Gilets jaunes : une condamnation à du sursis et un procès le 7 mai

1640 visites
Comptes-rendus de justice | zbeul hiver 2018/2019 | Gilets Jaunes

L’acte XIV a une nouvelle fois mobilisé à Lyon samedi dernier. La manifestation s’est soldée par 13 interpellations pour « port d’objets prohibés » et « violence contre les forces de l’ordre ». Un seul manifestant est passé en comparution immédiate, les autres ayant soit été relâchés, soit passent en procès plus tard. Une manifestante d’un autre acte a vu son procès reporté. Récit.

Au tribunal ce lundi

Un étudiant en première année de BTS passe en comparution immédiate pour « violences sans ITT sur personne dépositaire de l’autorité publique » et « participation à un groupement formé en vue de commettre des violences et des dégradations » ainsi que détention de cannabis (4g) et herbe (6g).

Il a été interpellé par plusieurs policiers en début de soirée, dans le métro, car « sur le moment » [pendant la manifestation] ce n’était pas possible au dire des policiers. Personne n’a été blessé par ses jets de pierres. Il a reconnu les faits en gardav’.

Repéré à cause de son blouson très voyant (rouge au niveau du bassin), il explique avoir croisé la manif par hasard. Les pierres ont été trouvé à proximité des affrontements avec la police sur l’autoroute. « C’est des grosses pierres pas des petits cailloux » s’enflamme la juge, « 10 cm de diamètre ». Il reconnaît les avoir jeter en direction des policiers mais sans en viser un en particulier.

- Prévenu : Je voulais faire la malin, c’est un effet de foule. J’aurais pas dû, je suis pas fier.
- Juge : C’est toujours ce qu’on entend. Vous avez sur vous un cache-cou, un bonnet, des gants. C’était un vrai printemps et vous, vous avez tout l’arsenal de ceux qui se dissimulent. Samedi il faisait chaud. C’était une scène de guérilla qui s’est produite sur Lyon. Je vais passer les photos [aux assesseurs], ça fait très peur. Avec tous ces gens en noir qui remontent leur cache-cou le moment venu. Expliquez moi pourquoi vous jeter des cailloux sur la police ?
- Prévenu : Je regrette maintenant, je n’aurais pas dû.

JPEG - 85.4 ko

- Procureur : On ne lui reproche pas l’ensemble des événements de samedi, cela va sans dire. Néanmoins nous sommes à l’acte 14. Il y a des événements saillants dans le PV de contexte, de nombreux casseurs opèrent à différents endroits. Il y a des blessés chez les forces de l’ordre et les civils. Les week-ends sont particulièrement durs, les forces de l’ordre sont chargés d’assurer la sécurité et sont victimes d’agression. Ce ne sont pas des comportements démocratiques. Aujourd’hui, il n’y a pas de parties civiles, fort heureusement il n’a touché personne [1]. Chaque week-end les forces de l’ordre effectuent une mission essentielle pour la République, la boule au ventre.

- Réquisitions : 2 mois avec sursis + 140h de TIG + obligation de soin + obligation de travailler + obligation de suivre un stage de citoyenneté. Et la proc’ rajoute : « il a fait preuve d’une immense immaturité. Il doit racheter les fautes qu’il a commis ».

- Défense : Il faut faire la part des choses. Il n’est pas identique à ceux que vous avez l’habitude de voir. Il est très jeune. Il n’a jamais eu à faire à la justice alors que son contexte familial n’est pas forcément simple. Il n’a jamais été arrêté, jamais fait de garde-à-vue, c’est un garçon sérieux. Ce qui l’a conduit aujourd’hui devant vous, c’est le phénomène de groupe, il n’est pas venu avec l’idée de se dissimuler. La garde-à-vue a déjà été dissusaive.

- Verdict : 6 mois avec sursis et obligation de suivre un stage de citoyenneté (à ses frais).

Blessée par un tir de LBD, une gilet jaune se retrouve accusée par des policiers

Pendant l’acte XI (26 janvier), Virginie, gilet jaune, se prend un tir de LBD au niveau du torse quai Gailleton. Plusieurs jours après, elle décide d’aller porter plainte auprès de la police. Au courant de la plainte contre le tireur, l’institution policière réagit et porte plainte à son tour contre elle pour « violences sur agent dépositaire de l’autorité publique ». Ce lundi, deux jours après l’acte XIV, elle est convoquée dans un commissariat, puis placée en garde-à-vue et présentée le lendemain (après une nuit au poste de police) en comparution immédiate.

JPEG - 116.1 ko

Des gilets jaunes se sont faits tourner l’info et du monde est là pour la soutenir, devant le tribunal. Avec le conseil de son avocat, elle a demandé un délai pour préparer sa défense. Elle sort donc libre à l’issu de l’audience sans contrôle judiciaire. Son procès est fixé au 27 mai (à partir de 14h) dans la salle des comparutions immédiates. Les gens qui étaient allés boire un coup après la comparution immédiaite se sont tous faits contrôlés par des policiers et la BAC qui les avait suivi.

Affaire à suivre.

P.-S.

Aucune interpellation pour le caillassage d’un fourgon de police sur l’A7 n’a encore eu lieu mais une enquête a été ouverte par le parquet dès le lendemain (donc le 17 février). Comme personne n’a été arrêté en flagrant délit, on peut pronostiquer que l’enquête s’orientera sur des reconnaissances d’habits et des bornages téléphoniques ; à bon entendeur.

Notes

[1Ce n’est pas une raison : souvent les policiers, sans être touchés ni blessés par des projectiles, se constituent parties civiles pour arrondir leurs fins de mois pour « préjudice moral ».

Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Publiez !

Comment publier sur Rebellyon.info?

Rebellyon.info n’est pas un collectif de rédaction, c’est un outil qui permet la publication d’articles que vous proposez. La proposition d’article se fait à travers l’interface privée du site. Quelques infos rapides pour comprendre comment être publié !
Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à nous le faire savoir
via le mail contact [at] rebellyon.info

Derniers articles de la thématique « Comptes-rendus de justice » :

› Tous les articles "Comptes-rendus de justice"

Derniers articles de la thématique « zbeul hiver 2018/2019 » :

>Les chiffres de l’IGPN, un iceberg des violences policières

Combien d’enquêtes ont été ouvertes pendant les manifs pour les retraites ? Ou pendant les Gilets jaunes ? Personne ne le sait ! Le ministère de l’Intérieur distille des chiffres tronqués, qui participent à l’invisibilisation des violences policières.

>Les hélicos de police sur le banc des accusés

Ce jeudi, le ministère de l’Intérieur devra s’expliquer devant le Conseil d’État. Il affirme ne pas enregistrer les images prises depuis le ciel, en dépit des preuves accumulées par le Comité.

› Tous les articles "zbeul hiver 2018/2019"

Derniers articles de la thématique « Gilets Jaunes » :

>🟡 La France en Jaune - 18/11 à 14h place Bellecour

Les 17 et 18 novembre, pour la 5e fois de leur existence, les groupes Gilets Jaunes de toute la France appellent l’ensemble des colères à se refédérer (sans étiquette partisane) contre le pouvoir libéral, répressif, écocidaire et fasciste qui nous opprime toutes et tous, avec ou sans gilet. A...

>L’industrie du complotisme

Vous en avez marre des conspirationnistes qui voient des lézards géants partout ? Et en même temps vous ne supportez plus la petite musique des médias qui traitent de "complotiste" chaque personne qui remet en question l’ordre établi ? Pour nourrir la réflexion des mouvements sociaux...

› Tous les articles "Gilets Jaunes"