Manif sauvage du 28 juin : les flics de la BAC, des hooligans en service commandé

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Foot, blocage, baqueux sauvages ! Récit d’une déambulation festive footballistique dans une ambiance autoritaire d’interpellations arbitraires.

Mardi 28 juin, à la sortie de la manifestation autorisée au parcours ridicule Jean Macé-préfecture, un appel à un rassemblement à la place des Jacobins à 14 h a été lancé. Une cinquantaine de camarades y a répondu et nous nous sommes donc retrouvés au lieu-dit.

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Le cortège a commencé à remonter la rue Édouard Herriot, un symbole du consumérisme de luxe, dans une ambiance footballistique et bon enfant. Sans aucune dégradation, nous avons entrepris méthodiquement de faire des murs sur les devantures des banques et de tous ces magasins, vitrines de ce monde capitaliste où l’humanité sociale ne peut trouver sa place. Durant toute la montée de cette artère, aucune présence policière ne pointa le bout de son bec.

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Arrivés rue du Bât d’Argent, nous avons obliqué vers la rue de la République et le cortège s’est poursuivi direction Bellecour, toujours dans une peace attitude. Nous sommes arrivés place de la République avec pour intention de nous rassembler à nouveau place des Jacobins pour une petite baignade, la journée étant chaude.

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À ce moment, une horde sauvage de policiers tout équipés sont apparus et ont commencé leur charge. Dispersion immédiate dans nos rangs, certains sont partis en direction du Rhône et des copains et nous en direction de la Saône. Grand mal nous en a pris.

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Nous nous dirigions rue Mercière, quand nous avons croisé une brigade de baqueux. Repérés, ils se mettent à nous courser. Nous tentons donc de nous réfugier dans un hall d’immeuble, quai Saint-Antoine. Malheureusement, nous prenons trop de temps à ouvrir la porte et bien que fortement équipés, ces tendres agents courent vite. Un agent pénètre avec nous dans le hall. Il nous prend par le col tandis que nous tentons d’expliquer que nous n’avons rien à nous reprocher.

Ces collègues, après avoir arrêté en douceur les deux camarades qui couraient derrière nous, défoncent la porte et entrent avec un regard rempli de haine. Piégés et prêts à répondre de nos non-actes, nous levons les mains en l’air face à l’inévitable interpellation. Malgré notre coopération évidente, cela n’empêche pas ces bisounours de nous donner à chacun un premier coup de poing dans le ventre et quelques béquilles des familles. Tombés au sol en position fœtale pour l’un et à genoux pour l’autre, nous nous époumonons de notre non-résistance : « C’est bon, on est calme, on ne résiste pas… » et autres appels au calme.

Rien n’y fait, les coups continuent. Pour l’un, un coup de poing dans le visage, coups de pied dans les côtes et au visage, et un coup de genou dans les côtes. L’autre, sur le ventre, subit les écrasements d’usage : genou sur le visage plaqué au sol, debout sur l’arrière des jambes pour écraser les rotules au sol, clefs de bras alors que les mains étaient déjà prêtes à recevoir les pinces. Les deux immobilisés au sol, nous servons alors de paillasson et de tabouret pour les agents aux jambes fatiguées. Ils ramènent alors les camarades maîtrisés à l’extérieur, sous prétexte que des personnes de passage prenaient des images de la scène. Cela les a poussé à nous faire patienter une bonne vingtaine de minutes, plaqués au sol, puis tête collée au mur.

Pendant cette joyeuse attente et la fin des violences physiques, le mépris et les violences verbales purent commencer : « Ferme ta gueule ! », « En Russie, vous auriez fini au goulag », « Si t’es pas content, casse-toi de ce pays », cette dernière phrase étant évidemment dirigée vers une personne racisé …

Liste non exhaustive, mais nous faisons confiance à votre imagination pour vous représenter l’ambiance. Ensuite, après de menaces à peine voilées telle que « On a été des chirurgiens, on est trop bien éduqué, on aurait pu vous défoncer », l’un des membres de cet honorable corps de métier a fermé la porte. Pendant ce temps, son collègue, encore avec nous à l’intérieur, nous incite à l’outrage, à la rébellion et à la tentative d’évasion. Menace à peine voilée d’une envie de leur part d’un véritable passage à tabac, et pas seulement des premières caresses reçues précédemment.

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Après de nombreuses moqueries quant aux convictions que nous défendons depuis quatre mois dans la mobilisation, nous sommes enfin sortis au grand jour, menottés et tenus en laisse. Comme un chasseur exhibant sa proie, le baqueux aime à pavaner avec son interpelé.

Après 20 heures de garde à vue, nous sommes enfin libres et l’affaire a été classée sans suite. Nous faisons partie des vingt interpellations arbitraires du 28 juin. Preuve de l’autoritarisme, aucune poursuite judiciaire n’a été engagée. Nous sommes donc les victimes parmi tant d’autres de cette politique de la peur qui a pour seul but d’étouffer une contestation légitime qui n’en finit pas. De plus, nous sommes les victimes de cette politique du chiffre absurde qui prédomine dans le travail de la police.

Alors, mal joué les gars, cet autoritarisme d’État d’urgence ne nous impressionne pas, il ne fait que renforcer notre détermination. Bravo aux copains de gardave qui sont restés calmes et qui n’ont pas répondu aux honteuses provocations des arrogants coqs sauce Cazeneuve relevée à la Valls.

On se retrouve dans la rue pour le prochain match.
La police déteste vraiment tout le monde !

Merci à tous ceux qui se sont inquiétés de notre disparition et qui se sont démenés pour notre sortie.

A. et M.

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