Pour Sherazade et ses enfants, c’est la déportation en Algérie sans son mari
Pourquoi briser une famille qui construisait tranquillement son existence à Rillieux la Pape ?
Pourquoi traumatiser des innocents Céléna, 3 ans 1/2, et Jhilès, 2 ans 1/2, des enfants, scolarisés, incarcérés au centre de rétention pendant 32 jours et leur mère, Sherazade ?
Pourquoi laisser Sherazade, avec ses deux enfants, totalement démunie, dans une ville où elle n’a aucun contact (si ce n’est la famille de son ex-mari qui la persécutait) ?
Pourquoi laisser son vrai mari isolé en France sans sa famille ?
Pourquoi se moquer des conventions des droits de l’homme ?
Comment le préfet du Rhône peut-il se montrer aussi bas, aussi moins que rien, aussi indigne ?
Pour déjouer la mobilisation importante à Lyon et à Marseille qui avait évité déjà qu’elle soit déportée, ce n’est pas par l’une de ces deux villes que ces basses oeuvres ont été exécutées. Des policiers les ont sortis du centre de rétention de Lyon Saint-Exupéry le vendredi 24 août à 8h du matin et c’est par l’aéroport de Paris-Orly, sur un vol de la compagnie Aigle Azur, qu’elle a été débarquée en Algérie, avec ses enfants, mais sans son mari.
Pour Sabina, après refus d’embarquer pour Srebrenica, c’est la prison, séparée de sa fille mise à la DDASS et la comparution immédiate. Mais, ouf ! Elle ressort libre avec du sursis
Ce même vendredi 24 août, pour Sabina, elle, c’est à 4h du matin qu’on vient la chercher avec sa fille, après 30 jours d’incarcération au centre de rétention, alors qu’elle aurait dû sortir librement le lendemain. Et elle a refusé d’embarquer dans l’avion, pour la deuxième fois, elle n’est donc pas partie. Mais la police, sur ordre, puis la justice n’y sont pas allés de main morte : Sabina, 23 ans, et enceinte, est placée en garde à vue aussitôt, puis emprisonnée à Montluc, tandis que sa fille, Melina, 26 mois, est placée par la DDASS à l’Idef sur ordre du procureur de la République.
Son mari a échappé à l’arrestation le 24 juillet. Bosniaque, musulman originaire de l’enclave de Srebrenica en Bosnie, Mustafa a eu son père assassiné et retrouvé dans un charnier ; le père de Sabina a lui aussi été assassiné à proximité de Srebrenica quand elle avait onze ans. Mustapha était persécuté pour avoir voulu témoigner des atrocités commises par les Serbes en 1995. Cela lui a valu des menaces et une agression au cours de laquelle il a été gravement blessé, notamment de plusieurs fractures au visage. En 2005, Sabina est enceinte et Mustafa à nouveau menacé. Ils fuient pour la France. Leur demande d’asile est refusée… comme d’habitude. Le 24 juillet, la police se rendait à leur domicile à Dôle, dans le Jura. Elle arrêtait la jeune femme et sa petite fille mais manquait le père, absent à ce moment là. Malgré la mobilisation (une quinzaine d’habitants de Dôle se rendant immédiatement devant le commissariat), la mère et l’enfant étaient placées en rétention à Lyon Saint-Exupéry. Elles y ont passé un mois, du 24 juillet au 24 août. Belles vacances pour une enfant de deux ans !
Le 9 août, (jour où Yvan tombait du 4e étage en fuyant la police à Amiens), Sabina refusait une première fois d’embarquer, malgré les menaces et les pressions inadmissibles : elle est par exemple menottée devant sa fille. Le 24 août, avant-veille du terme de sa rétention, elle était à nouveau présentée à l’embarquement, qu’elle refusait une seconde fois. Sabina a immédiatement été placée en garde à vue puis en détention, tandis que Mélina lui était retirée et confiée à la DDASS.
Elle est passée en comparution immédiate ce lundi 27 août vers 16h au Palais de Justice de Lyon. La salle d’audience était pleine à craquer. La procureure a demandé trois mois de prison ferme pour Sabina ! Le juge avait de la difficulté à comprendre la situation, Sabina étant née en Yougoslavie, et demandait si elle avait bien une nationalité. L’avocate, Marie-Noëlle Fréry, qui a interrompu ses vacances pour assurer la défense de cette famille, a effectué des voyages dans l’enfer de l’ex-Yougoslavie juste après la guerre et a pu faire un cours très clair de géopolitique. Elle a montré que cette famille musulmane, malgré les apparences trompeuses actuelles, serait en réel danger si on la déportait là-bas, et on ne peut la renvoyer en Bosnie, le village où elle habitait, qui a été incendié, se trouvant actuellement du côté de la Serbie. La commission des recours de l’OFPRA a reconnu plusieurs fois cette situation qui fait jurisprudence, mais leur dossier avait été mal plaidé. Vu la situation inhumaine intenable, et en laissant le mari sans sa famille, elle demande la relaxe ou l’ajournement total pour Sabina.
Le juge, après délibéré, a prononcé une peine de 3 mois de prison avec sursis. Ce qui veut dire que Sabina a été libérée dans la soirée de la prison Montluc. Sabina va pouvoir récupérer sa fille. L’avocate dépose un recours à la Commission de Recours des Réfugiés suite à la demande d’asile refusée pendant la rétention.
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