L’élément déclencheur est plus précisément celui-ci : d’abord une série d’incendies a ravagé plusieurs parties du pays sans que le gouvernement parvienne à rien faire de manière conséquente. Situation qui a révélé l’impuissance des gouvernants et encouragé le soulèvement1. Ensuite, l’annonce d’une série de taxes sur, entre autres choses, les oeufs, les corn-flakes et les messages WhatsApp a vraiment fait déborder la colère.
Une lectrice de Grozeille ayant pris part aux manifestations nous envoie une poignée de textes retraçant au jour le jour ses impressions et ses espoirs depuis Beyrouth. Nous actualiserons progressivement cet article, vous pouvez également retrouver les posts de l’auteure, Leyane Ajaka ici.
18/10/2019 — Depuis plusieurs semaines le Liban souffre des affres d’une crise économique asphyxiante et pernicieuse.
Depuis quelques jours, le gouvernement libanais annonce de nouvelles taxes pour un peuple à la monnaie menacée dans une économie vacillante. Il est annoncé qu’il faudra payer encore plus, encore plus souvent pour remplir les caisses d’un État qui ne daigne assurer un accès sûr ni à l’eau courante, ni à l’électricité, un état qui délaisse ses infrastructures, qui n’est même pas en mesure de mettre en place des trottoirs et des routes dignement praticables, un État qui ignore la crise climatique et laisse le pays se noyer dans ses propres déchets non-ramassés.
Aucune prise en charge, aucune protection : les libanais paient pour remplir les poches déjà lourdes d’une poignée de dirigeants mielleux et corrompus. Hier, le gouvernement s’est déclaré en faveur d’une série de taxes qui vont de l’ignominie (70% sur les oeufs) à l’absurdité (20% sur les corn-flakes). Dans un monde globalisé, dans un pays dont la majorité des citoyens résident à l’étranger et qui compte une immense diaspora, la taxe sur les appels WhatsApp (6USD/mois) a été la goutte qui a fait déborder le vase déjà bien rempli par les montants astronomiques que l’on paie ici pour avoir accès à internet et aux service de téléphonie mobile.
Hier [le 17 octobre], les gens ont déferlé dans les rues de Beyrouth, de Tripoli, de Saïda. Hier, les foules ont pris d’assaut les villes, bloqué les routes, et marché sur la cadence des mots « voleurs » (haramyye) et « révolution » (thaoura) répétés en hurlements enragés, en un seul soupir exaspéré échappé en même temps de milliers de poitrines.
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