Violences policières dégradantes à l’hôtel de police Marius Berliet de Lyon

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Ce week end au commissariat Marius Berliet les fonctionnaires de police assermentés ont à nouveau(, , et ) fait preuve de leur violence et de leur sentiment d’impunité.

Dans son rapport de 2005 la CNDS “attire l’attention sur les incidents ou violences lors
de certaines gardes vue”. Dans son bilan d’activité sur cinq ans, rendu public fin 2006, elle constate aussi que les
nombreux abus relevés sont essentiellement imputables à la police. Parmi ces abus,
les dérives de la garde à vue figurent évidemment en première place. Les organisations non gouvernementales, elles aussi, relèvent régulièrement des abus. Un rapport accablant d’Amnesty International rendu public en avril
2005 s’intitule : “France, pour mettre fin à l’impunité de fait des agents de la force publique, dans les cas de coups de feu, de morts en garde à vue, de torture et autres mauvais traitements”.

La France a déjà été condamnée à trois reprises par la cour européenne des droits de l’homme dans les quinze dernières années pour torture, pour des violences commises pendant une garde à vue.

Ces rapports et condamnations sont vraisemblablement bien loin de la réalité. Beaucoup de violences policières ne sont pas enregistrées, pas comptabilisées.
Certaines victimes de violences policières ont l’habitude d’être méprisées, maltraitées, insultées et l’idée que ça ne soit "pas normal" ne leur vient pas à l’esprit.
D’autres préfèrent ne plus jamais entendre parler de leur tabassage.
Il existe aussi des victimes de violences policières durant leur garde à vue qui en font part à leur avocat sans que celui-ci ne veuille en parler devant le Tribunal, préférant plaider sur l’affaire qui amène leur client devant le tribunal plutôt que sur les violences dont il est victime.

C’est le cas de Roland R [1] qui a dû subir des traitements inhumains pendant sa garde à vue du 22 juin au commissariat Marius Berliet, à Lyon.

Roland a été roué de coups pendant sa garde à vue au commissariat Marius Berliet

Roland, 29 ans, s’est fait interpellé par 3 CRS en patrouille le soir de la fête de la musique ; il était ivre et s’était fait sortir d’un bar, place des Terreaux, lorsque les 3 pandores passant par là l’ont interpellé.

La garde à vue a dégénéré lorsque Roland a refusé de se mettre à 4 pattes pendant la fouille. Il s’est plié aux injonctions de retirer ses vêtements, son slip puis de rester nu et de se retourner à plusieurs reprises et enfin de se baisser en essayant de toucher le sol avec ses mains.
Mais se mettre à 4 pattes nu dans la salle, il a refusé. Un fonctionnaire de police a bien dit à son colègue qui faisait la fouille de laisser tomber ; mais l’autre plutôt que de l’écouter a appellé deux autres fonctionnaires assermentés qui sont venus rouer de coups Roland pour qu’il se mette à terre. Roland a reçu des coups de poings sur le corps et au visage jusqu’à être plaqué à terre où il a été roué de coups à nouveau et a perdu 2 dents ; puis il a été traîné (nu) dans le commissarait jusqu’à sa cellule. Dans sa cellule, il est resté nu toute la nuit.

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C’est lui qui en parle spontanément au Tribunal le lundi 25 juin, tout comme c’est lui qui précise qu’il exerce un travail salarié en CDI. Son avocate commis d’office n’en soufflera pas un mot. Vraisemblablement sans expérience, elle plaide la même condamnation que le procureur : deux mois de prison avec mandat de dépôt et un régime de semi-liberté, les réquisitions du procureur sont tout à fait opportunes pour monsieur R...
Le Tribunal, présidé par le juge Piffault, sera plus indulgent que son avocate commis d’office. S’il a reconnu Roland coupable, il lui inflige une peine de 120 jours amende à 10 euros par jour et pas de prison.

De son point de vue Roland aura été tabassé par des flics, son avocate n’en aura touché mot à personne pendant l’audience, le Tribunal ne prononcera aucune sanction contre les faits qu’il a dénoncé et il ressort du tribunal avec une grosse amende aprés avoir passé 4 jours et 4 nuits en détention.

Voilà comment passent à la trappe de très nombreuses violences policières subies pendant la garde à vue : à moins d’être militant ou têtu et plein d’énergie, beaucoup dans le cas de Roland préféreront passer à autre chose et oublier.

P.-S.

Il faut citer le travail important réalisé par l’association Témoins (ici aussi) qui s’active à récupérer des témoignages de violences policières via des réseaux de soutien, des témoignages spontanés ou rapportés, puis aide les victimes à faire reconnaître juridiquement les violences qu’elles ont subies.

Notes

[1Le prénom a été changé

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