Expulsion : une trentaine de personnes mises à la rue à Villeurbanne

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Les expulsions qui précèdent la trêve hivernale ont commencées.
Mercredi matin à Villeurbanne, une trentaine de personnes, dont 2 femmes enceintes et une dizaine d’enfants (plusieurs en bas age) se sont faites chasser de chez elles.

Expulsion

C’est à 7h du matin qu’intervient la police pour déloger les gens de chez eux. Ils prennent tout le monde par surprise : les soutiens qui auraient pu venir prêter main forte et les habitant.e.s qui sortent tout juste du sommeil.
C’est à cette heure-là que se sont présentés mercredi matin une vingtaine de flics (Police nationale, Brigade anti criminalité) devant le 15 rue Léon Chomel à Villeurbanne. L’immeuble, une propriété du Grand Lyon, était occupé depuis 3 mois par plusieurs familles d’origine albanaise. Malgré l’agressivité des policiers, l’expulsion se déroule dans une atmosphère relativement calme. Jusqu’au moment où un flic, prétendant répondre aux provocations d’un jeune homme, se dirige vers lui accompagné de ses collègues. Ils le plaquent contre le mur, lui mettent un coup de pression. Pas d’interpellation.
L’agitation retombée, les 30 personnes à la rue regardent dépitées les déménageurs qui chargent leur mobilier dans un camion, pendant que les employés de Sitex installent des portes anti-squat. Une manière pour la ville de « sécuriser » ces bâtiments vides !
« Les affaires personnelles restées à l’intérieur ? » demande une mère de famille à un agent de police. Elles y resteront. Les accès au bâtiment seront désormais bloqués par des plaques de métal scellées de l’intérieur. L’immeuble sera surveillé par une entreprise payée (cher) par la mairie.
« Il y aura-t-il des relogements pour les femmes enceintes et les bébés ? » demande-t-on au commandant de police qui dirige l’opération. Il nous répond qu’il a déjà fait le nécessaire en prévenant le préfecture et que désormais, cela ne le concerne plus. Sa mission à lui c’est « le maintien de l’ordre ».

Rendez-vous au Centre Communal d’Action Sociale

La rue Chomel se trouvant à deux pas du CCAS de Villeurbanne, l’idée de s’y retrouver est lancée. Tout le monde emporte les affaires qu’ils ont réussi à sauver.
Une fois arrivés au CCAS, une discussion s’amorce avec les travailleuses sociales. On leur expose la situation : une trentaine de personnes sans logement. Sans y croire, elles nous dirigent vers les services du 115, le seul organisme à proposer de l’hébergement d’urgence. Malheureusement, parvenir à joindre le 115 est déjà un miracle, quant à espérer accéder à un lit et une douche...
Les employées du CCAS tentent de sauver les meubles en proposant de l’aide alimentaire, et amenant la discussion sur des sujets comme l’assurance maladie et la scolarisation des enfants. Mais l’urgence n’est évidemment pas là. Elles se dédouanent : « C’est à l’Etat d’agir en matière d’hébergement ». Même si selon une autre employée : « Il existe certaines communes qui prennent leurs dispositions ».
Prises à l’intérieur des contradictions que connaissent tout les travailleurs sociaux, les employées du CCAS nous avouent leur impuissance, tout en nous promettant qu’elles feront remonter les informations à la Mairie.
Lorsque l’on connait le nombre de logements vides que compte le parc immobilier de la commune de Villeurbanne, la discussion prend une tournure pathétique.
La ville accueille plusieurs projets d’urbanisme de grande envergure. Des rues entières sont vidées (c’est d’ailleurs le cas de la rue Léon Chomel) afin de démolir les bâtiments et d’y reconstruire du neuf. Les projets se réalisant avec lenteur, certains bâtiments sont inutilisés pendant des années. Ils pourraient accueillir sans difficultés plusieurs centaines de personnes, rien qu’à Villeurbanne.

Et ce soir, on dort où ?

Livrées à elles-mêmes, les familles expulsées aujourd’hui n’ont aucun moyens institutionnels d’accéder à un toit, même temporairement. La nuit arrivée, elles n’ont pas d’autres possibilités que de s’installer dehors, avec enfants en bas âge et femmes enceintes, en tentant de dormir sur la place Lazare Goujon qui jouxte la mairie de Villeurbanne.

Bilan de la journée : un bâtiment de plus muré et 30 personnes à la rue.

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  • Le 30 septembre 2016 à 12:53, par

    Seconde nuit passé dehors pour ces familles, devant la mairie de Villeurbanne

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