Compte-rendu d’une visite inemployable au salon de l’emploi
Au fil des mois passés, les publicités dans le métro, les emails répétitifs de France Travail et les incitations travaillistes des conseillers et assistants sociaux nous ont convaincu d’aller pointer le bout du nez du CAT au salon « Paris pour l’emploi » qui se tenait place de la Concorde les 21 et 22 novembre. Alors que les encarts présentant le salon précisaient bien de venir munis de plusieurs CV, nous avons préféré venir avec nos poils aux mains, nos tracts du CAT, l’expression du refus du travail et nos plus beaux savoir-faire d’inemployabilité.
Le salon était gratiné en stands d’exploiteurs en tout genre : des rangées et des rangées d’entreprises, grandes ou petites, avec leur près de 2000 chargés de recrutement, qui examinent et trient les candidatures que l’on est trop souvent forcé de soumettre pour gagner de quoi payer nos factures et nos loyers quand les indemnités et allocations sont absentes, de quoi payer nos amendes. Le stand des racketteurs professionnels de la RATP était d’ailleurs présent à la fête, à la suite de toute une rangée spécialisée dans le maintien de l’ordre et la répression : administration pénitentiaire, police nationale, police municipale, DGSE et DGSI, Légion Étrangère et tout le reste de l’armée… Tous ces uniformes n’ont pas encore peur de venir recruter tout sourire les petites mains que la veille, le jour même et le lendemain ils enferment, contrôlent et tabassent. Comme trop souvent, ils avancent main dans la main avec France Travail, mais jusqu’au bout, soyons chômeurs plutôt que flics, sous-flics contrôleurs, conseillers ou employés polyvalents des cuisines et arrières-cours de la répression. Avec le récit de cette visite anti-travailliste au « salon pour l’emploi », on aspire à être rejoints et imités pour pouvoir aller bien plus loin dans la confrontation lors de prochaines occasions. Il n’y a rien de plus énervant que de constater que la flicaille juge pour l’instant normal de chercher à nous recruter.
Au fil de la visite nous avons pu discuter avec nombre de candidats venus non par goût mais par obligations en tous genres (de nombreux lycéens de lycée pro étaient notamment là pour tenter de trouver les stages dont la durée s’est allongée suite à la dernière réforme travailliste des lycées pro. Pour certains lycéens le stage consistait à assurer l’accueil du salon), bons entendeurs du refus du travail, et nous avons pu essaimer les tracts « Rendons-nous inemployables ! » au-dessus de piles de prospectus pour rejoindre les rangs de telle ou telle filiale mortifère.
Il y a indéniablement un potentiel de sympathie pour le bordel imprévu et trouble-fête : en étant plus nombreux la prochaine fois, nous pourrions faire plus que tracter, et venir déranger cette trop tranquille pêche aux trimards. Retournons enfin le rapport de force qui dessine ce genre d’évènements. Une personne que nous avons croisée au salon s’est exclamée en lisant le début du tract : « C’est la proposition la plus intéressante du salon ! Vous n’avez pas de stand ? Ce serait génial ! ». Pourquoi pas un stand imprévu qui viendrait subitement et ostensiblement déroger aux règles de l’employabilité la prochaine fois… ? Tentons dès à présent d’être plus nombreux et inventifs pour les prochains salons ! Après tout, il y a parfois une certaine saveur au fait de se faire virer, sûrement quand on n’est pas seuls…
Pour s’organiser avec des kilotonnes de refus du travail, nous proposons deux permanences du CAT par mois (le premier et le troisième dimanche du mois au 45 rue du pré saint gervais, 19e arrondissement de Paris, métro Place des Fêtes sur la ligne 11).


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