Des nouvelles des lycéen-ne-s

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Les formes d’action se diversifient, tandis que la mobilisation s’affaiblie et que les bilans commencent à être tirés.

Alors qu’une trentaine de lycéens arpentaient Jeudi 24 les différentes facultés lyonnaises pour convaincre les étudiants de la nécessaire jonction de ceux-ci avec un mouvement qui ne pourra perdurer seul, des centaines d’autres bloquaient les lycées Ampére, E. Herriot, Lacassagne, alors que d’autres actions avaient lieu sur d’autres établissements. Ils étaient une dizaine à avoir dormi sur la pelouse du parc d’E.Herriot pour préparer son blocage dès le matin.

Les blocages et occupations se sont multipliés dès le commencement de la semaine dans tout le pays. A Lyon, c’est la première forme d’action qui domine pour l’instant.

Vendredi, rebelotte, encore plus fort : un blocage du lycée Saint-Exupéry, vraisemblablement décidé la veille par un petit groupe déterminé, s’est poursuivi toute la mâtinée, jusqu’à ce que des élèves d’autres lycées, principalement d’Herriot, rejoignent leurs collègues saint-exois. Le tout sans aucun mot d’ordre clair et national de grève.

Une manifestation spontanée (entre 500 et 1000 participants) s’est alors improvisée, qui s’engouffra dans les pentes de la croix-rousse pour aller débrayer les autres lycées. Le même scénario se répéta devant chacun d’eux : les portes closes, l’administration accueille avec mépris les manifestants, menaçant même d’exclusion les quelques « agitateurs » qui demandaient avec trop d’insistance que le droit de manifestation soit respecté.

Sur le chemin de la manifestation, on sentait une nouvelle fois la profonde solidarité de la population avec les lycéens : des dizaines de coups de klaxon, des points levés aux fenêtres des immeubles, les saluts des ouvriers du bâtiment et les sourires des passants.

Si cette manifestation baignait dans une atmosphère positive, les limites de l’absence de structuration se sont faites ressentir : aucun point de rendez-vous central n’a été clairement annoncé, qui aurait permis aux groupes de quelques dizaines de lycéens partis chacun de leur côté débrayer et bloquer des bahuts ... de se rejoindre pour manifester massivement.

Une autre limite de ce type d’actions, lorsqu’elles ne sont pas couplées d’une coordination tangible du mouvement à l’échelle de toute une région, est aussi montrée par l’absence de la majeure partie des lycées, qui n’avaient pas pu être prévenus, de cette journée improvisée. On peut penser notamment aux lycées éloignés du centre ville, aux lycées professionnels...

De plus, le ton qui dominait, sur beaucoup de pancartes, était celui de la défaite : « les lycéens ont été humilié, nos voix n’ont pas été écoutées », pouvait-on ainsi lire sur l’une d’elle.

Plus que d’un « nouveau départ » du mouvement, on sent que les infatigables lycéens souhaitent ici montrer, sans illusion, leur colère et leur disponibilité à la mobilisation, qui reste sans perspectives. C’est en effet le pessimisme qui domine, dans la discussion.

Pourtant, et alors même que ces deux journées ont montré la profondeur de la colère à la base, les grands médias, télés et radios, ont décidé d’enterrer le mouvement, le décrétant mort définitivement. Sur France 2, vendredi à midi, on pouvait voir la présidente de la FIDL, débattre avec un pseudo-"syndicaliste" enseignant de droite, ... du phénomène des "blogs", ces carnets intimes électroniques destinés aux adolescents, dans lesquels ces derniers insulteraient de façon insistante leurs professeurs. Aucune mention n’a été faite du mouvement, comme s’il n’existait plus.

La clef est désormais entre les mains des étudiant-e-s, des travailleurs/ses et précaires, avec ou sans-emploi, qui devront surmonter, outre la pression patronale et l’absence d’organisation, les stratégies de bousille des appareils syndicaux bureaucratiques (CGT, FO, FSU, UNEF, etc.). « Temps forts » tous les deux mois, refus des bureaucraties étudiantes et enseignantes de mobiliser pour les AGs, grèves et manifestations ; tout est fait pour empêcher la grève générale et maintenir la colère dans le cadre des tranquilles manifestations mensuelles et dans celui des illusions électorales (cf. référendum sur la constitution européenne).

L’entrée en lutte des étudiant-e-s, des profs et des salarié-e-s est pourtant la seule alternative pour ne pas gâcher la formidable volonté lycéenne, et ne pas transformer ce mouvement qui aura politisé des milliers de jeunes, en une défaite de plus.

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