritairement par une lutte pour le contrôle des institutions d’État, mais par des actions au quotidien, et notamment des actions d’éducation et de lutte contre la pauvreté. Pour ça, on peut dire que le contexte égyptien est toujours un contexte révolutionnaire.

Les Europén-nes seraient des fois bien inspiré-es de prendre modèle sur ce qu’il se passe en Égypte, plutôt que d’essayer de calquer leurs grilles d’analyse biaisées sur des sociétés qui s’en passent très bien…

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  • Le 3 février 2014 à 23:02, par an-

    ben, chouchou, t’es trop fort.e toi, t’as lu 3 articles sur Internet et t’as l’impression de tout connaître, mieux que les gen.tes qui vivent sur place ? Si ça c’est pas typique de l’extrème-gauche occidentale, je sais pas ce qu’il te faut.
    Bon je vais pas prendre la peine de répondre vu l’incohérence ultime de tes « arguments », je ferai juste remarquer que ya pas un paragraphe qui soit pas contradictoire avec lui-même dans ce que tu dis. Apprends à réfléchir avant d’apprendre à écrire, ça te sera sûrement utile dans ta grande carrière de rebelle international.e.

  • Le 3 février 2014 à 16:53, par douille

    Pour quelqu’unE qui écrit que "Et au pas­sage, on entre­tient l’idée que déci­dé­ment, les Arabes ne sont pas mûr-es pour la démo­cra­tie, et qu’il faut que l’Occident inter­vienne pour gérer la situa­tion", tu te permettes plus loin de dire ça :

    "des patrouilles de police osten­ta­toi­res dans les cen­tres-villes, qui font peser une ambiance assez par­ti­cu­lière dans le pays, mais une fois encore, rien de bien nou­veau pour les Egyptien-nes qui ont quand même vécu pen­dant 30 ans sous l’État d’urgence"

    bref, le bâton, ils l’ont déjà goûté, un peu moins ou un peu plus...sachant qu’au delà des Ikhwan, ce sont tous les activistes qui continuent la révolution (même si non-supporters des Ikhwan) contre Sissi qui se voient quotidiennement dénoncés par leurs proches, les soutiens de Morsi qui se font canarder par centaine lors de leurs rassemblements, plusieurs journalistes (pas que d’al-Jazeera) se font censurer, battre ou arrêter dans l’indifférence internationale et que les étudiant-e-s se voient museler sévèrement !

    et sous le mandat de Morsi, où la violence politique contre les opposants (tortures, monopolisation du pouvoir, etc...) était également de mise, on assistait parallèlement à l’absence de la sécurité civile qui a conduit à de nombreux cas de "justice populaire" conduisant à des lynchages dans les campagnes ou dans les villes, face à des rumeurs de vol, viol, etc... que dire sinon des femmes harcelées et agressées sexuellement qui ne rentrent jamais dans les conditions de "victimes de violences politiques" eurk...

    quant à la reprise des termes "terroriste" dans la même acceptation qu’à bien voulu vous l’faire croire Georges Bush, c’est définitivement insupportable :
    "Mais les liens entre le régime de Morsi et de nom­breux grou­pes ter­ro­ris­tes de la région ont contri­bué à un amal­game entre ses grou­pes et les FM, qui ne peu­vent donc s’en pren­dre qu’à eux-mêmes."

    qu’on ne soit pas supporter des Ikhwan en vertu de leur morale ou action, soit.
    qu’on reprenne sans broncher les accusations infondées de Sissi lui-même ???

    car dire que Morsi est criminel ou dire qu’il est un terroriste n’a pas le même impact.
    car depuis Bush en particulier, qui est traité de "terroriste" peut être poursuivi hors de tout cadre juridique ou dans une justice d’apparat (procès de Saddam, exécutions sommaires de Ben Laden, Kadhafi, frappes de drone, etc...). le terroriste, plus que tout autre coupable, est seulement une bête noire qu’il faut exterminer. et Sissi l’a dit, il y’a 13 millions de terroristes (c’est le nombre de gens qui avaient voté pour lui) en Egypte. oui, ça peut légitimement faire craindre une guerre civile à l’image de l’Algérie des années 90 avec de pareils discours et ses multiples incitations au meurtre (obtenus) cet été. d’ailleurs, l’Egypte n’avait pas connu depuis longtemps une telle série d’attentats sanglants. et on sait que ça continuera puisqu’on radicalise aussi en excluant du pouvoir. même chose en Iraq en c’moment aussi avec le gouvernement Maliki. résultat : guerre civile. craindre n’est pas forcément annoncer, mais informer. parce que les médias mainstream eux s’en contrefoutent que les Egyptien-ne-s s’entretuent ou pas, ce dont ils parlent, c’est quand est-ce qu’on pourra retourner faire du tourisme.

    au-delà de l’Egypte, le terme de "terroriste" permet aussi ingénieusement de discréditer tout candidat non-soumis aux intérêts impérialistes et prêt à prendre les armes pour garantir sa souverainté. c’est le cas du Hamas qui malgré avoir été élu démocratiquement, par la faute de cette Europe ethnocentriste et pro-israélienne, a été placée sur la liste des orgas terroristes, donc non-légitimée pour parler sur la scène internationale du martyr des habitant-e-s de Gaza. c’est extrêmement dangereux de vouloir s’arroger, petit occidental, le droit de dire quel acteur, quelle modalité de résistance anti-impérialiste y compris armée sont plus légitimes que d’autres. même l’histoire française récente nous apprend que les Résistants furent bien traités de terroristes...

    il faut aussi se demander si par contre Mobutu ou Pinochet ont été traités de terroristes. bien sûr que non.

    on fait le jeu du néo-colonialisme en se permettant de dire quel résistant à l’impérialisme est légitime ou pas. c’est aux Egyptiens de décider. le fait est que c’est un chef d’armée par un coup d’Etat, affilié aux intérêts occidentaux (puisque c’est le retour des feloul) et garant des intérêts d’Israël (dans la persécution commencée sur les milieux palestiniens en Egypte) qui l’emporte. qu’on déteste Morsi, les Ikhwans, c’est une chose, qu’une destitution populaire soit légitime aussi, mais qu’une dictature militaire vole par un coup d’Etat le mérite de la Révolution et profitant aux intérêts impérialistes soit accueillie par le silence ou la relativisation de sa violence, c’est honteux.

    "Ce qu’il faut bien voir aussi, c’est qu’en quel­ques années, les Egyptien-nes, que l’on disait il n’y a encore pas si long­temps soumis-es et dépo­li­tisé-es (et qui de fait n’avaient dans la grande majo­rité pas de for­ma­tion poli­ti­que), ont béné­fi­cié depuis le déclen­che­ment de la Révolution d’une for­ma­tion poli­ti­que accé­lé­rée. Aujourd’hui en Égypte, toutes les ten­dan­ces poli­ti­ques, des anar­chis­tes aux sala­fis­tes, des trots­kys­tes aux ultra­li­bé­raux, sont repré­sen­tées, et l’on dis­cute et l’on a accès aux expé­rien­ces de Che Guevara, de la gué­rilla armée en Serbie, de Gandhi, des Black-blocks euro­péens, etc. Cette for­ma­tion accé­lé­rée a amené les Egyptien-nes à passer assez vite de l’eupho­rie du pre­mier scru­tin démo­cra­ti­que « libre » à une désaf­fec­tion électorale mas­sive, et leur a permis de tirer assez rapi­de­ment une conclu­sion à laquelle beau­coup d’Européen-nes, après 200 ans, ne sont tou­jours pas par­venu-es."

    là, tu planes tellement sur le concept de découverte miracle de la culture politique révolutionnaire par les Egyptien-ne-s avec la Révolution de janvier 2011 que c’est juste fendard. l’Egypte n’aurait jamais eu d’anars, de coco, de féministes avant ça ???? bonne lecture :
    http://budourhassan.wordpress.com/2013/09/28/le-noir-decoloniser-lanarchisme-et-defier-lhegemonie-blanche/

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