Premier témoignage.
Je suis arrivé tard à la manifestation contre les ordonnances Macron. J’ai rejoins le cortège par sa tête sur le cours Gambetta. Au moment où j’entre dans la manif, les flics ont déjà coupé le début du cortège en deux : d’un côté non-affiliés et autonomes ; de l’autre côté personnes des organisations avec la CGT derrière la banderole de tête. Bref dès le début, même si je ne le sais pas encore, alors que j’arrivai je suis déjà en train de me faire nasser ! Petit à petit les choses se clarifient : les flics chargent contre nous, sans raisons visibles, nous matraquent, nous gazent, puis ils nous poussent vers une autre ligne de CRS derrière nous. La pression monte : ils veulent nous faire reculer. Plusieurs personnes sont blessées, la plupart par des coups de tonfa, aux épaules, aux genoux, à la tête. Certaines d’entre nous semblent habituées à ce genre d’ambiance, beaucoup d’autres par contre sont ici tout à fait par hasard car elles rejoignaient tout simplement le cortège syndical. Un voisin, en solidarité, nous jette des bouteilles d’eau depuis sa fenêtre pour que l’on puisse boire. Plusieurs personnes se font interpeller, au moins deux, peut-être trois, pendant la nasse. Derrière les flics, nous voyons que le cortège reste solidaire : la manif ne part pas sans nous ! On se renvoie des slogans... Au loin, la fanfare nous réchauffe le cœur. Des militants CGT entrent dans la nasse et nous expliquent qu’eux aussi négocient notre libération sans obligation de décliner notre identité. Au final, nous sommes près d’une centaine de personnes à s’être fait nasser pendant plus d’une heure et demi. Nous sommes fouillés, mais pas de contrôle d’identité. Par contre un flic nous filme fièrement un à un avec une caméra : ...ça sent le fichage.
Enfin sortis, nous sommes contents de retrouver les potes ! Chacun, chacune se raconte la manif qu’il ou elle a vécu. On m’explique l’opération a créé de la discorde : certains voulaient attendre les nassé-es, tandis que d’autres voulaient avancer et partir en manif.
On me dit aussi que l’opération policière s’est déroulé au début avec une certaine complicité du service d’ordre de la CGT. La suite et fin de la manif s’est déroulé calmement, tout le monde étant fatigué de piétiner pendant des heures sur place et par l’opération policière qui n’avait qu’un objectif : scinder. Scinder tant physiquement qu’idéologiquement le mouvement naissant. Ils voulaient séparer les « méchants » casseurs et les « gentils » syndicalistes. Ne cédons pas à ces provocations, restons unis dans la lutte.
Deuxième témoignage.
Lorsque je suis arrivé sur le lieu du rassemblement de la manifestation, les barrages de police ont fait en sorte que je me suis retrouvé séparé du cortège principal. Le cordon de CRS nous séparait ainsi de la manifestation de façon tout à fait aléatoire. Suite à de brefs mais violents affrontements de la part de la police, les personnes avec lesquelles j’étais parqué ont été amenées à reculer de façon progressive contre un autre cordon de CRS dans une rue latérale. La police, particulièrement excitée, nous a ainsi rabattu violemment dans un espace exigu nous laissant aucune alternative. Elle nous a laissé ainsi l’occasion de savourer la verve policière.
Ainsi la nasse a duré environ deux heures, durant lesquelles aucune solution acceptable ne s’offrait à nous, car si on sortait dans la rue opposée à la manif, nous étions exposés à des contrôles d’identité, fouilles et arrestations en cas de refus. Puis, suite à un recours de la CGT, largement motivé par les autres manifestants de négocier avec la police, il s’est agit de nous laisser sortir sans contrôles d’identité, mais après fouilles au corps et prises de film à la caméra : coucou le fichage ! Puis ensuite nous avons gentiment suivi la déambulation aseptisée du cortège jusqu’à la place bêêêlecour !
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