Communiqué de Lyon 3 en lutte sur la fusion

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Alors que les travailleur.euses universitaires et les étudiant.es sont confiné.es et que le gouvernement change son discours chaque semaine plongeant tous les usager.ères et travailleur.euses de l’Université dans un grand flou, le programme de fusion des universités de Lyon et de Saint-Etienne continue comme si de rien n’était, et cela alors que cette fusion est dénoncée depuis des années comme néfaste pour les conditions de travail et d’étude.

Nous, collectif d’étudiant-es et de personnels enseignants et administratifs de l’Université Lyon 3, nous adressons aujourd’hui aux étudiant-es de l’université pour les informer sur la fusion et sur ses conséquences sur le fonctionnement de l’université, sur les conditions de travail des personnels mais surtout sur les conditions d’études.

En cette période de confinement restons informé-es quant à ce qui est décidé pour nous et ne restons pas passif-ves !

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Si les universités sont fermées en cette période de confinement, cela n’empêche pas les présidences de la future Université-Cible de poursuivre leur projet de fusion. Dans un souci d’information des étudiant.es, et parce que la présidence de Lyon 3 ne communique pas dessus, nous vous proposons un communiqué d’information sur la fusion et ses conséquences désastreuses sur nos conditions d’études et sur les conditions de travail des enseignant.es. Soyons confiné.es mais pas désinformé.es !

L’IDEX et l’Université-Cible, c’est quoi ?

L’IDEX est un label attribué aux universités par un jury international sous réserve de certaines conditions et qui permet de débloquer des moyens de financement de la recherche. En place à Lyon depuis 2017, il ne finance que les projets de recherche “compatibles” avec la future “Université-Cible”, c’est-à-dire le résultat de la fusion des universités Lyon 1, Lyon 3 et Jean Monnet Saint-Étienne, ainsi que de l’ENS de Lyon. Cette fusion a pour but de débloquer de nouveaux fonds de financement de la recherche, mais aussi et surtout, elle s’inscrit dans un grand processus de privatisation de l’enseignement supérieur et de la recherche qui se traduit notamment par la fin de l’université pour tou.tes.

Quelles en seraient les conséquences sur vos études et vos conditions de travail ?

Des licences à deux vitesses :

La fusion des universités lyonnaises et stéphanoise va entraîner une refonte profonde des cursus. Pour le 1er cycle (Licence), elle scindera l’université en deux parts, avec : des parcours élitistes, comprenant une infime minorité d’étudiant.es, marqués par une hausse probable des frais d’inscription et une forte sélection (sociale et économique) à l’entrée ; des parcours généralistes, de moindre qualité mais comprenant l’immense majorité des étudiant.es, à la sortie desquels il serait difficile de continuer en master. Cette refonte ne peut qu’entraîner un fort creusement des inégalités sociales, dès l’entrée à l’université mais aussi tout au long de notre parcours d’études. Ce renforcement des inégalités n’est pas acceptable !

Une baisse de la qualité des enseignements :

La fusion, prévue à moyens constants, entraînerait une baisse des moyens alloués par étudiant.e, une surcharge aggravée des amphis, une numérisation à outrance des cours. Avec le confinement,nous voyons bien que cette numérisation des cours ne fonctionne pas : elle renforce les inégalités entre les étudiant.es qui ont accès au numérique et celles et ceux qui ne l’ont pas. Elle contraint aussi les professeur.es à une charge de travail supplémentaire sans que des moyens ne soient mis en place pour qu’ils et elles puissent assumer la "continuité pédagogique". Les cours et les évaluations à distance ne sont pas souhaitables en période de confinement mais surtout pas hors période de crise sanitaire. Nous refusons que les conditions d’études, détériorées, de la période de confinement deviennent la norme.

La fin de la démocratie universitaire :

Les élu.es étudiant.es et personnels ne représenteront plus que 50 % des voix dans les instances universitaires (contre 70 % aujourd’hui). In fine, le président tranchera systématiquement puisque sa voix est prépondérante. Des membres extérieurs nommés par la présidence, dont certains issus des syndicats du patronat (témoignant d’une privatisation croissante des universités), seraient intégrés dans les instances universitaires, court-circuitant l’autonomie des établissements. Nous étudiant.es, ne pourrons plus nous exprimer sur les orientations de nos Universités. Les président-e-s d’université auront tout pouvoir avec les membres extérieurs nommés d’appliquer certaines réformes comme Parcoursup, "Bienvenue en France", l’arrêté licence ou encore l’augmentation des frais d’inscription pour toutes et tous.

Une dégradation rapide des conditions de travail pour tou-tes :

La fusion étant prévue à moyens humains et financiers constants, elle ne peut aller que de pair avec une forte surcharge de travail, qui pèsera sur les personnels administratifs et enseignants. L’ensemble des personnels sera affecté sur un poste en fonction des besoins définis par la direction de la nouvelle université-cible. Des professeur.es seront obligé.es de re-candidater sur leurs postes en concurrence avec d’autres. En plus de la porte ouverte au clientélisme et aux arbitrages autoritaires, la fusion entraînera, comme dans le cadre d’autres fusions en France et conformément à la loi, une augmentation conséquente du temps de travail et la perte de sept jours de congés. Les personnels actuellement en poste pourraient se voir contraints de travailler sur un autre site en fonction des besoins. Nous refusons cette immense dégradation des conditions de travail.

Une précarisation massive des statuts des personnels :

La fusion devrait entraîner un gel total des embauches de nouveaux personnels pour une durée de dix ans au moins. Le gel des postes toucherait d’abord l’administration de l’université, alors que le taux d’encadrement par étudiant.e de Lyon 3 est déjà l’un des plus bas de France. L’université Lyon 3 embauche aujourd’hui plus de 2200 enseignant.es vacataires, contre moins de 630 titulaires. Avec le gel des postes, ces vacataires seront encore plus nombreux.ses, parce que peu payé.es et ne bénéficiant d’aucune sécurité de l’emploi. Cette augmentation précarisera encore davantage l’université et la recherche française dans leur ensemble.

Nous nous opposons fermement à ce projet de fusion et revendiquons non seulement son retrait, mais aussi :
- Davantage de moyens pour les universités (autant de places en L2/L3 qu’en L1 notamment).
- La titularisation massive des enseignant.es.
- L’arrêt de la sélection en master.
- Une augmentation des moyens accordés à la recherche par l’université et le refus de l’entrée de capitaux privés dans la recherche.
- Arrêt immédiat des évaluations, et surcharge de travail pendant le confinement pour les étudiant.es et professeur.es et personnels administratifs.
- En cette période de confinement, nous demandons la validation automatique du second semestre pour que personne ne soit mis de côté pendant la crise du Covid-19.

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Notes

[1(Note : Attention à l’utlisation de Discord qui n’est pas un programme « sécurisé », tout comme Facebook, Twitter, etc. Nous ne pouvons que conseiller la prudence sur ce que vous pouvez dire et organiser sur ces outils. Pour cela, rien ne vaux la lecture de Comment s’organiser en ligne ? Une brochure pour lutter !)

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