Sans précedents

690 visites

Sans précédents. Telle est la caractéristique de l’époque que nous sommes en train de vivre pleins d’étonnement, d’angoisse, d’effroi, d’espoir. Bien sûr, l’histoire a déjà connu dans le passé des guerres, des insurrections ou des économies en déclin. Mais, après coup et avec la distance de sécurité requise, il nous a toujours semblé facile d’identifier les parties en présence, leurs raisons et l’influence des différentes actions des protagonistes sur l’enchaînement des événements. Les deux derniers siècles nous ont fourni une connaissance à atteindre, ils ont ciselé nos certitudes et nos doutes, ils ont mis en page le guide que nous utilisons pour agir au quotidien. Mais le troisième millénaire s’est immédiatement ouvert à l’enseigne de l’imprévu.

Le matin du 11 septembre 2001, au réveil, qui aurait dit que quelques heures après, le monde n’aurait plus été le même ? Les dix années parcourues depuis lors n’ont fait que détruire les uns après les autres nos points de repère les mieux ancrés. Pour en arriver à aujourd’hui, avec un pays européen depuis longtemps en équilibre précaire entre réaction et révolution (Grèce), un autre célèbre pour son flegme mis à feu (Angleterre), d’autres encore à deux pas du krach économique (Italie, Espagne, Portugal, Irlande) ; des régimes lointains qui paraissaient éternels et se retrouvent en miettes en quelques semaines (Tunisie, Egypte, Libye), d’autres contraints pour survivre de mener une répression impitoyable contre leur population (Syrie) ; et la super puissance mondiale elle-même, les Etats-Unis maîtres de la planète, qui se retrouvent à faire leur compte avec une balance économique en faillite. Pour ne pas parler des innombrables guerres qui auraient dû durer peu de temps et se prolongent (Irak et Afghanistan), des conflits qui paraissaient apaisés et qui se sont ravivés (Israël-Palestine), des migrations de masse qui bouleversent (dans un sens ou dans l’autre) le mode de vie de millions de personnes, des catastrophes bien peu naturelles qui impliquent des mutations non seulement de l’environnement, mais aussi sociales et politiques. Jusqu’à en arriver à la vie quotidienne, celle que nous traînons jour après jour, toujours plus aux prises avec l’absence de travail aliénant, mais nécessaire pour se procurer de l’argent qui ne suffit jamais pour acquérir des marchandises qui ne valent rien… chaque chose contribue à diffuser la conscience que ce présent n’a pas de futur.

Le monde que nous connaissons, le seul dont nous ayons eu une expérience directe, se désagrège sous nos yeux. Peu importe ici d’établir si sa débâcle est le résultat d’une mauvaise administration du pouvoir ou aussi des luttes des mouvements sociaux, qu’il s’agisse d’une vieille prévision qui se réalise ou d’une nouveauté surprenante. D’une certaine manière, il importe également peu de savoir si cela est réel et matériel, ou s’il s’agit de l’énième illusion virtuelle. Ce qui est certain est ce qui est perçu, senti. En tout cas, pour ceux qui ont l’intention de mettre ce monde sens dessus dessous, cela ne peut qu’être une bonne nouvelle. Plus besoin de tenter d’ouvrir des brèches dans le mur de consensus qui régit l’ordre social : ce mur s’effrite déjà. Rien n’est plus comme avant. Pourtant, la situation qui se développe et qui devrait en théorie ne susciter qu’enthousiasme de notre côté, provoque en pratique surtout du désarroi. Etant nés et ayant grandi au siècle dernier, dans le précédent millénaire, comment faire pour être contemporains et actuels ? Le langage, les grilles d’interprétation auxquelles nous sommes habitués, semblent ne plus servir à grand chose et se révèlent petit à petit inutilisables. Nous courrons le risque d’apparaître comme des reliques historiques, des antiquités poussiéreuses bonnes pour les musées.

Voilà pourquoi une confrontation large est plus que jamais nécessaire et urgente. Devant nous sont en train de s’ouvrir des occasions inimaginables. Pour réussir à les cueillir, nous ne devrons plus apprendre de leçons par cœur, mais pas non plus nous fier au pur hasard, et encore moins suivre quelque mode idéologique éphémère. Se rencontrer, discuter, échanger ses idées, en vue de… (oui, en vue de quoi déjà ?), devient toujours plus indispensable.

La suite à lire sur : http://subversive.noblogs.org/post/2011/09/14/sansprecedents

Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Publiez !

Comment publier sur Rebellyon.info?

Rebellyon.info n’est pas un collectif de rédaction, c’est un outil qui permet la publication d’articles que vous proposez. La proposition d’article se fait à travers l’interface privée du site. Quelques infos rapides pour comprendre comment être publié !
Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à nous le faire savoir
via le mail contact [at] rebellyon.info