Contre le coup d’état françafricain au Togo : manif samedi 19 février

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Au Togo, après la dictature de Gnassingbé Eyadéma, soutenue par Mitterrand et Chirac, c’est maintenant la confiscation du pouvoir par son fils. Aux yeux du monde, et dans la plus grande désinvolture, cette prise de pouvoir totalement antidémocratique est une insulte
au peuple togolais, dans la continuation de l’imposture de la « françafric ». Le Togo est en passe
d’accomplir à la presque perfection le règne des plus sanglants d’une
dynastie françafricaine abominable et criminelle.

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Le régime togolais est un exemple pur de l’implication directe des
autorités françaises en charge des questions africaines dans les
prédations et la dérive organisée, structurée de l’Afrique sous
influence française. L’expertise militaire, juridique, diplomatique,
médiatique de la nébuleuse des cercles criminels français atteint au Togo le summum de l’aide à la dictature, au détriment du peuple togolais. Ce cas typique du parrainage
officiel d’une tyrannie par une démocratie européenne non
moins officielle ne pourra qu’affaiblir à terme les relations
afro-françaises. Il demeure cependant un flagrant délit de barbarie
françafricaine, et chaque maillon de ces liaisons mafieuses mérite que
des enseignements conséquents soient tirés par les Africains et les
Français avides de voir l’émergence de pratiques politiques un tant soit
peu éthiques... Faut-il rappeler qu’il existe quelques failles, puisque certains ont été inculpés...

C’est pourquoi il est urgent de dénoncer haut et fort ce coup d’état au Togo, et, à Lyon, l’association SURVIE, en compagnie d’autres associations  [1], lance un appel pour une
MANIFESTATION le SAMEDI 19 FÉVRIER à 15 h,
départ de la Place Bellecour
.


Voilà ce qu’en dit SURVIE [2] :

Dictature héréditaire au Togo : un coup d’État françafricain

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42 ans après avoir assassiné Sylvanus Olympio, père de
l’indépendance togolaise
, le dictateur togolais a cédé
involontairement un siège de tyran qu’il avait promis de céder de
son plein gré en 2003. Durant 4 ans de règne officieux puis 38 ans
de règne officiel, l’ancien sergent-chef Gnassingbé Eyadéma,
caricature de garde-chiourme néocolonial, a martyrisé et ruiné le
Togo. Sa mort de maladie aurait pu laisser place à une élection
démocratique. La France semble abonder en ce sens, puisqu’elle a
appelé au « respect de la Constitution togolaise ».

Les apparences sont trompeuses. La France tente seulement de faire
oublier qu’elle a largement contribué à tout fausser dans le
processus constitutionnel, escroqué, et dans un processus
démocratique sans cesse bafoué. La seule élection présidentielle à
peu près convenable, en 1998, a été largement remportée par
Gilchrist Olympio, le fils de Sylvanus. avant que le décompte des
voix ne soit repris en main par l’armée - ou plutôt la milice
clanique du régime (les rares militaires opposants ont été massacrés
dans la foulée du scrutin de 1998). Depuis lors, Paris n’a cessé
d’organiser de pseudo-médiations qui ont chaque fois découragé les
opposants authentiques, aboutissant au boycott du scrutin législatif
de 2002 et à l’élection d’une Assemblée quasi-totalement eyadémiste.
Laquelle a voté une révision de la Constitution qui ouvre la voie à
l’infinie prolongation de la dictature, en écartant notamment la
candidature de l’opposant le plus connu, Gilchrist Olympio, et en
laissant le contrôle des opérations électorales entre les mains du
régime.

Cela ne devait pas encore être suffisant puisqu’il a fallu une
ultime mascarade constitutionnelle pour afficher la continuité
monarchique : empêcher le retour au Togo du président de
l’Assemblée, constitutionnellement chargé de l’intérim du Président
de la République défunt ; faire voter par l’Assemblée la destitution
de cet intérimaire ; élire à sa place Faure Eyadéma, le fils du
dictateur ; voter en toute hâte une nouvelle révision
constitutionnelle qui transforme l’intérim du président de
l’Assemblée en un remplacement jusqu’à la fin du mandat du chef de
l’État décédé, soit jusqu’en 2008. Entre-temps, le clan Eyadéma aura
suffisamment verrouillé la succession pour ne laisser aucune
surprise. Faure Eyadéma est âgé de 39 ans. S’il vit autant que son
père, les Togolais en ont jusqu’en 2035.

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De cela, la France et Jacques Chirac ne sont aucunement innocents.
De Gnassingbé Eyadéma, tyran mafieux aux nombreux crimes économiques
et politiques, Jacques Chirac a déclaré samedi qu’il était « un ami
personnel ». Et « un ami de la France ». La France chiraquienne
bénissait en effet la dictature eyadémesque. L’armée milicienne
togolaise n’a cessé d’être encadrée par des officiers et
instructeurs français. L’évolution de la Constitution togolaise n’a
cessé d’être veillée par des juristes françafricains, comme Charles
Debbasch ou Pierre Mazeaud. L’argent des phosphates togolais n’a
cessé d’alimenter les caisses noires de la Françafrique. Les trafics
d’armes du régime Eyadéma, dénoncés par l’ONU, n’ont cessé d’aider
les alliés inavouables de la Françafrique, comme Jonas Savimbi ou
Charles Taylor.

Alors, il faut le dire haut et fort : rien de ce qui se passe ces
jours-ci à Lomé pour maintenir une dictature ubuesque n’est étranger
à l’Élysée, qui en est comptable devant l’histoire des peuples
togolais et français. Le peuple français, en particulier, se sent
insulté quand Jacques Chirac qualifie Gnassingbé Eyadéma d’« ami de
la France ». Il ne l’est pas plus que les potentats africains qui
livraient leurs frères en esclavage aux riches armateurs de Louis
XIV.

Notes

[1Au départ, en plus de SURVIE : la LDH, Agir ensemble pour les droits de l’homme, Agir
et défendre, ASPAO, l’ARAF, l’ODES, des associations togolaises

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