L’université Jean Moulin-Lyon 3 interdit une conférence sur les femmes palestiniennes

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Palestine

Le 9 octobre dernier, l’université Jean Moulin a interdit une conférence sur les femmes palestiniennes. Dans un communiqué, le collectif féministe de la fac, ALyon-Nous, s’interroge sur la possibilité de pouvoir parler librement de la Palestine à l’université.

Communiqué du collectif féministe et association de la fac de Lyon 3, Alyon-Nous, publié sur les réseaux sociaux il y a quelques jours.

« Lyon III nous censure, nous attaquons en justice »

"Le vendredi 9 octobre 2025, l’Université Jean Moulin Lyon III a pris la décision d’interdire la conférence que nous souhaitions organiser sur la situation des femmes palestiniennes en temps de génocide.

Cette décision n’est pas anodine : c’est une atteinte grave et directe à la liberté d’expression et de réunion.

Une Université devrait être un lieu de savoir, de débat et d’esprit critique, non un espace où l’administration sélectionne les paroles autorisées et réduit au silence celles qui dérangent.

En censurant une initiative étudiante qui cherchait à informer et sensibiliser, la Présidence de Lyon III constribue à invisibiliser les réalités du génocide en cours en Palestine.

Ce n’est pas la première fois que nous subissons cette censure  :

  • Une conférence sur l’intersectionnalité et la convergence des luttes antiracistes et féministes avec des militantes afroféministes ;
  • une conférence sur la participation des femmes à la lutte palestinienne avec Rima Hassan ;
  • ou encore notre conférence "Femmes et génocide : réalités palestiniennes" avec BDS, Urgence Palestine et La Fosse aux Lyons ont toutes été empêchées.

Chaque fois la même rhétorique : le "risque de trouble à l’ordre public" - un prétexte commode pour bâillonner la parole étudiante.

Ces décisions dessinent une ligne directice explicite de la Présidence : celle d’une Université qui tolère le racisme et la haine, mais refuse la parole anticoloniale, antiraciste et féministe.

Cette censure que nous subissons ne constitue pas un fait isolé.

D’autres associations étudiantes de l’Université Jean Moulin Lyon III ont vu leurs projets relatifs à la Palestine interdits ces dernières années.

Pourtant, à plusieurs reprise, la justice administrative française a rappelé que ces interdictions étaient disproportionnées et illégales : dès le 18 octobre 2023, le Conseil d’Etat a rappelé l’illégalité d’interdire toute manifestation ou conférence relative à la cause palestinienne, au seul motif que le climat de tension géopolitique ou national sur le sujet risquerait de générer un trouble à l’ordre public (CE, ref ; 18 octobre 2023, n°488860).

Le 6 mai 2024, le Conseil d’Etat a jugé que la décision d’un président d’Université refusant d’autoriser la tenu d’une conférence au sujet de la question palestinienne était illégale, au motif que le risque de trouble à l’ordre public n’était pas caractérisé. (Conseil d’Etat, n°494003).

Le 26 novembre 2024, les juges référés du tribunal administratif de Strasbourg, réunis en formation collégiale, ont jugé que le refus du président de l’Université de Strasbourg d’autoriser la tenue d’une conférence à laquelle Rima Hassan aurait participé portait atteinte à la liberté d’expression.

Des décisions similaires étaient prises par le tribunal administratif de Lyon (TA de Lyon, 21 octobre 2023, n°230891 ; TA de Lyon, 22 juin 2023, Hamouri, n°2305086).

Pendant ce temps, la communauté internationale reconnaît la gravité des crimes en cours à Gaza :

  • Amnesty International affirme qu’il existe des preuves suffisantes d’un génocide.
  • B’Tselem et Physicians for Human Rights estiment qu’Israël est responsable d’un génocide en cours.
  • L’International Association of Genocide Scholars (IAGS) conclut que les actions d’Israël à Gaza remplissent les critères du génocide selon la Convention de 1948.
  • La commission d’enquête de l’ONU confirme que les actes commis constituent un génocide, notamment par intention destructrice et attaques ciblées contre les civil-e-s.
  • Enfin, la Cour internationale de justice reconnaît un risque plausible de génocide et ordonne à Israël de permettre l’aide humanitaire.

Dès lors, interdire une conférence sur la situation des femmes palestiniennes, n’est pas une mesure de précaution : c’est un acte politique - un refus de regarder la réalité en face, un choix d’invisibiliser un génocide reconnu par le droit international.

Cette position est d’autant plus indéfendable que l’Université Jean Moulin Lyon III a déjà accueilli des personnalités connues pour leurs propos racistes et haineux, sans qu’aucune inquiétude liée à la sécurité ou aux "moyens humains" ne soit invoquée.

Quand il s’agit de protéger la parole réactionnaire, l’Université déploie policiers et sécurité privée.

Quand il s’agit de protéger des voix féministes, antiracistes, anticoloniales et pro-palestiniennes, elle se réfugie derrière le silence et l’interdiction.

Nous refusons ce deux poids, deux mesures.

Nous réaffirmons qu’il est du droit, et même du devoir, des étudiant-es d’organiser des événements qui éclairent, questionnent et sensibilisent.

Nous continuerons à porter la voix des femmes palestiniennes, malgré les tentatives de nous faire taire.

Si la Présidence croit pouvoir nous épuiser par la censure, elle se trompe.

Nous sommes déteminé-es à aire entendre la voix des Palestinien-nes, à défendre notre droit à la parole et à refuser l’effacement du réel.

Nous avons donc déposé des recours en juistice pour atteinte à la liberté d’expression et à la liberté de réunion.

Parce que la censure n’est pas un acte administratif neutre : c’est un abus de pouvoir, et nous ne la laisserons pas passer."

Le collectif a ouvert une cagnotte pour les soutenir, qui sera reversée en cas d’échec de la procédure judiciaire à des associations palestiniennes.

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