Pour un point de jonction entre les quartiers populaires et les quartiers populaires urbains : Journée debout tous les samedis à Vaulx-en-Velin

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Petit retour sur la création des Journées debout qui existent depuis début mai et se déroulent au Mas du Taureau à Vaulx-en-Velin. Après une mise en place volontairement discrète, les Journées debout s’ouvrent.

Mi-avril, une commission quartier populaire à été mis en place au sein de Nuit debout Lyon par deux ancien du MIB (Mouvement de l’immigration et des banlieues), Agora et Diversité, dans une optique de convergence des luttes. Après plusieurs réunions et interventions lors de l’agora, une réunion a eu lieu à Vaulx-en-Velin au Mas du Taureau suivi d’autres rencontres comme à l’ENS.

Depuis début mai, se déroulent désormais tous les samedi des Journées Debout mobiles à Vaulx-en-Velin afin de réfléchir aux manières de lutter contre les rénovations urbaines imposé par l’état sans concertation avec les premiers concerné.es. Volontairement, peut de publicité avait été faire autour de ce mouvement pour éviter qu’une nuée de caméras ne débarque et empêche des rencontres sincères entre les gens.

Maintenant que des Jours debout mobiles ont lieu tous les samedis au départ du Mas du Taureau à 9h30 et et que le 28 mai ce déroulera une grosse journée festive, voici un petit retour sur la création de ces Journées debout.

Voici une retranscription du 26 mars, de l’intervention de Pierre Didier ... , lors de la commission quartiers populaire de NuitDebout Lyon qui présente le pourquoi de la démarche :

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La rénovation urbaine pose la question du peuplement. Elle pose la question de la place des habitants dans une ville comme Vaulx-en-Velin ou dans d’autres villes similaires de Vaulx-en-Velin. Ca pose aussi la question au pouvoir, la question de la capacité des gens à décider de leur propre sort et des relations qu’ils veulent construire avec les autres.

Aujourd’hui, l’objectif de la rénovation c’est de changer de population. Mais on ne parle pas clairement de changement de population, on parle de mixité sociale. Derrière la mixité sociale, il y a la volonté de se débarrasser, d’emmener encore plus loin, des familles et des populations qui posent problème. Quel type de problèmes ? Ces populations vivent depuis longtemps dans des logements qui ont déjà été deux ou trois fois amortis. Ces familles ont payé deux ou trois le prix des logements qu’elles habitent actuellement. Aujourd’hui, les terrains sur lesquels sont bâtis ces logements nourrissent l’appétit des promoteurs. L’idée, c’est de construire une autre ville sans ces gens. Leur rêve, c’est que vienne s’installer une classe moyenne dans ces quartiers.

Nous, ça nous pose problème. Parce que c’est notre ville. C’est notre histoire. C’est une ville à laquelle nous sommes attachés. Et nous pensons que les solutions à ces problèmes là peuvent se trouver dans la ville, dans la société dans laquelle nous vivons. Cette façon d’éjecter les gens, de les éloigner de plus en plus du centre et de les envoyer de plus en plus dans la périphérie pose de graves problèmes. Et aujourd’hui, on veut organiser un rapport de force avec les pouvoirs publics. On veut organiser notre propre diagnostic de ces problèmes là, notre propre évaluation de ces questions-là.

Il y a une quinzaine de jours, le premier ministre est venu à Vaulx-en-Velin avec un aéropage de ministres pour prendre des initiatives contre « l’apartheid social et ethnique » selon sa propre expression. Ce qu’ils appellent « l’apartheid social et ethnique », c’est le fait que ces gens pauvres vivent dans un même lieu et que ces gens pauvres n’ont pas les moyens de l’expression ou de l’organisation politique, n’ont pas les moyens de l’organisation sociale. Ces quartiers-là sont abandonnés depuis des années par les organisations et les syndicats traditionnels. Des associations sont là non pas pour défendre les gens mais pour parler à leur place.

Ce que nous voulons, c’est faire parler les gens eux-mêmes. Nous voulons organiser des Nuits Debout à partir des réalités locales, à partir de l’expression des gens, à partir de leur volonté, à partir de leurs rêves, à partir de leurs projections, à partir de leur solidarité. Parce que toutes ces choses-là existent. Nous voulons traduire ça en actes collectifs. Vous et nous, nous et vous, parce que nous des éléments en commun. Nous avons aussi des différences. Ça nous intéresse de travailler sur nos différences, parce qu’elles nous enrichissent. Mais nous voulons nous baser sur les valeurs que nous avons en commun et que, coûte que coûte, nous allons défendre. Des valeurs de solidarité, des valeurs de connaissance et de reconnaissance, des valeurs d’humanité. Quelle que soit l’origine des gens. Quelle que soit la couleur de leur peau. Quelle que soit leur confession. Quelle que soit leur philosophie. Quelle que soient leurs croyances. Nous croyons qu’il est possible d’être ensemble, forts de ces différences-là.

Et c’est pour ça que faire les Nuits Debout à Vaulx-en-Velin, ça n’a pas qu’une valeur symbolique. C’est aussi une force. Une force que beaucoup craignent. Parce que cette alliance de la banlieue, des quartiers populaires et des citoyens d’où qu’ils viennent, si elle se fait, va traduire quelque chose de nouveau. Cela va lui donner une force inédite. Et nous pensons que sur le terrain cela va se traduire sur d’autres questions que la rénovation urbaine. La rénovation urbaine vient cristalliser beaucoup de choses. A travers la question de la rénovation urbaine, il y a l’égalité des citoyens, il y a la question de la justice, il y a la question du logement, de la police, de l’administration… il y a aussi la question de la religion et la non-religion. Il y a ici des croyants, des non-croyants, des gens qui sont agnostiques, des gens qui sont athées. Peu importe ! Nous voulons construire quelque chose qui concentre tout ça.

Notre difficulté, c’est que nous avons en face de nous un rouleau compresseur. Et la question de la rénovation urbaine peut nous apporter non pas de l’aide aux gens, de l’aide humanitaire, parce qu’on entend souvent c’est que les quartiers sont des zones a-politiques, a-historiques. Les quartiers ont besoin d’aide, de solidarité, d’inter-solidarité et de soutien réciproque. C’est de cela dont nous avons besoin. Les quartiers sont en lutte depuis longtemps. Ces luttes-là ne peuvent avancer vraiment que si elles sont soutenues et portées pour avancer ensemble. Voilà le sens de notre démarche. C’est pour ça que nous sommes ici aujourd’hui pour porter ça ensemble et nous confronter ensemble pour élaborer quelque chose de commun.

Karim :

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Il y a deux groupes de travail. Un sur la rénovation urbaine et un sur la convergence des luttes entre les gens d’ici et les gens de là-bas. Avait été identifié le besoin de se connaître, donc de la rencontre physique, de trouver aussi un langage commun. Parce qu’il y a des vocabulaires qu’on a volontairement rendu complexes et qui rendent difficile la compréhension des phénomènes. La question par exemple de la mixité sociale, on a du mal à voir ce que c’est, qui ça concerne. Ce que la Mairie, les bailleurs, l’État, avancent comme argument sur la mixité sociale, en direction des habitants, c’est de dire « On va organiser la mixité sociale, parce que vous, en tant qu’habitants, vous dégradez l’image de la ville, vous donnez une réputation négative. Parce que y a un concentré de noirs et d’arabes dans ces territoires et ça c’est pas valorisant pour la ville. Donc pour valoriser la ville, on va faire la mixité, on va mettre un peu de blancs. Comme ça, ça va rehausser l’image de la ville et ça va amener un mieux-être au niveau de l’immobilier, des questions foncières, des questions urbaines. Et ça va donner plus de valeur pécuniaire à ces territoires là ». En tous cas, nous on le perçoit comme ça. Il n’y a pas de raison qu’un endroit soit négatif parce qu’il y a des populations d’origine africaine ou maghrébine.

Et donc il faut trouver un langage commun pour dépasser ces questions-là. Il y a besoin aussi de construire un projet urbain alternatif, y a des gens qui ont des savoirs, des compétences, des savoir-faire, qu’ils pourraient mettre au service des habitants, au service de nos idées. Je pense surtout aux urbanistes et aux architectes car ils sont les premiers concernés en terme de bâti et d’aménagement urbain.


Plus tard, le 3 mai, Dans le cadre des convergences de luttes, le collectif des quartiers populaires, de Vaulx-en-Velin, Vénissieux et des personnes de Nuit Debout de la place Guichard, ont rencontré le collectif-unitaire 69 (précaires, intermittents, chômeurs et ceux qui avait occupé le théâtre des Célestins) à la bourse du travail. Et dans la foulée, une rencontre s’est faite avec les occupants et occupantes de l’ENS ; compte rendu :

Ce sont par de chaudes et de vives discussions que se sont établies par ces premiers contacts dont l’objectif est d’élargir les points de jonctions des différents pôles de luttes, créer du commun, à l’initiative du collectif chargé d’organiser les Nuits-Jours debout de Vaulx-en-Velin, et de débattre des questions qui concernent ces quartiers mais aussi et surtout de créer un pont entre les quartiers et le centre ville de Lyon pour porter ensemble ce projet. Nous confronter et élaborer ensemble du commun, qui servira peut-être d’exemple pour inciter d’autres villes à créer un lien entre les populations des centre-villes et des banlieues autour de ce grand projet commun que sont les Nuits debout.

Cette propositions de convergence est d’élargir les luttes, créer du commun, démolir les murs entres les différentes populations : des rapprochement et d’échanges avec les précaires, les chômeurs, les intermittent, les artistes, les intellectuels, les étudiants et étudiantes, les classes populaires et la petite bourgeoisie intellectuelle en luttes, quelque soit les confessions, croyant pas croyant. L’initiative de ces convergences revient entièrement aux collectifs et associations des quartiers populaires périphériques de Lyon.

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(Propos de Pierre-Didier, le 27 avril 2016, commission quartiers populaires, Nuits debout place Guichard.)

Ainsi, ce 3 mai 2016 ont été exposé le contenu des deux premières commissions :

1) la commission contre la rénovation urbaine de gentrification c’est-à-dire le repeuplement des quartiers populaires de Vaulx-en-Velin, par une autre population socialement plus favorisée assurant ainsi la « paix sociale » autour de la métropole Lyonnaise, et par la mise à disposition de biens fonciers et de constructions et d’aménagements urbain « adaptés » à ce repeuplement. Et l’exclusion toujours plus loin des couches sociales les plus pauvres, généralement issues de l’immigration donc racisées, et considérées comme superflues donc remplaçable et déplaçable à souhait.

2) la commission Mémoire, notamment la mémoire des luttes urbaines à Vaulx-en-Velin et Vénissieux, tel que la marche pour l’égalité contre le racisme, (partie le 15 octobre 1983 du quartier de la Cayolle à Marseille), etc., où les intervenants, ont bien signifié que pour eux cela faisait des décennies qu’ils étaient debout.

Ces rencontres ce sont faites dans la rupture totale avec l’entreprise médiatico-politique, ces fabriquant d’« opinion publique » et d’exclusion permanente des populations les plus pauvres, des populations issues de la colonisation et de la postcolonisation et celle Rom, contre le racisme, l’islamophobie, avec la perspective de luttes communes, d’organiser des lieux, Nuits Debout ou Jour debout, dans ces quartiers, ouverts à tous, qui n’exclue pas, où les débats-actions sont horizontaux, hors des idéologies mais dans le vif des réalités que rencontrent les habitants de ces quartiers (chômage intensif, racisme systémique, logement, désert médical, échec scolaire entretenu, violences policières, sociales, sociétales, économiques etc.

La conclusion de ces rencontres avec les occupants et occupantes de l’ENS, et, le collectif unitaire69, a été de se retrouver par la suite à Vaulx-en-Velin, jeudi 5 mai, un moment commun de Nuit Debout-jours de discussion et de manifestation. Mémorial des luttes urbaines,...


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Autre Compte Rendu :

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CR Nuit Debout à Vaulx-en-Velin du 30 avril 2016
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Compte-Rendu Assemblée Générale collectif quartiers pop Vaulx-Venissieux du 3 mai
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Compte-Rendu Jour Debout à Vaulx du 5 mai
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Compte-Rendu Assemblée Générale Vaulx-en-Velin du 7 mai

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