En 1957, Le Pen député à Paris... tortionnaire à Alger

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En 1957 Le Pen, élu député avec Poujade, s’est engagé lui-même dans l’armée en Algérie où il a fait de terribles exactions. De nombreux témoignages ont montré que Le Pen a fait torturer, et a aussi torturé lui-même et exécuté des Algériens. Cela a été le cas, par exemple, d’Abdelwahab, arrêté le 22 février 1957, que Le Pen, après l’avoir torturé, a jeté du premier étage dans le jardin de la « villa des roses » à Alger. Ces faits sont reconnus, et cela ne l’empêche pas d’être de nouveau à la une des médias.

Durant le mois de février, mars et début avril 1957, la « villa des roses », sise 74 boulevard Galleni, à El-Biar (banlieue d’Alger) abrita une unité de parachutistes étrangers commandée par le capitaine Martin. Celle-ci y avait installé ses bureaux d’interrogatoires et leur complément désormais indispensable : les locaux de torture.

L’un des chefs qui administraient la « question » et dirigeaient la torture n’était autre que le lieutenant Le Pen, député à l’Assemblée Nationale.

Le Pen, accompagné de ses hommes, en civil ou en uniforme, procédait aux enlèvements (le buraliste de rue d’Isly fut enlevé par des civils et le Cheikh Tebessi par des hommes en uniformes).

Les personnes enlevées étaient séquestrées dans la villa durant des semaines. Le suspect était d’abord accueilli par les paras, Le Pen en tête, à coups de pied et de poing jusqu’à l’abrutissement complet. On commençait ainsi par le mettre en disposition de reconnaître sa participation à un attentat, sabotage ou action quelconque : s’il protestait de son innocence, on lui administrait alors le supplice des électrodes.

Le Pen en assumait la direction ; il déshabillait complètement la victime, lui liait pieds et poings, l’aspergeait d’eau et lui bandait les yeux. C’est alors qu’il lui administrait plusieurs décharges électriques.

Si le « patient » arrivait à supporter le choc et persistait dans ses dénégations, on lui plaçait sur la tête, pendant des heures, un casque relié par fil à une prise de courant. La douleur, absolument intolérable, faisait hurler ceux qui subissaient cette coiffure. Pour varier ses « réjouissances », Le Pen plaçait sur les oreilles de "l’inculpé des électrodes, et les y laissait jusqu’à ce que la chair fût complètement brûlée.

Puis l’on administrait à ceux, très rares, qui proclamaient encore à ce stade leur innocence, le supplice de l’eau, qu’on leur faisait ingurgiter de force avec un tuyau... Parfois le corps du « suspect » était tailladé de coups de couteau.

Ces tortures duraient des semaines, à raison de deux ou trois séances par jour. Dans l’intervalle des interrogations, les « inculpés » étaient jetés, les mains liées, dans une tranchée profonde de 1,60 m à 1,70 m environ.

Dans cette fosse, trop courte pour permettre au détenu de s’allonger, trop étroite pour lui permettre de se retourner, l’infortuné était jour et nuit sous la menace de la mitraillette du geôlier.

Nous ne saurions omette de mentionner ici que quelques gardiens, des soldats étrangers, absolument écoeurés, n’ont pas hésité à prodiguer, à l’insu de Martin et de Le Pen et autres gradés, quelques soins aux suppliciés. Parmi ces militaires de coeur, il y avait également des Français : nous nous rappellerons de l’attitude humaine des soldats Berniche, Paris, Laboriot, et d’autres encore.

Toutefois les souffrances endurées lors des interrogatoires étaient tellement atroces que, dès les premières séances, le « suspect » aurait accepté la mort comme une bienheureuse délivrance. C’est pourquoi un grand nombre de « pensionnaires » de la « villa des roses » ont tenté de se suicider. Le nommé Dahman fut tellement insulté, frappé, brutalisé, et supplicié par Le Pen qu’il s’égorgea et fut transporté mourant à l’hôpital.

Mais les activités de Le Pen débordaient le cadre de la « villa des roses ». Il sévissait également dans une autre villa : la « villa Susini », depuis longtemps connue des Algériens comme lieu de tortures.
Là il fit jeter de l’essence sur le visage d’un détenu et y mit le feu. La victime défigurée fut, dans cet état, écrouée à la prison de Barberousse à Alger. La dernière trouvaille de Le Pen : avant qu’il ne quittât le service des Renseignements(!) fut de les extorquer en « travaillant » les ’suspects" au chalumeau.

Tels furent en Algérie, les hauts faits d’armes de Le Pen, député de surcroit, qui lui valurent une décoration des mains du général Massu.

P.-S.

Cet extrait provient de la revue « Résitance Algérienne n° 32, du 1er juin 1957, cité page 37 dans le livre »Torturés par Le Pen" d’Hamid Bousselham (édition Rahma, Alger, 2000)

Voir aussi le vrai Le Pen

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