L’opération « tractage dans ta fac » du 12 juillet 2013 après midi : une 2e réussite !

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Suite de l’action du syndicat des dangereux éléments extérieurs de Lyon 2 pour s’opposer aux pratiques abusives qui ont cours dans cette université.

L’après midi, comme il y a quinze jours, il y a Conseil d’Administration de l’université.

On va donc passer aux travaux pratiques, en diffusant, cette fois-ci collectivement, le tract diffé par Sophie seule il y a quinze jours, aux membres du CA.
A été ajoutée, au verso, la motion refusée d’examen au CA par la commission permanente du 21 mai (motif du refus : « Sophie Perrin, c’est un cas individuel, ça ne concerne donc pas le CA »).

Respect du droit syndical et associatif dans l’université ? Chiche !

On revient donc vers 14h, et on s’installe, précautionneusement, pas trop près de la porte qui mène à la salle du Conseil pour ne pas susciter une parano immédiate.
L’espace est immédiatement occupé par un, puis deux, puis trois vigiles, qui, spontanément, font barrière devant ladite porte…au cas où on soit débiles au point de vouloir envahir un CA en plein mois de juillet, à cinq ?
La parano immédiate come back…

L’un des vigiles finit par nous questionner, un peu nerveux et suspicieux : « vous êtes-là, c’est pour quoi exactement ? »

Réponse : « C’est pour distribuer le matériel d’origine syndicale qui n’a pas pu être distribué aux membres du CA il y a quinze jours »

On est partis pour une cohabitation de longue durée sur les marches du bâtiment présidentiel, parsemée de personnes venant pour le CA, auxquelles on donne le tract.

Durant les longs intermèdes d’attente, chacun des deux groupes discute de son côté. En cette saison de résultats de concours, côté « dangereux éléments extérieurs », on s’informe et on échange sur qui de nos proches a réussi, qui a échoué, son concours. Côté vigiles, c’est à dire agents techniques en majorité non titulaires, les échanges portent sur les réussites ou échecs à des concours également…
Peu à peu, du fait de cette similitude de galères à portée d’oreille, ils se détendent, deviennent moins nerveux dans leur manière de garder l’entrée. Nous finissons par discuter aussi un peu entre les deux groupes, ce qui permet d’éclaircir et ce qui nous oppose réellement, et ce qui nous motive à agir chacun.

C’est dans ce nouveau contexte que survient l’incident, sur fond de vigiles calmes.

Au bout d’environ 20 minutes, un membre du CA sort, l’air peu amène, du bâtiment présidentiel, et vient droit sur Sophie :

« Lui - Bonjour
Tou.te.s - bonjour.
Lui - Je suis le vice-président responsable des campus. [devant le tract : ]
Non merci, je l’ai déjà.
Monsieur le président vous demande de tracter devant l’établissement, mais pas dedans l’établissement.
Sophie - C’est un tract d’origine syndicale, Monsieur.
Lui, nerveux et insistant - Monsieur le président qui a toute autorité dans cet établissement vous demande de tracter devant l’établissement, à l’entrée. Vous ferez tous les recours que vous voudrez, il vous demande d’appliquer ça pour l’instant.
Sophie - Excusez-moi monsieur,
Lui - Les gens arrivent, de toute façon, par l’entrée,
Sophie - Excusez-moi monsieur, le président révise le règlement intérieur comme ça ?
Lui - Vous l’interprétez comme vous voulez
Sophie - On a le droit de diffuser des tracts d’origine syndicale sur les campus. Ca s’appelle une entrave au droit syndical, ça, monsieur.
Lui - Faites les recours que vous voulez.
Sophie - Ca s’appelle une entrave au droit syndical.
Un autre camarade - les organisations signataires de ce tract prennent tout à fait bonne note de ce que vous avez dit et remercient monsieur le président d’avoir donné son point de vue personnel. On prend bonne note de son point de vue personnel. Voilà. Mais on a aussi le nôtre.
Lui - Donc vous refusez ?
Sophie - Nous appliquons le règlement intérieur.
Lui, s’en allant - Très bien…
(puis se ravisant) Ceci dit, je ne veux pas faire dans le formalisme, mais un extrait – j’ai le droit d’en avoir un puisque je suis membre du CA – un extrait de communiqué de presse, ce n’est pas vraiment un document syndical.
Sophie, montrant les trois syndicats signataires - alors…
Lui, d’un ton sec - C’est mon point de vue aussi, madame. D’ACCORD ?
Sophie - Je vous donne le mien dans ce cas-là, monsieur.
Lui - Vous ne respectez pas le président !
Sophie - Nous respectons le président mais nous sommes aussi là pour demander à être respectés en tant que syndicalistes étudiants monsieur. Ou syndicalistes salariés d’ailleurs. »

Le vice-président responsable des campus s’éclipse, mais ce n’est que provisoire : dix minutes plus tard, il revient. A la charge, sortant de nouveau du bâtiment :

« Lui - Madame Perrin, c’est vous-même ?
Sophie - Oui.
Lui - Alors vous par contre, vous n’avez rien à faire sur le campus.
Sophie - Pourquoi ?
Lui - Ben, sauf si vous êtes étudiante.
Sophie - Le règlement intérieur, c’est que le campus est ouvert aux usagers.
Lui - Oui. (Puis, d’un ton sec ) Et comment définit-on les usagers de l’établissement ?
Sophie - Je vais vous montrer ma carte, monsieur. »

Sophie sort sa carte d’abonnée à la bibliothèque universitaire de Lyon 2, refaite depuis qu’elle peut de nouveau mettre les pieds dans Lyon 2.

« Lui – Ca, ce n’est pas…une carte d’étudiant euh…de Lyon 2.
Sophie - Je suis usagère de l’université : je suis abonnée à la bibliothèque.
Lui - Ben vous pouvez aller à la bibliothèque, si on vous donne le droit d’accès, mais ça n’est pas la carte d’étudiant…
Sophie - Les personnes qui sont…
Lui, d’un ton extrêmement agressif, explosif, d’un coup - CA N’EST PAS LA CARTE D’ETUDIANT DE LYON 2
Sophie, gardant son calme - Ne criez pas, monsieur.
Lui - DONC, ne me dites pas que c’est la carte d’étudiant de Lyon 2.
Sophie - Ne me criez pas dessus monsieur, je suis usagère,
Lui - OK, donc vous violez l’article 2 du règlement intérieur, je prends acte, ensuite, vous surinterprétez « avis et communiqués d’origine syndicale »,
Sophie - Vous sous-interprétez, monsieur. Je ne vais pas m’énerver, je vais vous laisser crier tout seul.
Lui, d’un ton redevenant normal - non, c’est, je ne crie pas. Vous êtes en train de dire une énormité, vous vous réclamez d’un règlement intérieur que vous piétinez.
Sophie - Je n’ai pas la sensation de le piétiner.
Lui - Maintenant, autre chose. Les membres du Conseil d’Administration ont le droit de rentrer sans prendre votre tract.
Sophie - Ah ? On les oblige pas !
Lui - Quelqu’un vient de me dire le contraire.
Sophie - On ne vous a pas obligé…
Lui - On m’a dit le contraire. Donc effectivement (montrant le vigile le plus proche), il y a un agent ici, qui fera respecter que vous devez laisser passer les gens même s’ils ne veulent pas votre tract.
Sophie - Ah, mais on ne force personne.
Lui - On est bien d’accord.
Sophie - On ne force personne, mais on n’aime pas qu’on nous force non plus monsieur,
Lui - …et ça se retournera contre vous, c’est que vous vous réclamez d’un règlement intérieur que vous piétinez.
Un autre camarade - La cour d’appel administrative n’est pas de votre avis.
Lui - Vous ne pouvez pas vous réclamer de tout et de n’importe quoi de la Cour d’Appel.
(Ca repart en échanges où il y a simple opposition répétitive, sur des choses déjà dites)
Sophie - Bon, je pense que, on a échangé nos points de vue, ça va tourner en rond si on continue monsieur. On a pris note, vous avez pris note, on va fonctionner ensemble même si on n’est pas candidats à le faire, et voilà. »

Le vice-président responsable des campus s’éclipse, cette fois-ci définitivement pour l’après-midi, et la diffusion de tracts peut se terminer sans autres problèmes, les vigiles étant restés, en arrière fond, tranquillement accoudés sur la porte qu’ils gardaient…

Au final, le bilan de cette journée d’action est positif : ça nous a bien plu, on a bien rigolé en faisant l’action du matin, et hormis l’incident avec le vice-président responsable des campus, l’après-midi s’est bien passé, même les relations avec les réputés terribles vigiles des quais semblent être en voie de normalisation. Peu avant notre départ, d’ailleurs, ces derniers, de nerveux et crispés sur la porte au tout début, sont devenus carrément bon enfant, s’amusant humoristiquement à barrer le passage à leurs propres collègues en guise de bonjour…déformation (et réaffirmation) professionnelle oblige. Et nous ont même affirmé, d’un ton pas sérieux du tout, suite au passage d’un futur étudiant égaré à Lyon avec un T-Shirt de l’OM : « ah, mais si vous souteniez Saint-Etienne, même pas vous pourriez diffuser des tracts ici ! ».
Lorsqu’on s’en va, aucun des deux groupes n’a oublié, pour autant, qu’on peut être en opposition, et qu’on le sera d’ailleurs certainement dans le futur.
Mais sans la parano…

On peut remarquer que cette action collective est la première dans Lyon 2 qui a pour point de départ la situation faite à Sophie Perrin. On peut s’étonner qu’il n’y ait rien eu de fait ainsi plus tôt, alors que ça fait depuis 2010 que cette situation, qui constitue un grave précédent qui pèse sur tou.te.s, dure.
On peut aussi se dire qu’il y a un territoire militant à reconquérir, et que cette action n’était que la première pierre de cette reconquête.

Parce qu’on peut faire autre chose, dans Lyon 2, que juste regarder des films avec nos profs tout en subissant exploitation, précarité et arbitraire mandarinal y compris parfois de leur part à eux, on vous invite donc à venir discuter de la suite à la rentrée. Suite qui concerne, non un unique cas particulier, mais tous les cas particuliers qui peuvent, à terme, former ensemble une lutte collective dans ce lieu.

On vous propose de réserver pour discuter autour de tout cela le soir du 16 septembre, dont on vous reparlera avec plus de précisions, peu avant la rentrée.

Et, en attendant, on vous laisse avec le plus dangereux membre du syndicat des dangereux éléments extérieurs de Lyon 2 : c’est une fiction, elle n’existe même pas, c’est un être purement imaginaire. Pourtant, on dirait que c’est elle qui fait le plus peur aux mandarins rien que quand ils la voient en photo…

A bientôt,

Le syndicat des dangereux éléments extérieurs de Lyon 2 (réseau d’étudiant.e.s et ancien.ne.s étudiant.e.s de Lyon 2, ainsi baptisé sous la présidence Tiran, en 2010-2011, et se caractérisant avant tout par leur participation opiniâtre aux luttes contre le CPE, contre la LRU, pour la défense du service public universitaire, et contre l’élitisme à deux balles qui pourrit l’ambiance d’aujourd’hui)

Et leur redoutée mascotte imaginaire :

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