Sexisme et transphobie, la parole d’une femme transsexuelle niée par les flics et les journaux

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Une femme transsexuelle de 25 ans a été violée par deux hommes dimanche dernier vers 3h30 du matin, rue Saint-Michel dans le 7e arrondissement de Lyon.
Et malheureusement, comme souvent la parole de la personne agressée est remise en cause par la police mais aussi les médias qui semblent pour certain s’amuser de la situation.
Stop au viol, Stop la Transphobie

Un traitement médiatique sexiste et transphobe

L’information est sortie en premier par LyonMag, puis elle a été relayée par d’autres journaux. Source qui comme souvent pour les informations qu’elle considère être des « fait divers » s’en tient à la forme brève très courte censée être impartiale. Impartiale ? Ces informations sont biaisées car souvent données par la police ou la justice.

Pour parler de cet acte particulièrement abominable et faire du clic, Metronews surfe sur les préjugés transphobes avec avec son titre sous la forme de la blague potache :

« Lyon : il pensait coucher avec une femme... et tabasse le transsexuel »

et son sous-titre :

« Fait Divers : Pour expliquer son geste, l’agresseur a dit aux enquêteurs ne pas s’être rendu compte qu’il couchait en réalité avec un transsexuel ».

Mais pourquoi le « journaliste » reprend la parole de l’agresseur dans son titre et ne fait nulle mention de celle de la personne agressée qui explique qu’elle a été violée !
On pourrait même avoir l’impression qu’au final c’est l’agresseur la victime ! Ben oui il s’est fait rouler sur la « marchandise », c’est plutôt normal qu’il la frappe !

La suite de l’article n’est guère mieux, racontée sous le ton de la série TV :

« Il est 3 heures du matin, dans la nuit de dimanche à lundi. Le calme nocturne est soudain brisé par des coups et des cris. Un transsexuel de 25 ans est violemment agressé, en pleine rue, dans le VIIe arrondissement de Lyon »

Non mais c’est une vie qui vient d’être brisée là, ce n’est pas le calme !
En plus de tromper son agresseur, la victime brise le calme nocturne des bons citoyens qui eux sont chez eux en train de dormir !! Ben voyons ...

L’article comme on s’en douterait ne fait preuve d’aucun travail journalistique et se permet en plus de justifier le flicage de la ville :

« Choqué, il explique aux policiers qu’il vient de se faire violer par deux individus. L’enquête avance très vite et deux suspects sont arrêtés. Le premier, âgé d’une trentaine d’années se défend et affirme ne pas avoir violé la victime. Il reconnaît avoir eu une relation sexuelle consentie. Une version confirmée d’ailleurs par les bandes des caméras de vidéosurveillance. Après son audition, l’homme a été remis en liberté »

Comment sérieusement une caméra de surveillance peut elle savoir si il y a consentement ou non ? Elle peut voir s’il y a une menace physique avec une arme par exemple, mais la question du consentement ou de la menace psychologique, comment la police la voit à l’écran ?? Quand est-il de la parole de la victime ? Pourquoi les médias qui taxent régulièrement la justice de laxiste quand des jeunes brûlent une poubelle et ne sont pas punis, ne sont pas choqué par la non poursuite de la personnes devant la justice ?

L’article termine :

Le deuxième agresseur présumé, lui, a reconnu avoir tabassé le transsexuel. La raison  : il ne s’était pas rendu compte que la jeune femme était en fait un homme  ! Une découverte qui l’a mis dans une colère noire et incontrôlable. Il devrait être bientôt convoqué par le tribunal de police

Ici la police par le biais cet article atroce, informe donc le « citoyen » qu’en France, on peut violer en toute impunité dans la rue mais qu’il ne faut quand même pas aller trop loin en tabassant les personnes ... on remarque là encore (sans souhaiter à personne l’enfermement dans les prisons qui devrait être détruites), l’incohérence totale de la justice qui place en détention provisoire un voleur de pomme et laisse sortir un violeur !

Comme d’habitude, la justice, la police et les médias s’entendent donc bien lorsqu’il faut défendre les biens du capital, mais n’en ont rien à faire de défendre les opprimées ...

Le viol et sa reconnaissance, ou le sexisme ordinaire
De fait, la parole des agresseurs prime largement sur celle de la personne agressée.
Ce fait divers nous rappelle violemment la misogynie, le sexisme et la transphobie à l’oeuvre quotidiennement dans les rapports sociaux. Une personne appréhendée comme femme est l’objet d’un désir sexuel de la part de personnes cissexuelles et se définissant comme homme. Le cas du viol de cette personne transsexuelle nous rappelle que dans la transphobie, il y a aussi de la misogynie et du sexisme, ces rapports de domination qui légitiment le viol.

La transphobie
Ensuite, il y a cette reconnaissance, ou non, du statut de « vraie femme ». Faut pas déconner, hein, si une personne parait féminine, arbore des attributs féminins, c’est qu’elle aguiche et doit être en mesure de remplir toutes les attentes sexuelles du bonhomme. L’impression d’avoir été trompé sur la marchandise est tout à fait révélatrice de la transphobie. L’individu ici voulait exercer pleinement un rapport de domination sur une femme, et se retrouve confronté à une personne qui ne répond pas à sa définition de « la femme ». Il se trouve donc à la fois empris de sentiments homophobes ( Aurais-je violé un homme ? Moi ? Quelle horreur !), de sentiments transphobes (Une personne qui se joue voire joue avec le genre ? Qui ne se reconnait pas « homme » alors que moi je lui assigne ce genre ? Frappons la !), et de sexisme (on rappelle qu’on parle d’un viol là).

C’est fou que du coup, la presse, qui parle de viol au début de son article, finisse par parler de « violence ». En déniant à la personne transexuelle son statut de femme, l’individu interpellé comme la presse dénie aussi le viol. C’est comme ci, puisque cette personne ne serait pas une « vraie femme », il n’y aurait pas eu de violences sexuelles, mais uniquement des violences (sentiment homophobe, transphobe).

La presse, comme les agresseurs dénient d’une part leurs actes, c’est-à-dire un viol, mais aussi l’identité même de la personne agressée, qui ne se trouve pas reconnue en tant que femme. De même, la parole ne lui est pas donnée et ce ne sont que les justifications des agresseurs qui sont mises en avant dans ces articles.

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  • Le 13 mars 2016 à 23:38, par morlon

    Agresseur condané par le tribunal correctionnel de Lyon ce jeudi 11 mars à 6 mois de prison ferme et 1000€ de dommage.

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