Appel à manifester



Vendredi 10 juin 2011



TaPaGeS participera à la 10ème « Marche des Visibilités LGBTI » le samedi 11 juin 2011 à Strasbourg dans un « pink, black, red... bloc » commun avec STS, Les Poupées en pantalon et Over the Rainbow.
Rendez-vous à 14 h place de l'Université pour le départ de la marche derrière nos banderoles roses.




Communiqué de presse



ARRÊTONS D'ÊTRE FIÈReS, SOYONS RÉVOLUTIONNAIRES !



Merveilleux pied de nez de l'Histoire : tandis que notre droite moisie expose au grand jour ses accointances avec le Front National en reprenant le discours des Le Pen père et fille contre les immigréEs arabes et les musulmanEs françaisEs (présentéEs comme les ennemiEs des gays, ce qui est faux ; ce qui est vrai, en revanche, c’est que la droite, elle, nous déteste et nous discrimine à longueur de temps : nous ne serons pas l'alibi universaliste et tolérant de leur racisme !), ces mêmes arabes, ulcéréEs par les effets dégueulasses du néolibéralisme et de la dictature sur leurs vies, montrent héroïquement en Tunisie, en Égypte, en Libye, au Yémen, en Syrie qu'on peut changer les choses. Que le peuple dans la rue, ça veut dire quelque chose. Que rien n'est fatal. Que se battre pour l'égalité, la liberté, un autre futur, ce n'est pas qu'un écho vague des luttes de libération des années 70, mais c'est d'une actualité brûlante, c'est d'un enthousiasme contagieux. Aujourd'hui, ce sont les arabes, dans toute la radicalité de leur indignation, qui incitent l'Espagne, la Grèce, et la France, à se révolter à leur tour.
C'est le souffle de l'émancipation que nous voudrions retrouver dans nos rassemblements et nos manifs et pourquoi pas celle d'aujourd'hui, en écho aux luttes de libération des années 1970 : celle de Stonewall, émeute sublime, moment où les pédés, les gouines et les trans' ont pris leur destin en main. Où ils et elles ont décidé de se libérer de l'oppression. Trois jours et trois nuits de sédition à New York en 1969 : qu'elle était belle et révolutionnaire, cette colère !
Si belle que, depuis, année après année, on descend dans la rue pour commémorer ce moment, pour se rappeler d'où on vient, que toute lutte de libération, dans le fond, ne peut naître que dans la rue. Mais, de plus en plus, ce souvenir s'enlumine dans nos mémoires et prend la poussière dans nos consciences.
Nous sommes fierEs, paraît-il.
Mais fièrEs de quoi, et de qui ?

Nous nous sommes contentéEs de bien peu, finalement : un ou deux bars gay, quelques élus pédés, un sous-droit, une série lesbienne à la télé...
N'y-a-t-il vraiment plus aucune raison de se battre ? Certes, nous sommes de plus en plus souvent KO, à genoux, épuiséEs ; tous les jours un peu plus sidéréEs par l'abjection de ce gouvernement, lui
qui expulse et donc condamne à mort les étrangerEs malades,
qui pénalise les putes sous prétexte de défense des femmes (alors que Sarkozy s'interrogeait le 8 mars sur l'utilité de la Journée des femmes, alors qu'il est de plus en plus difficile d'avorter, alors que les femmes gagnent toujours 25 % de salaire en moins à travail égal...),
qui refuse aux toxicomanes les salles de shoot permettant la réduction des risques,
qui ignore toujours l'urgence de la lutte contre le SIDA,
qui fait croire qu'il lutte contre l'homophobie tout en laissant ses éluEs nous insulter,
qui empêche avec obstination toute avancée vers l'égalité des droits (ils sont contre le mariage, contre l'adoption, contre l'aide à la procréation médicalement assistée...)
qui reste de marbre quand nos sœurs sont menacées en Ouganda (où une loi prévoit de condamner à mort les personnes LGBTI), tabassées à Moscou (où la Gay Pride, comme tous les ans depuis 2006, s'est terminée dans la violence et la répression de la police et des fachos),
qui bétonne les franchises médicales et dérembourse les médicaments à tour de bras,
qui veut mettre les chômeurs au travail forcé,
qui continue de détruire les services publics, les retraites, la Sécu...
Bref : qui appauvrit les pauvres et enrichit les riches et qui, pour mieux régner, essaie de nous monter les unEs contre les autres : salariéEs contre chômeurs/-euses, « bien-portantEs » contre malades, hommes contre femmes, homos contre hétéros, « de souche » contre « originaire de », sédentaires contre migrantEs, blancHEs contre non-blancHEs.

Aujourd'hui, cette politique raciste, sexiste, homophobe, anti-pauvres : capitaliste et patriarcale, ne nous donne en rien envie de danser au rythme de la techno.
Elle ne nous donne pas plus envie de « voter » pour les candidatEs à « l'alternance » présidentielle présentée comme la panacée à tous nos problèmes : qu'attendre des promesses d'un PS toujours plus à droite qu'on a hélas déjà si tristement vu à l'œuvre ?
Cette année, c'est un comble, elle ne nous donne même plus envie de nous mobiliser, comme ce fut le cas en 2004, « pour la parentalité », même si nous rageons évidemment de voir nos familles toujours ignorées par la loi.
Cette politique monstrueuse nous fait plutôt rêver d'un rassemblement plus vaste qu'un cortège de quelques milliers de transpédégouines, plus durable qu'un après-midi ensoleillé, plus désespérément et radicalement enragé qu'un défilé convenu et festif.
À nous aussi, elle nous donne envie de hurler « Dégage ! »


À Moscou, ils prennent des torgnoles, ici on danse en farandoles... mais demain : la Carmagnole !




TransPédéGouines de Strasbourg, le 10 juin 2011







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