Remise de la pétition contre l’invitation adressé par M. François Hollande au président mexicain Enrique Peña Nieto

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Dans la matinée du 15 juin 2015, des membres de la communauté mexicaine en France et des intégrants du Collectif Paris-Ayotzinapa ont remis à l’Elysée une lettre adressée au Président de la République, M. François Hollande, et au Ministre des Affaires Etrangères, M. Laurent Fabius. Cette lettre, signée par plusieurs associations, collectifs, universitaires, artistes et figures politiques du Mexique, de la France et d’autres pays, dénonce l’invitation du président mexicain Enrique Peña Nieto comme invité d’honneur du président François Hollande le 14 juillet 2015.

La France, historiquement considérée comme le pays des droits de l’homme, s’apprête à recevoir le Président d’un gouvernement corrompu dont le bilan est accablant : 43 000 morts dans les deux premières années du mandat de M. Peña Nieto, 5 204 disparus rien qu’en 2014 (une personne disparue toutes les deux heures), une limitation grandissante de la liberté d’expression avec des dizaines de crimes commis à l’encontre les journalistes chaque année, une répression policière inédite, sans compter les milliers de cas de torture et les exécutions extrajudiciaires réalisées par l’Armée et la Police Fédérale. Cette dernière a même bénéficie d’une formation de la France pour créer une Gendarmerie mexicaine sous le modèle français. L’ensemble des organisations internationales des Droits de l’Homme sont unanimes sur le sujet : le Mexique vit une crise humanitaire sans précédents, où les droits de l’homme sont entièrement bafoués et où l’impunité est la norme.

Depuis son arrivée au pouvoir, d’abord en tant que Gouverneur de l’Etat du Mexique (voir les faits d’Atenco en 2006), puis comme Président de la République (massacres de Tlatlaya, Iguala, Apatzingan, Tanhuato), Enrique Peña Nieto a été responsable, en tant que chef des forces de l’ordre, de crimes réalisés contre son propre peuple. Il a été le premier à cautionner par son inaction l’intolérable violence dans laquelle vit quotidiennement l’ensemble de la société mexicaine.

Un des exemples les plus récents est celui de la disparition de 43 étudiants de l’Ecole Normale Rurale d’Ayotzinapa le 26 septembre 2014. Ce cas a mis à nu le modus operandi du gouvernement mexicain : face à une attaque préméditée dont toutes les forces de l’ordre avaient connaissance en temps réel, les autorités ont essayé d’éluder toute responsabilité en affirmant, sans la moindre gêne, devant les familles des étudiants et l’ensemble de la communauté mexicaine, que les enfants avaient été brûlés et calcinés dans une déchetterie, leurs restes jetés dans une fosse commune.

Après le déni de justice de la « version officielle » d’Iguala, le gouvernement de Peña Nieto, a réactivé la répression et le harcèlement envers les familles des étudiants disparus et ses soutiens dans l’État de Guerrero et ailleurs. Dernièrement, le 7 juin 2015, jour des élections des maires et députés mexicains, le gouvernement a envoyé la Police Fédérale et l’Armée dans trois états du Mexique : Guerrero, Oaxaca et Chiapas, dans le but de réprimer la population, principalement des enseignants, qui manifestait pour dénoncer la collusion entre les hommes politiques et les narco-trafiquants, et s’opposer à tout processus électoral tant que justice n’a pas été rendue. Résultat : 127 détenus et 1 personne tuée par la Police Fédérale.

C’est dans ce contexte que la France s’apprête à signer la vente de 50 hélicoptères Airbus « SuperPuma », qui serviront, tout comme dans les 40 dernières années, à réprimer les mouvements sociaux qui dénoncent la violation systématique des droits de l’homme par l’Etat. C’est également dans ce contexte que la France va recevoir, en tant qu’invité d’honneur, le Président Mexicain Enrique Peña Nieto et son Armée qui, malgré sa néfaste réputation auprès des organismes de droits de l’homme, va défiler sur les Champs Elysées le 14 juillet 2015.

A travers cette lettre, la communauté mexicaine en France et l’ensemble des signataires dénoncent tous ces crimes et violations, cautionnés et encouragés par l’ensemble des accords économiques et militaires entre le Mexique et les États européens, dont la France est un partenaire « stratégique ». Sans oublier les grandes entreprises de l’industrie militaire et civile qui, à l’instar d’Airbus, cherchent à signer des contrats mirifiques au détriment de la population mexicaine, triple victime de la pauvreté, de la violence d’Etat et de la loi de narco-trafiquants. Une version plus courte de la même lettre fait l’objet d’une pétition on-line ; elle est hébergée par la plateforme Change.org et restera accessible jusqu’au 13 juillet. A ce jour, elle compte avec plus de 5 400 signatures.

Afin d’informer la société civile de cette situation d’urgence, une table ronde aura lieu le 26 juin, à l’occasion des 9 mois de la disparition des étudiants d’Ayotzinapa et de la Journée internationale contre la torture. Nous vous enverrons les détails (heure et lieu) dans les prochains jours, mais vous y êtes, dès maintenant, très cordialement conviés.

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Pour voir et/ou signer la pétition.

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