L’exil volontaire

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Je n’ai pas vu le temps passer
L’injustice, je m’en suis lassée
Moment propice pour m’évader
Quand viendras-tu me libérer ?

Ma haine n’a jamais expiré
Depuis ce jour où délaissé
Couvant de mon âme enragée
le sentiment d’être isolé

J’ai quitté cette terre souillée
des larmes de bonheur ruiné

01

À l’époque où je t’ai connu dans l’île ; tu vivais, à l’auberge du parc.
Dans le quartier latin.
Situé à quelque 100 mètres de la mer qu’il surplombe.

Il y a longtemps déjà.
Je t’ai envoyé une lettre transparente.

Et j’ignore toujours si elle est arrivée à destination ou tu l’as mangée lors d’une nuit d’insomnie trop « blanche »

À ceux que tu parles de moi, dis que j’étais une louve d’orée et quelle fut notre naïve amitié.

Raconte-leur les fables de nos errances au milieu des algues.

Et parle-leur du chant des amants du désert Sonora qui incendiait chaque nuit l’île de Maya.

Mais j’aimerais surtout que tu leur dises :
Elle me manque

02

Que te dire de l’homme blanc ?

Attiré par les perspectives de richesse, l’homme blanc est venu par la mer sur notre terre.
Armé de pied en cap.
Il a choisi la nuit pour se mouvoir en criquet pèlerin et exterminer la clarté de toutes nos villes.
Il a même brûlé toutes nos étoiles.

Dans l’isolement obscur et face à la peur qui serre nos tempes.
Nous nous sommes tus feignant d’entendre.

L’appel sec à la révolte est passé sous silence. Voué à l’échec.

Nos foudres de guerre susceptibles de nous sortir de là, voire de nous stimuler ; furent vendus par quelques complices -qui ont changé de camp une fois encore- puis décapités sur les places publiques.

Ainsi abandonnés et sans connaissance de stratégie, nous avons fuis par chance pour un autre monde sans étoiles et sans dieu, rallongeant un chemin étroit sans fin l’un après l’autre comme une liste.
La peur de mourir a poussé nos pas, nous interdisant toute halte.
Je me souviens très bien nous avons côtoyé les loups dans les ronces et supporté leurs hurlements jusqu’aux chants des coqs qui apaisent.
C’était un moment de trêve soudain où la terre semblait nous reconnaître immédiatement.
Personne ne saurait jamais ce qu’elle pensait de nous en cet instant.
Seules les pierres connaissent toutes les choses.
C’était un jour sans toi qui ne pouvait atteindre ta présence.
Vague et lointaine.
Un joyau.
Dont nulle femme ne peut s’en passer.
Tu le sais !

03

Que te dire de la trêve ?

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La trêve n’est pas la paix.
C’est un moment fugace de négoce délicat, où tout reste en suspens.
L’hiver glace notre souffle.
C’est un rude ennemi la nuit.
Après la grande répression, l’île en sang s’est enveloppée sur des images d’apocalypse qui nous hanteront longtemps.
Il n’y a personne debout.
Tous sont allongés paupières closes dans un sommeil horizontal.
La veille tout a été incendié avec férocité de bout en bout…

Entre sang et cendre l’air manque.
Dans l’espace.
Les ombres roulent par terre.
Plus rien n’est resté de la forêt tropicale, avec sa multitude d’oiseaux, de singes, de paresseux, de grenouilles et de serpents.

Aujourd’hui, le silence fidèle veilleur s’insurge et titube dans les couleurs
Le temps déjà souillé d’une nouvelle tache a déposé son bilan.
Présage assuré d’une damnation.
Le vent fougueux, seul conquérant, continue avec patience sa danse sur le ventre.
L’hiver aussi acéré qu’une aiguille présente une allure insupportable.
Dans tout ce triste décor qui met en fuite le soleil ; on ne sait plus si la vie est vraiment passée par là.
Personne ne part ni ne vient à l’île penchée dans la poussière.
Le ciel désolé a rappelé ses anges.

04

Que te dire encore ?

C’est triste, vraiment c’est trop pour nous.
Les jours sombres reviennent comme le diable sur les mêmes places où nos ancêtres ont été toujours broyés en poussières.
Depuis une si lointaine légende.
Nous fuyons leur approche avant que leurs griffes s’accrochent à notre peau.
Je dois garder les yeux ouverts.
Même face au rien.
On ne sort pas indemne.

Dans mon cas, je ne peux pas me laisser aller, sous peine de voir mon sang couler.
Je reste aux aguets.
Sans vivre sans mourir.
Invisible dans la haie des cèdres.
La cruelle n’a pas de pitié, n’est qu’un animal dressé qui saute à la gorge de quiconque passe en face.
Moi je la flaire à cent lieux, pour avoir assez vécu en bon voisinage.
Il y a deux ans.
Lorsque j’ai perdu ma mère, j’ai aperçu ses yeux de serpent mystérieux.
Nous nous sommes regardés étranges et sauvages sans frayeur.
Je crois même qu’elle m’a sourit montrant un peu ses crocs.
Tout est vérité.
Dans son sourire.
Je comprends toutes choses comme on comprend quelque chose avec les yeux.

Pour me protéger et lui donner beaucoup de peine lorsqu’elle décide, j’ai mis un voile noir
Ainsi elle ne m’aura pas, parce que je suis douce avec le ciel !

05

Une nouvelle odyssée sciemment provoquée est tombée sur l’île en coup de massue sous forme de machine de guerre.
Avec ses interdits et ses persécutions, la nuit apporte à chaque visite dans ses bras puissants son lot de cadavres ruisselants de sang à peine couverts.

L’île s’embrase dans une spirale infernale.
La nature apitoyée sanglote.
Auschwitz qui était hier encore une honte, se répète aujourd’hui comme une nécessité façonnée sous forme d’un jeu d’enfant.
Après avoir longtemps cru à sa suppression.
Son origine perdure.
Rien n’a rendu civilisés ni mûrs tous ces gens stupides qui décident.

Qui pourra les arrêter ?
Qui pourra leur démontrer leurs erreurs.
A part la main invisible du ciel !

On est point seul.
Dans la rocaille sombre au bout de la ville.
Des voix sorties en coup de vent du néant parlent et on a le plus grand mal à dissocier ceux qui ressuscitent de ceux qui sont cachées aux cœurs des arbres.
Écoute…
L’irréel va peut être annoncé en mêlée d’ailes des choses qui ne sont pas vraies.
Si je pouvais en un tour de clef empêcher Maria l’impure, la traîtresse avant de nous dénoncer.

06

Les « conquistadors » mercenaires farouches passent leur temps à tailler des tombes dans la terre et dans l’air et à y remblayer en même temps.
Il leur faudrait des mains supplémentaires pour aller vite.
Y a trop de cadavres et autant de trahisons.
Dans l’ombre où se règlent les comptes on écrase les cœurs pour en sortir quelque chose.
On fait des affaires.
Les mauvaises herbes croissent vite et étouffent l’île s’avère enceinte.

Les cow-boys du roi, des géants de deux mètres, tous en muscles font la ronde avec leur air mauvais.
Ils soutirent aux îliens tout ce qui est or, argent puis les abattent sans scrupule et sans pitié comme du gibier.

Je ne ressens rien : ni chagrin, ni douleur. Non, je ne ressens que le besoin de partir pendant que ma fille est à l’école.
_ J’ai prié dans mon cœur demandant à Dieu de se manifester comme père pendant mon absence.

07

Un soir d’orage au milieu des émeutes de l’année 1990, j’ai fait fi de mes peurs pour pouvoir fuir Maya avec une complicité secrète.

Mes instincts me disent que cela s’avère dangereux.

Moi, j’ai confiance en mes instincts de fauve.
J’ai des yeux qui savent observer sans rêver.
Je reçois tous les jours des lettres anonymes de menace de mort et croyez-moi je n’ai pas peur des girouettes.
J’évite de réfléchir même.
Et reste imperturbable.
Hargneuse d’être surprise.
Je sue à grosses gouttes.

Mon choix est très grand et dépasse les limites de l’île.
Tout est fin prêt pour l’Eldorado.
Tenter ma chance.
La vie, c’est comme ça.

Il faut courir côte à côte avec les oiseaux.
Il faut grandir où la terre est belle sous le soleil.
Pour vivre un peu sans rester ici toute ma vie reléguée au rang d’esclave.
L’injustice m’a usé et lacéré la chair.
L’exil est le seul chemin de tous.
Les possibles spéculent dans l’ombre.

Je n’aime pas être harcelée et torturée pour dénoncer comme les autres qui m’entourent. Cela m’est intolérable.
Je n’en ai pas cette substance dans mes gènes.

Je n’en suis pas surprise des coups qu’on me porte à la tête et sur tout le corps.
J’en ai l’habitude.
A la maison, mon mari me frappe et m’injurie tout le temps.
Il râle ou dénigre mes actes.
Ce n’est que bien plus tard après que j’ai abandonné la maison qu’il a compris qu’il ne peut rien être sans moi tellement Il se sent intimement lié.
Et depuis, Il souffre d’avoir manqué sa vie et porte en lui la honte de n’avoir pas été capable de nous donner sécurité et bonheur.

Lorsque un soir je téléphonais à ma fille avant de partir à Alberta je lui disais : « Pourquoi es-tu soucieuse à cause de mon départ ? »
Je ne me trompe pas sur mon choix car à Maya, ni paix, ni amour, ni rire ne me furent suffisamment donnés.
Si je reste, la douleur serait ma plus proche amie à venir.
Alors pour quelle raison devrais-je m’abstenir d’y changer d’air en attendant le flux de la marée.
Soudain elle s’est tue, et s’est mise à pleurer à chaudes larmes.
J’ai compris qu’elle était traumatisée par ma nouvelle.
Le combiné collé à l’oreille, j’ai découvert sa grande affection envers moi, son attachement refaisant flot.
Cet instant précis me culpabilise et me marque à vie.
J’ai l’impression d’assister à mon enterrement.
Cet événement m’a marqué à vie.
J’ai eu le sentiment d’assister à mon enterrement, mais en y étant moi-même présent….

Lorsque il eut entendu ma décision, il versa aussitôt toutes les larmes qui attendaient au fond de ses yeux.
Ce que je trouve le plus triste, c’est qu’une femme puisse penser qu’elle n’est rien sans mari, que le mari c’est nécessairement l’amour et que seul compte le ménage.
Je me dis que c’est bien une pitié de sacrifier son corps et son âme, pour juste le désir, ou de l’argent, même pour tant d’argent.

J’aime la paix comme un soleil au milieu de l’âme.
Je n’aime pas la méprise.
L’humain qui traite pas son semblable comme une chose ; m’attire comme l’aimant attire la limaille.
Son regard perdu arrête le sang qui saigne.

08

Mon arrestation est décrétée.
Ordre de m’arrêter, et vivante.
Vivante !
On veut donc me mettre dans une cage.
Pour se moquer de ma personne en me jetant des cacahuétes.

Les meutes de Bascum se doutent que j’ai pris la fuite.
Quelqu’un d’ingrat, le fils maudit de Maria m’a dénoncé en souriant.
Comment est-ce que je le sais ?
Il se trouve que j’ai du génie.
Ne dit-on pas q’une femme surdouée n’aurait jamais la paix.
Même si on me compare dans mon entourage les hommes attendent de moi toujours les solutions aux problèmes de la communauté.
C’est justement à cela que j’ai réalisé que je suis une grande personne qui sait tout.

Le nord de l’île grouille d’hommes blancs qui descendent dans les fjords à cause du soleil comme s’il ne brillait pas aussi ailleurs !
Les frontières devenaient hermétiques. Il fallait trouver le bon renseignement. Il fallait s’appuyer les frères Caracaracol. Sur éventuellement Baba ; le vendeur d’enclumes.
II fallait savoir le prix à payer.
A ne pas payer.
Il fallait penser au pire.
A la mort.
A la vie aussi.
Surtout, il fallait survivre...
User de grandes prouesses et subterfuges quitte à s’y faufiler.
Sous les ailes de l’oiseau charpentier

Le lendemain matin au douleurs de l’aube, après l’alerte et
Grâce à Sarah qui a établi contact et relais avec les différents réseaux d’entraide, j’ai pu échapper à leurs recherches et je suis partie les pieds volants, la mort sur mes paupières, le long des blés cette fois, remontant par les montagnes de la Sierra Madre occidentale.
J’ai eu mal au cou, à force de me retourner dans tous les sens, tellement j’avais l’impression de n’être pas seule et d’être sans cesse suivie.
Mais je n’avais pas d’autre solution que de prier.
Tant me pesait cette fuite rocambolesque hors de l’île
Avant de gagner Alberta que rêvent quelques milliers d’amérindiens.

Mon vieux rêve à moi.

Vaste pays ouvert au rut des cavales.

09

Au printemps 1991 j’ai eu tout le temps d’arriver à l’heure ponctuelle du soir dans cette ville à bout de mythe qui m’a d’emblée pris dans ses bras.
Le temps était beau et la température douce.
Dans la nature en fête.
De petites étoiles aux couleurs d’espoir se sont allumées pour m’accueillir.
Le ciel m’est témoin.
Tout de suite, j’ai ressenti une proximité, une connivence.
Tout confère à vivre en paix et en sécurité.
Quelque chose a bougé en moi.
J’ai commencé à me sentir.
Toute neuve et ivre de liberté
Dans une paisible maison de banlieue bien aérée et dénichée le hasard aidant ; j’ai posé l’ancre.
Coupée d’attaches et sans cordon d’aucune sorte, j’ai passé quelques jours bien tranquille plongée dans mes rêveries.
A contempler ce paysage brodé autour de moi où en catimini ma vie se métamorphosait lentement.

D’un pas précipité, tu es sorti comme on sort brusquement d’une maison.
Ton visage était luisant comme la porcelaine de chine.

Quand tu es venu en face de moi, je faillis tomber à la renverse, tellement l’émotion était trop forte.

Tu ne viens jamais à temps
comme convenu.

Pourtant je t’avais averti
par une lettre.

Chaque soir, je regarde le soleil tropical se coucher sur la Mer blanche.
Rien n’égale ce moment magnifique à couper le souffle où mon âme plie ses pieds et vole contre le vent.

Les yeux fixés au nord.
Comme une première hôte, elle salue

Maya noyée entre chien et loup.
Muette et l’arc tendu elle surveille ses ruines.

Des visions défilent dans ma tête, je revois mon mari autoritaire, ma fille souriante et affectueuse.
Une froide consolation me submerge et me donne la mine d’un chien puis disparaît comme elle est venue.
Ça fait mal. Sincèrement.
Je ne peux crier comme jadis.
C’est absurde.
Il y a les voisins.
Dans l’immeuble silencieux.
La plupart des familles ont regagné leur lit.
J’y ai trouvé du travail comme vendeuse de journaux, mon premier métier me rendait très libre et proche des nouvelles de l’île que je guette avec attention.
J’y suis restée.
J’ai travaillé dur comme une négresse blanche.
Quel bonheur de se sentir ainsi restituée et récupérée, de dormir bien tranquille au chaud à même de refaire de sa mémoire une source d’inspiration dans la solitude des heures.
Certaines nuits à l’heure de la braise, je ressens le manque de ta présence, tournoyer rebelle aux quatre vents.
Depuis deux mois, je n’arrive pas à dormir.
Quand j’essaie, je suis bien obligée de dormir un peu. Je vois ton apparence avec un oeil qui me regarde de face.
Ça devient trop dur au moment où il me piège.
Je me sens cernée de bout en bout de ton silence.
Mon coeur bat plus fort quand j’imagine à ce qui aurait pu se passer.
Quand j’imagine à ce que j’aurais pu entendre si
Cet œil qui se déplace à son aise dans ma chambre se mettait à parler.
Tout d’un coup.
Je pleure un instant en restant stoïque ne désirant rien.
Tout est étrangement opaque.
Mais je sais que tu vas revenir chaque jour après que je tire le verrou, que tu dois doit reapparaitre, que tu as trouvé quelque chose à ton plaisir.

Personne n’est vraiment bien entre une heure du matin et le temps où le cœur a besoin de repos.
Je ne téléphone pas à mes anciennes amies et ne veut nullement à faire de nouvelles rencontres.
Je suis très bien rattachée à ma solitude.
Simple et généreuse.
Elle veille sur moi indifférente à ma misère.
J’appelle juste ma fille de temps en temps pour avoir de ses nouvelles et lui insuffler par le combiné du téléphone le courage de tenir bon.
L’idée que je suis trop réservée pour vivre seule s’impose à moi.
L’image de ma gueule de tzigane que me renvoie le miroir me chagrine.
Les jeunes se moquent de mon visage.
Un peu plus chaque jour.
Je m’exerce à apprendre la belle langue du pays qui me fascine pour voir comment préparer l’avenir.
En quelque sorte.
J’ai cultivé mon amour pour l’écriture.
Sur un sentier de larmes qui est à la fois dangereux et plein de douleurs.
Tantôt elle projette son ombre douce sur moi pour me rafraîchir tantôt elle nomme quelque chose d’irréparable en moi : ma faille.
J’écris aveuglement mais toujours mes mots s’en vont vers ma fille que je fantasme pour suivre ses pas.
Dans l’île devenue fardée de sang, obscure et glacée !
Combien de gens pressés les uns contre les autres j’ai croisés sans être reconnue.
Quelques uns paraissent avoir perdu la vue.
Les autres bizarres et muets je les ai évités le visage enfoui dans mes paumes ouvertes.
Une petite heure.
Je retarde mon petit déjeuner.
J’ai besoin de cette relation jusqu’à ce que mes caresses se couchent sur son corps.
Il faut la respirer à fond, la réchauffer avant son réveil pour l’école.
C’est l’unique occasion pour moi.
Avant q’une brume s’allume et me la soustrait.
Sans ses nouvelles je serais triste de la nuit au jour.

10

Chaque jour me revient en bouche une allégorie de toi que je me répète dévotement comme une prière pour éviter la crainte de te perdre :

« L’écriture donne un état d’esprit pour un sujet d’inventer sa liberté.
Dans un paradis minuscule sur le papier ».

C’est une leçon de vie, ensevelie avec nostalgie au fond de moi comme un héritage que tu m’as laissé pour me construire. Personne n’en saura rien.
Cette chose.
C’est ma part de ta personne mais je veux davantage un autre don bien différent qui jette des étincelles comme un baiser pas sur les lèvres.
Difficile parfois de le recevoir.

Je ne cherche pas en toi un appui pour l’éternité.
Je ne suis pas malheureuse.

Sait-on jamais tu me quittes.
Il semble parfois que l’éloignement ressemble à l’oubli.

11

Les coudes posés sur mon balcon, je regarde un couple en bas dans la rue.
Souriants, enlacés.
Ils échangent des rires et des gestes amicales.
J’essaie d’entendre ce qu’il disent mais ils ne font que rire et se taper les mains comme des joueurs qui gagnent à chaque fois.
Je les envie, ils sont si heureux et si proches de moi.
Je désire tant à leur parler que j’évite de faire du bruit pour ne pas les déranger.
Mais aucun n’a le souci de deviner ma présence.
Au moins une fois, une seconde seulement.
Et comme à mon habitude, je me suis mise à tousser exprès espérant d’une seconde à l’autre qu’ils peuvent facilement poser leurs yeux sur moi.
Je suis trop près pour leur dire bonjour.
Mais en vain ils sont si occupés qu’ils font semblant de ne pas s’apercevoir que vibre un monde. Au-dessus d’eux. Il y a plein de signes. Lumière d’hiver, pots de fleurs aux balcons.

De toute évidence ils sont amoureux l’un de l’autre.
Je le vois dans leurs yeux.
Je sais que bientôt ils me verront.
Dans toute conversation il y a des blancs dans lesquels on tombe par hasard.
Je serais trop près pour les saluer et entrer dans en conversation.

Entre temps l’homme a disparu je me figure voir une urgence dans sa démarche.

Puis la femme hausse ses épaules et pivote sur ses talents.
Elle part en sens inverse.
Son ombre balance devant elle comme un mendiant aveugle.

C’est bizarre ! Qu’ y est-il arrivé entre eux ?
Plus d’une réponse brûlante a été imaginée.
Mais je n’en sais rien au juste. Quelque chose a pu arriver.
Quelque chose a dû arriver.
Je n’en sais rien et le désir creuse encore dans le vent dans la roche. _ Plus près. Plus loin.
Dans les brouillons de l’existence.
Me détournant du couple je m’aperçois qu’il neige et sur les toits et dans mon cœur.
En pensant à ma question je rougis de honte.
Je ris de moi-même quelques millimètres de secondes.
C’est comme si j’ai perdu la mémoire. Le couple a pris toute la place de l’île, ayant effacé tous mes souvenirs.
Je ne puis m’étonner
S’il s’est installé dans ma vie, simplement, discrètement, sans même lever les yeux vers moi.
Pourtant j’étais dans le creux de leur rire il y avait des bords.
Il y avait aussi des arbres et le temps n’était pas assez ensoleillé.
Je ne comprends rien.
Pourquoi toi ne renais-tu pas comme un reflet de néon, sur mes pupilles ?
Pourtant je te rêve sans répit presque sous hypnose, derrière la vitre tu brûles comme un cierge de pâque.

Fin

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