Pas loin de policiers, il est dangereux de passer un coup de fil

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Une personne de Villeurbanne ne s’attendait pas à subir, sans raison, de telles violences de la part d’un policier. Elle fait passer son témoignage par l’intermédiaire de l’association TÉMOINS.

A Villeurbanne, le dimanche 8 Janvier vers six heures du matin, pour
terminer la nuit ensemble, quatre copains avaient l’intention d’aller
boire le café chez un ami rue Flachet. Après avoir garé leur voiture rue
de Pressensé, ils ont entendu des hurlements ; par curiosité ils sont
allés voir ce qui se passait. Arrivés sur les lieux ils ont vu quatre
véhicules de police et un véhicule de pompiers, et des policiers en
train de tabasser violemment une personne à terre.

Aussitôt, brutalement et sans raison valable, Karl, lui aussi, a été
pris à partie agressivement par un fonctionnaire de police pensant qu’il
filmait la scène avec son portable ; ce qui n’était pas du tout le cas.
Karl lui a expliqué qu’il était en train d’appeler l’ami chez qui ils se
rendaient, la porte étant fermée. Alors les policiers ont fait un
contrôle d’identité suivi d’une palpation. Karl, ainsi que ses copains
ont présenté leur papier d’identité. Seule, une personne n’avait pas ses
papiers sur elle.

Après des paroles peu amènes de la part des policiers, deux autres
fonctionnaires de police ont traversé prestement la route. Aussitôt l’un
d’entre eux, armé de son tonfa, a fait sans raison une forte pression à
la gorge de Karl. Cette réaction a entraîné les protestations justifiées
de tous, et en particulier celle de Karl, et de deux autres de ses
copains.

Suite à quoi les policiers ont décidé d’amener ces trois personnes en
garde à vue pour ivresse publique manifeste, alors même que ceux ci
n’avaient quasiment pas consommé d’alcool, et sans qu’aucun alcoolotest
n’ait été pratiqué. Sur ce, ils ont été menottés et ils ont été obligés
d’aller vers trois voitures de police différentes. Karl a été pris en
charge par un fonctionnaire de police agressif qui l’a projeté au sol,
les mains attachées dans le dos, parce qu’il lui aurait soit disant dit
"qu’il était con et qu’il faisait le malin parce qu’il avait un
uniforme", alors que ces paroles n’ont même pas été prononcées.

Ne pouvant se rattrapper avec les mains menottés dans le dos, la chute
brutale de sa tête sur le trottoir lui a provoqué une ouverture au
visage nécessitant une hospitalisation et un gros hématome au genou,
sans compter des douleurs à l’épaule. D’autre part, Karl portant des
lunettes, outre le fait qu’elles étaient cassées, s’est retrouvé avec
des morceaux de verres plantés à quelques millimètres de son oeil
droit.

Suite à cela une des personnes menottées, interrogeant un fonctionnaire
de police sur les raisons de cet acte inattendu malgré une attitude
respectueuse de leur part, s’est vu signifier que dans le cas contraire
il aurait eu lui aussi - texto - : « la gueule en sang ».

Tout a été fait de manière incompréhensive. Deux des personnes menottées
ont été relâchées. Seul celui qui avait le visage
ensanglanté, Karl, était conduit au commissariat de Villeurbanne,
malgré la présence des pompiers sur place qui auraient pu le prendre en
charge tout de suite.

Les trois autres personnes se sont aussitôt rendues au poste de police
afin de porter plainte, ce qu’ont refusé de manière très agressive les
agents présents au commissariat de Villeurbanne. Tout juste ont-ils
accepté de remplir une main courante après que l’Officier de Police
Judiciaire de l’hôtel de police Marius Berliet, que ces trois personnes
ont contacté, les en est obligé.

Karl fut enfin transporté aux urgences de l’hôpital de Grange Blanche,
toujours menotté. Là on lui a fait des points de sutures, toujours
menotté et toujours accompagné de deux fonctionnaires de police qui, au
vu des blessures, étaient, eux, très gentils. Mais, tout de suite après,
il a été conduit en garde à vue à Marius Berliet. Arrivé sur place, on
l’humilie, on le met nu complètement, on lui fait une fouille intime,
alors que rien ne l’exigeait, et après, on le place dans une cellule où
une odeur insoutenable s’y dégageait et où il faisait très froid. On lui
a donné une couverture qui sentait encore pire que la cellule.

Avant d’être emmené en cellule, un des policiers qui étaient sur les
lieux à Villeurbanne lui a dit que même lui n’avait pas compris ce qui
s’était passé : "il discutait avec lui, puis il a tourné la tête ayant
entendu un bruit et quand il s’est retourné à nouveau, Karl était par
terre la tête en sang".

Vers 14h30, il a été entendu par un policier qui l’a obligé à signer un
papier sans qu’il puisse le lire alors qu’il n’avait pas de lunettes. Il
lui a dit que pour sortir de garde à vue il fallait qu’il signe, ce
qu’il a fait rapidement tant les conditions de garde à vue étaient
effrayantes. Ensuite on le replace dans la cellule. Vers 16h, il a vu un
médecin qui était étonné qu’il n’ait qu’une chemise et un petit blouson,
car il tremblait de froid. Ensuite on l’a replacé dans la cellule. Il a
finalement été libéré à 17 heures.

Cependant, un médecin a prescrit à Karl 20 jours d’I.T.T., c’est-à-dire
un arrêt de travail de 20 jours dans l’immédiat, ce qui est pénalisant
car il travaille dans une petite entreprise. Il a la malléole qui est brisée, et ce sera long à guérir. Il a encore des douleurs en plusieurs endroits. De plus, il risque d’avoir à vie une cicatrice au visage, une fois les
points de suture enlevés, et sans parler du traumatisme
psychologique...

Le mardi 10 janvier, il a voulu porter plainte au commissariat de
Villeurbanne, car il trouvait complètement anormal ces faits de la part
de policiers. On lui a refusé sa plainte.
C’est là qu’il a appris alors
qu’il doit passer lui-même au tribunal de Lyon le 22 mars, et que c’est
lui qui est inculpé d’outrage, rébellion et violences sur agents de la
force publique !!!

Il s’agit dorénavant de réellement faire attention à ne pas téléphoner
au cas où dans le coin se trouveraient des policiers, qu’ils soient en
uniforme ou non...

Ne sachant que faire, devant ces pires tourments injustifiés, il a pris
contact avec le réseau SISTONS ENSEMBLE, puis, à Lyon, avec
l’association TÉMOINS, et également avec la Ligue des Droits de l’Homme.

Il est scandalisé et ne veut pas en rester là, en effet, c’est le monde
à l’envers : c’est lui qui est inculpé, alors que c’est lui qui a été
blessé par un policier !

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  • Autres infos : Permanence les 1ers jeudis du mois à 19h à la Luttine, 91 rue Montesquieu (Lyon 7eme) Possibilité de permanence en mixité choisie à 18h30, les 1ers jeudis du mois à la Luttine, 91 rue Montesquieu (Lyon 7eme). Pour les dons : -par chèque à l’ordre de Témoins-Caisse de Solidarité à envoyer au 91 rue Montesquieu 69007 Lyon -via le site helloasso : https://www.helloasso.com/associations/temoins-des-acteurs-en-mouvement/formulaires/2 La caisse de solidarité est membre du réseau RAJCOL https://rajcollective.noblogs.org/

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