Chacun l’aura compris. Au 58^e jour de grève, les questions d’argent sont relativisées par la dimension sociale et politique du conflit.
C’est tellement vrai que les crédits débloqués par la Ministre VAUTRIN suite à l’action des « Enfants de Don Quichotte », correspondent exactement aux besoins exprimés par l’association. Que ce soit pour les Centres d’hébergement et de Réinsertion (CHRS), la création de maisons relais (Le temps des cerises) ou l’accueil d’urgence des familles avec enfants (mobile home).

Toute personne digne de foi reconnaît que nos propositions, faites depuis le début de la querelle, si elles étaient examinées sérieusement, permettraient de sortir de l’impasse et d’enrayer le processus qui risque de conduire à la liquidation d’OSER.

Pourtant, les autorités de l’Etat, à coup d’arguties, présentent les gestionnaires et le Conseil d’Administration comme des dilapidateurs de fonds publics. Ils tordent la procédure dans tous les sens, convertissent les diminutions de moyens en excédents, sèment le doute et la suspicion sur l’utilisation des sommes attribuées.
Nous continuerons à répondre point par point à cette entreprise de dénigrement qui n’a qu’un but : tenter de justifier le refus d’apporter le moindre soutien à une association dont elles ont planifié depuis longtemps la liquidation judiciaire, mais surtout politique.

De plus en plus clairement, aussi, la DDASS et la Préfecture annoncent la couleur : ils veulent la peau des responsables d’OSER, même s’ils doivent pour ce faire, laisser un champ de ruine en lieu et place d’une association dont la qualité du travail est reconnue par tous.
En témoigne leur refus de toute médiation, que chacun appelle de ses vœux, pour trouver une issue négociée à l’un des conflits le plus long de l’histoire locale.

Mais pour parvenir à ses fins, le Préfet doit résoudre un problème de taille.
Il doit faire face à une mobilisation qui dépasse le cadre habituel des grilles de lecture circonscrites dans les grandes écoles qu’il a assidûment fréquenté.

La grève n’est pas le fait d’une minorité de salariés entraînée par une section syndicale malingre. C’est l’ensemble du personnel, « direction » en tête, qui revendique. Ce sont les adhérents, Conseil d’Administration compris, qui imposent le rythme de la lutte en participant au campement qui dure depuis deux mois. Ce sont des résidents qui chaque jour font la preuve de leur solidarité, de leur inventivité ; qui se mêlent des discussions, participent aux actions et aux rencontres avec les autorités, vivent debout.

L’organisation matérielle même du « camping » donne une indication sur la détermination et le sérieux des occupants : nulle fleur arrachée, pas de papiers gras ou de mégots jonchant le sol, aucun trouble à l’ordre public.

Cette situation atypique est le fruit direct de l’autogestion, qui seule permet une réelle unité au sein d’une équipe de salariés libres et égaux.
C’est elle aussi qui autorise cette quasi fraternité entre des personnes dont le statut social commande de ne pas se mélanger.
C’est bien de tout cela dont les autorités ne veulent plus.

Face à la volonté de normalisation et de mise au pas des travailleurs sociaux, OSER montre la voix de la résistance et de la solidarité inaliénable avec tous ceux qu’une société à vomir rejette, méprise, réprime.

C’est pour toutes ces raisons qu’il faut sauver OSER.

Un élargissement du soutien de la part de la population, des associations, des syndicats, des élus, est indispensable et urgent.

Car le temps nous est désormais compté. Nous sommes de nouveau convoqués le 22 mars devant le Tribunal de Grande Instance dont nous ne pouvons espérer aucune compréhension si rien ne bouge.

Tous ceux qui nous apportent leur aide sont conscients de l’enjeu : la disparition d’OSER serait un coup terrible à la liberté du monde associatif.
A l’inverse, une réussite du mouvement serait un encouragement à la lutte contre la mise au pas des travailleurs sociaux.

Aujourd’hui la question est la suivante : une association telle qu’OSER peut elle servir de déclencheur, permettant à d’autres qui n’osent pas, qui n’y croient plus, de se reconnaître dans cette lutte et de la rejoindre.
C’est ce pari fou que nous allons réussir.
Ensemble, nous allons gagner.

Nous devons être le plus nombreux possible afin de montrer notre détermination à la veille d’échéances judiciaires cruciales pour les adhérents, les résidents et les salariés d’OSER.