Communiqué suite aux affrontements à la 24e Marche des Fiertés de Lyon

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Nous écrivons ce communiqué suite aux affrontements qui ont eu lieu à la 24e Marche des Fiertés de Lyon, entre des militant.e.s queers radicaux et le service d’ordre et les organisateurices de la Lesbian an Gay Pride de Lyon puis la police.

Nous militant.e.s Queers avons décidé de prendre la tête du cortège de la marche des fiertés du 15 Juin. En effet, il est intolérable d’accepter que nos luttes soient instrumentalisées, marchandalisées et récupérées par différent.e.s élu.e.s, entreprises capitalistes ou représentants du pouvoir dominant défilant devant des associations et militant.e.s politiques. Plus particulièrement en cette année des 50 ans de Stonewall, où queers racisé.e.s et populaires se révoltaient contre la police garante de l’ordre puritain. Cela est d’autant plus insupportable lorsque cette symbolique est récupérée par des partis qui alimentent et renforcent au quotidien l’ordre établi. C’est donc dans cette lignée révolutionnaire et comme cela s’était passé l’année dernière que nous avons décidé de prendre la tête du cortège. Ne pas laisser de place à la dépolitisation et l’utilisation de nos luttes à des fins de pinkwashing [1].

Rapidement, un service d’ordre s’est formé à notre encontre afin de nous isoler et de nous vendre aux flics. Ce service d’ordre adoptait de plus une attitude très autoritaire en formant des lignes qui exerçaient des pressions physiques sur les militant.e.s présent.e.s dans notre cortège. Il nous forçait à partir sous peine « de faire annuler la pride ». Après que le cortège ait essayé d’aller en direction du Vieux Lyon comme le parcours le prévoyait, les organisateurs et organisatrices ont décidé de ne pas nous suivre pour nous isoler tout en nous mettant sur le dos le fait de ne pas avoir pu défiler dans ce quartier pourri par l’extrême-droite. Les organisateurices nous ont alors mis sur le dos de faire le jeu de l’extrême droite en empêchant la marche d’aller dans le Vieux Lyon quand on sait très bien que c’est eux qui ont dévié le parcours initial, allant jusqu’à nous traiter de fascistes pour nos méthodes ! N’est-il pas un peu hypocrite de la part d’elleux de traiter de fascistes des personnes queers voulant prendre la tête de cortège afin de simplement affirmer de réelles positions queers, anticapitalistes ou anti-autoritaires. Hypocrite quand on a vu celleux-ci mettre en place des lignes de défense ressemblant comme deux gouttes d’eau à des lignes de défense policières, surtout quand ces lignes servent à exercer une pression physique sur les militant.e.s. Le service d’ordre et les organisateurices ont ensuite décidé d’annuler la marche et de simplement faire le tour de la place Bellecour. Que ce soit en raison de la pluie ou du fait de notre présence qui a su rassembler plus d’une centaine de personnes, les raisons sont dans tous les cas inacceptables. Inacceptable d’annuler un événement majeur censé célébré une émeute populaire et queer contre la police seulement en raison d’une présence plus « radicale » qui ne colle pas avec l’image lissée de la techno parade capitaliste, vendeuse d’une sexualité normée, utile aux cercles de pouvoirs.

Effectivement, nous avons alors décidé en réaction à cette annulation scandaleuse d’essayer de bloquer l’open air dépolitisé qui allait se mettre en place sur Bellecour au grand regrets des divers.e.s militant.e.s souhaitant bien tenir la rue. Nous pouvons percevoir la fête comme un outil de lutte mais comment faire la fête dans cette hypocrisie politique ? Dans ce mélange confus entre nos camarades et nos ennemis ? Nous avons donc tenté de bloquer le char de Radio Scoop aux cris de chants anticapitalistes, solidaire des luttes contre les frontières et antifascistes. C’est à ce moment que nous avons été confronté.e.s une nouvelle fois à un service d’ordre qui n’a pas hésité à toucher de manière inapproprié et parfois violente les militant.e.s.

Nous avons alors résisté aux pressions physiques pendant un certain temps. La police nous alors été envoyée afin de nous dégager. Encore une fois nous avons su prouver collectivement qu’il était possible de résister contre la police bien que celle-ci ait finalement pu nous repousser grâce à l’utilisation d’une violence démesurée (coups, armes et gaz) sous le regard complice du service d’ordre et des organisateurices.
Quant à nous, nous pensons qu’il est nécessaire de remarquer notre manque d’organisation quant à la formation de ce cortège. A nous de déployer une communication plus importante ainsi que du matériel (banderoles, pancartes etc..) plus conséquent pour l’expression de nos luttes et de nos positions. Soyons rejoignables, créons des complicités, unissons-nous face à cette nationalisation et capitalisation de nos luttes. Pour autant nous tirons tout de même le constat de notre force collective qui a su créer une réelle force d’opposition au pinkwashing et qui a su cristalliser les antagonismes.
La fête et l’émeute, c’est comme la sodomie, c’est entre ami.e.s.

Signé : des queers du cortège de tête

Notes

[1Terme utilisé pour critiquer une technique de communication fondée sur une attitude bienveillante vis-à-vis des personnes LGBTQ+ par une entreprise ou par une entité politique, qui essaye de modifier son image et sa réputation dans un sens progressiste, tolérant et ouvert à des fins capitalistes.

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