Le dialogue social chez AIRFRANCE, une histoire qui finit « presque » toujours bien !

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C’est vrai que lorsque l’on tombe sur la Une de plusieurs sites d’information depuis ce lundi 5 Octobre, difficile de ne pas s’émouvoir de la rouste que se sont pris Xavier Broseta DRH d’Air France et Pierre Plissonnier son Bras droit du « hub » de Roissy.

Un vent de révolte traverse Air France

Il est vrai que ce n’est pas tous les jours que l’on voit s’interrompre une réunion du CCE d’ Air France avec deux de ses plus hauts cadres qui se font rosser et foutre à poil par des salariés survoltés. Après l’annonce d’un plan de licenciement de près de 3 000 personnes, Air France était censée tenter pendant cette réunion, de se mettre d’accord avec la CGT, FO et la CFDT, pour faire passer la pilule aux salariés et éviter un blocage prolongé des aéroports, au-delà de la journée de grève appelée ce lundi. Comme à chaque fois dans ces cas là, après avoir négocié des tranches d’accord par branches, et écrémé au maximum en profitant des départs à la retraite, les Ressources Humaines de ces grands groupes alliés aux ministres du transports et de l’Economie, feignent de se mettre à la table des négociations pour mettre en branle leurs « stratégies d’emploi » et faire accepter les conditions de leurs plans de licenciement. « En plus de vous virer, nous nous arrangeons pour que cela nous coûte le moins possible ! ».

Protéger le dialogue social, surtout les riches et les patrons !

Difficile de ne pas se souvenir de cet été des milliers de tracteurs bloquant les grandes métropoles françaises pendant plusieurs jours, les camionneurs étrangers stoppés aux frontières et leurs marchandises mises à sac sous prétexte qu’elles n’étaient pas « françaises ». On se souvient aussi de l’incendie de la sous préfecture de Morlaix en Bretagne à la fin de l’hiver, derrière un mouvement de révolte plus général dans le monde agricole à majorité de droite, canalisé par la toute puissante FNSEA dont le premier secrétaire, M. Belun n’est rien d’autre que le propriétaire de plus de 500 hectares de terre dans la Beausse.

Alors aujourd’hui, quand Valls la ramène une fois de plus pour exprimer son indignation et se dire « scandalisé par les violences inacceptables auxquelles se sont livrés des manifestants en marge du CCE d’Air France », on n’aimerait bien lui faire comprendre qu’il ferait mieux de la fermer, parce que ce n’est que le début. Loin d’être isolés, ces gestes portés contre ces mecs qui sont payés pour foutre depuis des dizaines d’années des milliers de personnes à la rue, ne sont qu’un échantillon de ce qui devrait bien être ces prochaines années le devenir de tout les patrons, DRH ou misérables richard de leur rang.

Comme à chaque fois dans ces moments là, les médias répètent en boucle l’expression de ce cynisme que plus personne ne gobe. Qui de nos jours, à part ceux qui partagent le même train de vie que ces deux lurons, viendrait s’indigner d’une telle incartade ! L’on voudrait nous faire croire à un combat inégal, à une violence inouïe déchaînée contre de pauvres cadres sans défense, à la présence d’ultra parmi les syndicalistes en partance pour la Syrie, que l’on ne s’étonnerait même pas. Aujourd’hui seuls les médias s’indignent.

Combien sommes nous à rêver depuis des années de rosser un DRH, un cadre trop zélé, un patron à qui l’on voudrait faire comprendre comment les choses se passent quand on a plus rien à perdre ?

Nous sommes tous des « groupes d’ultras isolés »

C’est dire que cette séquence n’a pas manqué de faire jaser. Après le Monde, le Figaro, BFM et la CFDT, tout le monde semblait pleurer le sort de ces hommes payés plus de 30 000 euros pour licencier des gens, tout ça parce qu’ils se seraient pris quelques coups. Que l’on soit clair, quand on voit le calme qui règne dans les usines, les gueules déprimées de la rentrée dans le métro, tous ces connards de « race blanche » qui croient encore que le capitalisme est un système apaisé, il y a encore de quoi se réjouir quand ont voit un col blanc se faire rosser. Ce n’est pas parce que la crise n’est soit disant pas aussi forte qu’en Grèce ou Espagne, que la guerre économique n’est pas déclarée. Comment dès lors, ne pas comprendre ces gestes portés à la gueule de ces DRH d’Air France comme une si petite vengeance par rapport à l’humiliation quotidienne ? Une première manière d’exorciser le sentiment de défaite dans lequel nous sommes empêtrés ? Avant de se donner les moyens de voir les choses en grand.

Grève Générale, Cop21, et après ?

Ce qui est sûr c’est qu’après toutes ces années de pacification quand des salariés décident de passer aux actes, cela ne passe pas inaperçu. Cet article, rassurons nos lecteurs, ne visait pas à s’attrister du sort réservé à une partie du personnel d’Air France et notamment des pilotes touchés aussi par cet énième plan social. Quand ont sait qu’un pilote d’Air France touche au minimum 15 000 euros et qu’ils n’ont souvent aucun problème pour faire décoller leur carlingue avec un sans papiers, attaché aux chevilles et aux poignets par des agents de la PAF. Pas plus qu’ils n’auront de problème à atterrir sur le tarmac du non-futur projet d’aéroport de Notre Dames des Landes si d’aventure les militaires français décidaient de mettre le paquet pour évacuer la zone occupée et faire face à un mouvement de révolte dont ils ne sortiront pas indemnes.

Mais comme on le murmure dans les couloirs de la German Wings, de nos jours l’uniforme ne fait pas le pilote et qui sait ce que les pilotes d’Air France pourraient nous réserver pour la COP 21 par exemple, en se proposant de faire grève les deux premières semaines de Décembre et bloquer la venue de tous les dirigeants du monde entier censés venir nous expliquer comment AIRFRANCE et AREVA vont nous sauver de l’Apocalypse. Il serait peut être temps pour tout bon syndiqué de prendre de la hauteur et d’imaginer des actions un peu plus sérieuses à entreprendre pour nous redonner confiance dans le caractère révolutionnaire du syndicalisme français parce que là c’est plus tenable... Ou alors au moins que ces mêmes pilotes refusent d’atterrir à Nantes Atlantique quand Cazeneuve décidera de se lancer dans le bourbier de la ZAD. Il vous faudra dans tout les cas faire preuve de discernement en ne cédant pas au chantage de la direction et aux discours pacificateurs dont la France raffole pour se croire fréquentable et ne pas reprendre le travail comme les types des raffineries l’on fait en 2010 une fois que la caisse de grève était bien remplie.

A ce moment c’est sûr nous serons ensemble, pour mettre des gifles à votre DRH, foutre à poil votre PDG, danser sur le tarmac de Roissy et sabrer le champagne en classe affaire sur un avion détourné, fraichement posé dans l’une de nos villes libérées.

Charlie Tango, bien joué les gars !

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