Joseph Ponthus : « L’usine te bouffe le temps, le corps et l’esprit »

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Entretien avec l’auteur d’À la ligne, pépite noire décrivant trois années passées dans l’enfer quotidien des abattoirs et conserveries de poisson. Il y est question de temps volé par le capitalisme, de travail à la chaîne, des différentes facettes du monstre-usine et de littérature qui rue dans les brancards.
Ce 24 février 2021, six mois après la publication de cet entretien sur papier dans le n°190 de CQFD, nous apprenons le décès de Joseph Ponthus. Nous publions donc cet entretien sur ce site en guise d’hommage.

L’ami Joseph Ponthus, dit Ubi pour les intimes d’alors, je l’ai connu il y a quelques années à l’époque de feu Article11, canard cousin de CQFD dans lequel il livrait des chroniques habitées sous l’intitulé « Sévice social ». D’une plume sensible et lyrique, il y racontait son quotidien d’éducateur dans un quartier de Nanterre – les gamins qui déconnent gentiment, la justice implacable, les horizons balafrés. Il en a finalement tiré un livre fort recommandé, coécrit avec quatre mômes qu’il suivait au quotidien : Nous, la Cité (Zones, 2012). Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et on s’est un peu perdus de vue – la vie. J’ai bougé à Marseille, lui à Lorient, pas exactement la porte à côté.

En Bretagne, il a vite compris que ses compétences littéraires et sociales n’allaient pas aider à faire bouillir la marmite. Sans un rond, classique, il s’est tourné vers l’intérim. C’est ainsi qu’ont commencé trois années de labeur particulièrement éprouvantes – une dans des conserveries de poisson, deux dans des abattoirs. Un quotidien bouffé par l’usine, qu’il décrit dans À la ligne – feuillets d’usine (La Table ronde, 2019), bouquin à la forme si « expérimentale » – vers libres, pas la moindre ponctuation – qu’il semblait condamné à végéter en solitaire dans les rayons de librairie. Sauf que non : le livre cartonne, est traduit un peu partout, et Ubi a pu dire au revoir à cette foutue usine. Il faut dire qu’il est parvenu, en bon alchimiste littéraire, à rendre particulièrement vivant et touchant ce monde que l’on cantonne généralement à des visions sanglantes de carcasses et de corps découpés. Sans misérabilisme mais avec les tripes, il livre un témoignage qui se veut universel, ode au courage de ses collègues et réquisitoire implacable contre ce mangeur de vie que peut être le salariat, surtout version intérim.

Le texte ci-dessous est le quasi verbatim d’un entretien téléphonique avec Ubi, entrecoupé de quelques citations de son livre.

La suite à lire sur : https://cqfd-journal.org/Joseph-Ponthus-L-usine-te-bouffe

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