Je ne voterai pas Macron

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Il est vrai qu’au sein des milieux militants de gauche, réformistes ou révolutionnaires, la question semble tranchée depuis longtemps. Si quelques personnes issues de ces milieux voteront Macron pour faire barrage à Marine Le Pen, l’immense majorité ne votera pas pour lui. Au sein de la population de gauche non militante, la question divise plus. Nombreux sont les gens à hésiter entre le vote blanc, le vote nul, l’abstention ou le vote Macron.

Pour ma part, je ne voterai pas Macron, c’est une évidence et ça l’a toujours été, je n’ai jamais pu ne serait-ce qu’envisager de voter pour ce type, cela ne m’a jamais traversé l’esprit. Qu’il soit face à Le Pen comme ce sera le cas le 7 mai prochain ou face à quelqu’un d’autre, je ne voterai jamais pour lui. Je n’aurai d’ailleurs pas voté Fillon non plus face à Le Pen, comme je n’aurai pas voté Macron face à Fillon, je n’aurai pas non plus voté Hollande face à Le Pen ou Fillon comme je n’aurai pas non plus voté pour Valls.

Non, je n’ai pas manifesté pendant des mois contre la loi travail pour ensuite déposer dans l’urne un bulletin au nom de son inspirateur, je n’ai pas manifesté pendant des mois contre la politique économique de Hollande pour voter en suite en faveur de son ministre de l’économie.
Evidemment, dans ces circonstances, le doute est légitime, le trouble est logique.
Pour la deuxième fois en quinze ans, l’extrême droite est au second tour des élections présidentielles en France. En 2002, Jean Marie Le Pen avait obtenu 4.8 millions de voix au premier tour et 5.5 millions au second. Cette année, Marine Le Pen a obtenu 7.6 millions de voix dès le premier tour et elle avait déjà battu le record historique de son père au premier tour en 2012 avec 6 millions de voix. Inexorablement, le Front National gagne des voix, par centaines de milliers, par millions, années après années.
Bien évidemment, cette situation est alarmante et pousse des millions d’électeurs de gauche comme de droite à voter pour « le moins pire » à faire le « front républicain » pour empêcher le FN d’accéder au pouvoir. Cette réaction est compréhensible mais elle doit à mon sens être combattue.

Le Front Républicain, carburant du FN

En effet, si on observe les politiques menées par les différents gouvernements depuis 2002 et la systématique stratégie du front républicain, on observe bien que, certes, cette stratégie empêche, pour l’instant, le Front National d’accéder au pouvoir, mais elle ne l’empêche pas de monter petit à petit, élection après élection, d’obtenir des mairies, des sièges de député, de sénateur, des conseillers municipaux, départementaux, régionaux et surtout d’imposer ses idées dans le débat public.
En surfant sur les thèses du Front National pour en récupérer les électeurs comme l’a fait Sarkozy en 2007 et 2012 et comme l’ont fait nombre de membres du gouvernement Hollande depuis le virage libéral-autoritaire de 2014, les gouvernements successifs ne font que banaliser les idées du Front National et le Front National lui même. En reprenant certaines propositions du FN comme la déchéance de nationalité ou l’extension de la légitime défense pour les policiers, en utilisant des méthodes de répression et de surveillance telles que l’état d’urgence ou la loi renseignement dignes de ce que ferait le FN une fois au pouvoir, en tenant des discours tels que « expliquer c’est excuser » comme l’a dit Manuel Valls après les attentats du 13 novembre, en disant que les problèmes sociaux, les inégalités et le racisme n’étaient pas un facteur d’explication des émeutes comme l’a dit Nicolas Sarkozy en 2007 suite aux évènements de Villiers-Le-Bel ou encore en disant qu’il faut nettoyer les banlieues au Karcher comme il l’avait fait plus tôt, en 2005, en parlant du « bruit et de l’odeur » des familles d’origine africaine comme l’a fait Chirac en 1991, les présidents et gouvernements successifs n’ont fait que porter sur le devant de la scène les idées du Front National, ils n’ont fait que banaliser son discours. Bien évidemment, cela est loin d’être fini et ça se vérifie encore quand Manuel Valls affirme ne pas être opposé à l’interdiction du voile à l’université.
Ainsi, cette banalisation progressive du Front National et de ses idées permet à ce parti de s’imposer petit à petit dans le débat public et dans le paysage politique au point d’être désormais une des principales forces politiques du pays. En choisissant perpétuellement de « voter utile » pour faire barrage au FN, nous donnons des arguments au FN pour se victimiser et nous légitimons les gouvernements qui, par leur politique, contribuent à faire monter le FN. Depuis des années, le Front National se nourri de la stratégie du front républicain pour se prétendre encore et toujours être un parti anti système car combattu par les principaux acteurs du système.

La suite à lire sur : https://paris-luttes.info/je-ne-voterai-pas-macron-7976

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