Collomb lâche ses braillards sur deux ministres

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Gérard Collomb peut donner des leçons à Cécile Duflot en ce qui concerne le mal logement. Lui, à Lyon, il résout cela avec le nettoyage au kärcher.

A Lyon, la campagne des législatives dans la 1re circonscription se déroule à couteaux tirés entre Thierry Braillard, candidat officiel de Gérard Collomb, maire de Lyon et Philippe Meirieu, candidat officiel du parti socialiste et d’Europe écologie les verts.

Vendredi 8 juin, Cécile Duflot, ministre du logement et Benoît Hamon, ministre de l’économie sociale et solidaire se rendent donc à Lyon pour soutenir le candidat officiel de la majorité présidentielle, l’écologiste Michel Meirieu.
Arrivés dans le quartier de Gerland, ils sont accueillis par les supporters du candidat de Gérard Collomb qui les empêchent de tenir leur réunion normalement.
Ils décident donc de se rabattre vers Perrache dans un quartier qu’ils croient plus calme. Les bruyants supporters de Collomb s’entassent dans des voitures et les poursuivent afin de continuer à perturber la double visite ministérielle. Après une conférence de presse dans l’arrière salle minuscule d’un bar, les ministres repartent pour prendre leur train.
On assiste alors à une scène surréaliste où on voit les militants de Collomb avec drapeaux et des tracts aux couleurs du parti socialiste qui se mettent à huer et chahuter deux ministres de leur propre gouvernement.

La veille déjà, Gérard Collomb s’était fendu d’un communiqué sur son blog où il fustigeait Cécile Duflot et la narguait sur le mal logement : « Si je puis avoir un conseil à vous donner, soyez davantage ministre et moins partisane. La cause des mal logés en France sera mieux défendue. »

Le mal logement, Gérard Collomb connaît bien le sujet. Il est même un expert en la matière.
Une militante associative explique :
« C’est simple, à Lyon, c’est Collomb qui est à l’origine du plus grand nombre d’expulsions. C’est systématique. Dès que des personnes occupent un immeuble, un terrain, une parcelle, n’importe quoi appartenant à la commune ou au Grand Lyon, il demande une expulsion immédiate. Mais le pire, c’est quand il a peur que la procédure judiciaire dure trop longtemps ou lui soit défavorable, il contourne les juges en prenant des arrêtés municipaux d’expulsion. »

Vaise, décembre 2010.

Des familles roumaines se sont installées depuis quelques mois dans un immeuble abandonné. Une procédure d’expulsion est en cours qui a été demandée par le propriétaire pour l’occupation illicite de son bien. Les familles sont assignées au tribunal, l’audience est prévue le 17 décembre.
Le 14 décembre 2010, la mairie signe un arrêté concernant l’immeuble « menaçant la salubrité publique ». L’arrêté surprend tout le monde, et en particulier les élus de la mairie du 9e arrondissement qui se rendaient régulièrement dans le squat pour tenter d’apporter des solutions aux familles. Ils n’avaient même pas été informés et ont découvert l’arrêté le jour de l’expulsion.
Le 17 décembre, le jour même où les familles sont convoqués par le propriétaire au tribunal afin de défendre leur cause, la police intervient sur demande de Gérard Collomb. A 10 heures du matin, 70 personnes dont de très nombreux enfants sont jetées à la rue sous une tempête de neige.

Deux mois auparavant, rue Fiol, la mairie de Lyon avait usé du même stratagème pour contourner la décision judiciaire à venir et expulser un squat avant que le juge ne se soit prononcé. L’arrêté précisait cette fois que l’immeuble menaçait « la sécurité publique ».

Janvier 2011

« La friche » ouverte en 2002 accueille environ 400 artistes, riverains et militants qui vivent et se produisent sur cette ancienne usine désaffectée.
En juillet 2010, la mairie de Lyon qui souhaite récupérer son bien propose aux frichards de partir sur un autre lieu. Ils refusent et obtiennent un délai. Le tribunal qui sera saisi par le Grand Lyon pour les expulser leur accorde 6 mois pour partir. Le 20 décembre, alors qu’un procès en appel est prévu pour la mi janvier, une partie de la friche brûle dans des conditions mystérieuses. 2 000 mètres carrés sur les 30 000 que compte la friche sont détruits.
Gérard Collomb prend immédiatement un arrêté de péril et fait fermer l’ensemble du site. Début janvier, on voit apparaître un permis de démolir signé du… 17 décembre… C’est-à-dire 3 jours avant l’incendie et la fermeture…

Avril 2011

Contre les pauvres, les squatters et les roms, l’imagination de monsieur Collomb est sans limite. Après la salubrité publique et la sécurité publique, le nettoyage.
Une vingtaine de roms vivent depuis 6 mois dans des caravanes sur un parking très peu fréquenté. Une procédure judiciaire est en cours pour les expulser.
Le 6 avril, un arrêté municipal est placardé pour interdire le stationnement des véhicules gênants afin de, tenez vous bien, nettoyer le parking et … Aménager un parking…
Le 8 avril, les caravanes sont enlevées et 20 personnes se retrouvent à dormir dehors, sans toit sur la tête.

On pourrait multiplier les exemples car la politique de Gérard Collomb sur Lyon est très claire. Les roms, comme les prostituées, il n’en veut pas chez lui alors ils les rejette à la périphérie de Lyon. Les pauvres, c’est pareil. En décembre 2011, la mairie a menacé de verbaliser les associations qui distribuent de l’aide alimentaire. A moins … Qu’elles n’aillent dans un local fermé pour leur distribution. Cachez ces pauvres que je ne saurais voir…

A Lyon, « l’histoire du socialisme, c’est moi », aime à dire Gérard Collomb. Il n’a pas du lire correctement l’article 1 de la déclaration de principe du Parti socialiste : « Être socialiste, c’est ne pas se satisfaire du monde tel qu’il est, c’est vouloir changer la société. L’idée socialiste relève, à la fois, d’une révolte contre les injustices et du combat pour une vie meilleure. Le but de l’action socialiste est l’émancipation complète de la personne humaine. »
On a beau tourner dans tous les sens, on n’arrive pas bien à voir en quoi la politique de Gérard Collomb s’inscrit dans cette belle définition du socialisme. A Lyon, sous le soleil, la pluie ou la neige, on se fait une autre idée du socialisme. On préfère aggraver les injustices envers les plus démunis et les plus fragiles plutôt que les combattre.

Alors on comprend mieux pourquoi Gérard Collomb fait huer des ministres de Hollande. On comprend mieux pourquoi il veut imposer son propre candidat pour « prolonger à Paris, la politique qui est menée à Lyon »
Alors oui, vraiment, Gérard Collomb peut donner des leçons à Cécile Duflot en ce qui concerne le mal logement. Lui, à Lyon, il résout cela avec une méthode simple, efficace et qui a été prônée en son temps par un autre homme redevenu petit : le nettoyage au kärcher.

Il paraît que l’UMP cherche désespérément un leader pour se reconstruire. Gérard Collomb, pourrait avantageusement leur envoyer son CV, je suis certain qu’ils l’étudieront avec intérêt.
Il pourrait également leur envoyer un lien sur son blog qui est devenu une référence pour une opposition en mal d’idées contre le tout nouveau gouvernement et ses ministres.
Il pourrait enfin afficher le bilan de sa politique vis-à-vis des pauvres et des plus démunis, preuve s’il en fallait, de son parfait ancrage à droite.
A Lyon, pour les municipales de 2014, le parti socialiste ferait bien de trouver un candidat qui porte ses valeurs.

Philippe Alain

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