Épandage désastreux d’insecticide par hélicoptère au sud-est de Lyon

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Le préfet Gérault a ordonné pendant le mois de septembre des épandages par hélicoptère au sud-est de Lyon de deltaméthrine, qui est un puissant insecticide utilisé contre la chrysomèle du maïs.

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Est-il besoin de mettre en place un tel plan Orsec pour 8 chrysomèles capturées, seulement, sur 3 parcelles parmi un réseau de 600 points de capture ? N’est-ce pas complètement disproportionné ? L’idée que cet insecte se développe vite entraîne la peur-panique des autorités, alors qu’en France, les dégâts causés aux cultures par la chrysomèle sont trop faibles pour être perceptibles, pour le moment !

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La chrysomèle du maïs est un petit coléoptère de 5 à 6 mm avec de longues antennes dont les larves se nourissent de la racine du maïs. Originaire des USA et du Canada où les larves font des ravages aux immenses champs de maïs de l’agriculture industrielle, elle est apparue en Europe seulement en 1992 pendant la guerre de Bosnie. Ce sont les avions militaires américains qui l’ont amenée sur notre continent. L’ont-ils amenée sciemment dans le cadre du bioterrorisme, pour obliger l’Europe à utiliser des maïs transgéniques ?

Elle n’est apparue en France qu’en 2002, en Ile-de-France et en Alsace. C’est apparemment cet été la première fois qu’elle est arrivée dans la région lyonnaise, ce qui vient de créer la panique du préfet. De nombreuses communes de l’est et du sud de l’agglomération lyonnaise sont concernées par cet épandage de ce puissant insecticide par hélicoptère. Du coup, agriculture biologique ou non, faune sauvage, milieux naturels, populations humaines, tout le monde sera malheureusement touché. C’est grave ! Un zéro pointé pour ce préfet pote à Sarkozy !

Des agriculteurs biologiques inquiets ont eu comme réponse des autorités que seuls les champs de maïs seront traités à la deltaméthrine. Mais on sait qu’un traitement aérien par hélicoptère, selon le vent, ne peut en aucun cas s’arrêter à la limite d’un champ. On a déjà eu une réponse identique pour la nuée radioactive de Tchernobyl qui devait s’arrêter à notre fontière... Ou encore celle des Américains, lors de la guerre d’Irak, où les "dégâts collatéraux" ont fait en définitive 100 fois plus de morts que les "frappes chirurgicales" précises prévues...

La FRAPNA craint pour les points de captage d’eau potable, les exploitations d’agriculture biologique et surtout pour la santé des riverains qui pourraient être exposés à ces traitements. Quant à l’association Arthropologia, elle est sûre que l’épandage par traitement aérien de la deltaméthrine causera des dégâts énormes sur la faune sauvage.

Il y a déjà près de 25 ans, plusieurs études montraient les effets mortels de la deltaméthrine sur les abeilles de ruches, ainsi que sur nombre d’autres organismes fort utiles. Les conséquences économiques peuvent être catastrophiques pour les apiculteurs, dont les cheptels sont déjà gravement atteints.

De plus, l’intoxication des milieux est un sérieux souci pour toute la diversité des abeilles c’est-à-dire près de 1000 espèces en France, toutes très différentes, aux mœurs et besoins également très variées, en termes de fleurs, de sites de nidification. Albert Einstein disait : « Si l’abeille disparaît, l’humanité en a pour quatre ans. » Car l’apiculture est à l’origine de 80 % de ce qu’on mange ! La pollinisation des fruits passe obligatoirement par les abeilles. Sans abeilles, les fruits disparaîtraient au bout de deux ou trois ans. Bref, les abeilles sont un maillon essentiel de l’écosystème.

D’autre part, la deltaméthrine impacte fortement de nombreuses espèces d’organismes utiles comme : les carabes, et staphylins, les punaises prédatrices, les chrysopes, les coccinelles, les perce-oreilles, les ichneumons... Ce sont là pourtant les vrais régulateurs des populations de ravageurs.

Par contre, cette molécule favorise d’autres organismes nuisibles et notamment plusieurs espèces d’acariens ; ce qui est un comble !

Et l’usage de la deltaméthrine aux Etats-Unis n’est absolument pas concluant en ce qui concerne la lutte contre cette chrysomèle du maïs et son efficacité même contre ce ravageur est dès lors sérieusement remise en doute. Pourquoi aurions-nous des effets différents ici ?

La France épand plus de 70.000 tonnes de pesticides chaque année, dont près de 80 % sont utilisés en pure perte, c’est-à-dire qu’ils n’atteignent pas leur cible (disséminés par les vents, lessivés les pluies…), mais polluent gravement l’environnement.

Il est temps de stopper ces traitements dévastateurs. Ne reproduisons plus toutes ces erreurs, année après année.

La seule vraie solution : la rotation des cultures

La mesure prioritaire, qui semble réellement porter ses fruits en Suisse, bien avant de penser à intoxiquer l’ensemble des milieux, reste une réelle rotation des cultures qui, en cassant le cycle annuel de reproduction de cet insecte
et en supprimant le support de ponte des chrysomèles, réduira ou anéantira leurs populations. Les systèmes de monoculture sont aujourd’hui maintenus grâce aux aides publiques ainsi qu’aux énormes masses d’engrais et de pesticides. La rotation des cultures est un système ancestral très utilisé aujourd’hui par l’agriculture biologique paysanne. La rotation permet de plus une régénération des sols, trop souvent épuisés par les cultures intensives. Remplacer le maïs par des légumineuses permettrait à l’agriculture française de produire plus de protéines, alors qu’elle en manque notablement. D’autre part, le maïs est une culture très gourmande en eau, et le fait de changer quelques années ne serait que bénéfique pour les nappes phréatiques.

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