Dans le cadre des Nuits Sonores, festival de musique électronique initié et financé majoritairement par la ville de Lyon, la salle de la Ficelle a réuni le jeudi 5 mai 2005 de 19h à plus de 4h du matin plusieurs centaines de personnes autour d’une soirée techno : Bass Overload.
Bass Overload était une soirée techno officielle et légale, parrainée et financée essentiellement par la Ville de Lyon.
Pour 4 nuits et 5 jours de programmation, le budget du festival de cette année était de 720 000 € [1] .
Avec ce budget important voire exceptionnel et des partenaires d’ “envergure” [2] on pouvait s’attendre à une soirée bien organisée. Avec des budgets minuscules, les free parties [3] ont souvent réuni des conditions et des moyens plus adaptés pour le public que la fête Bass Overload du festival des Nuits Sonores.
Pour mieux s’en rendre compte, comparons donc cette Bass Overload officielle et la free partie indépendante illégale de l’automne 1997 dans un entrepôt de la zone industrielle de Vaise à Lyon :
- Possibilité de s’aérer durant la fête :
Bass Overload : non, "toute sortie est définitive",
Vaise : oui ;
- Accés à l’eau :
BO : non, eau payante ou bien celle des gogues aprés 1/2 heure de queue,
Vaise : oui, eau gratuite, distribuée à volonté ;
- Assistance en cas d’accident sanitaire :
BO : pompiers,
Vaise : équipe de Médecins Du Monde spécialisée dans l’intervention en milieu techno ;
- Information et prévention sur les drogues :
BO : non,
Vaise : oui, assurées par une structure médicale spécialisée ;
- Testing des produits stupéfiants :
BO : non,
Vaise : oui, assurée par une association spécialisée avec mise à disposition du public des résultats des tests effectués pendant la soirée ;
- Salle de repos :
BO : pas vue,
Vaise : oui avec faible niveau sonore, lits de camp, couvertures, et assistance médicale et psychologique si besoin ;
- Chill-Out (salle de détente) :
BO : non,
Vaise : oui (avec High Tone en live ! )
On sait que les principaux risques sanitaires durant les fêtes technos sont l’hypothermie, la déshydratation et le manque d’information sur les produits consommés. Or la salle de la Ficelle était surchauffée, la ventilation inexistante, la prévention nulle et l’assistance sanitaire inadaptée. On est légitimement déçu voire choqué par le niveau d’’organisation d’une soirée techno par les pouvoirs publics et des entreprises privées.
On ne se demande pas quel sens certains partenaires des Nuits Sonores (Ville de Lyon, Ministère de la culture, Libération, France Info, TLM, Sacem) donnent à leur partenariat pour ce festival de musiques électroniques alors que les politiques des uns ou la ligne éditoriale des autres ont insisté durant des années sur les dangers des free parties illégales jusqu’à ce que celles-ci soient définitivement interdites par la Loi. Le sens des affaires permet à ces structures de financer aujourd’hui des initiatives qu’elles ont condamnées et réprimées hier quand elles ne pouvaient pas les contrôler et en tirer profit. La qualité de l’organisation en moins !
Maintenant que les évènements technos indépendants dont ils étaient exclus ont quasiment disparu, les partenaires médias, profitant en plus de subventions conséquentes, peuvent faire la publicité d’un évènement techno dont ils ont enfin la maitrise, remplir leurs colonnes et leurs grilles avec des festivals, faire de l’audimat à vendre aux annonceurs et se présenter comme "Les" initiateurs de la scéne musicale electronique.
S’il n’était pas l’objectif n° 1 du festival , le profit des marchands de spectacle était assurément celui de la soirée Bass Overload durant laquelle le confort, la sécurité sanitaire et la liberté du spectateur ont été largement négligés .
Elle est pas belle, la récup ?
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