La presse « féminine » : une fonction idéologique

845 visites

En 1974 et 1978, Anne-Marie Dardigna publiait successivement deux ouvrages consacrés à la presse féminine, Femmes-femmes sur papier glacé [1] et La presse « féminine » : une fonction idéologique. Le premier ouvrage proposait une analyse des mécanismes mystificateurs à l’œuvre dans l’ensemble des magazines s’adressant aux femmes ; le second mettait à jour cette analyse à l’aune des combats féministes menés au début des années 70 [2]. Nous proposons ici un extrait de la préface et le début du premier chapitre de La Presse « féminine » : fonction idéologique.

Dans la réflexion engagée ces dernières années par les femmes elles-mêmes sur leur propre oppression, nous ne nous méfierons jamais assez de la presse dite « féminine » et de son rôle dans les mécanismes idéologiques. Lorsqu’on envisage cette presse, diffusée à des millions d’exemplaires chaque semaine et chaque mois, il est essentiel de garder à l’esprit son statut à la fois de produit social et idéologique. Socialement, elle représente des intérêts économiques énormes — non seulement comme entreprise de presse, mais aussi et surtout à travers la publicité, comme support de ces industries immenses que sont le prêt-à-porter, les produits de beauté et de soins divers, les parfums (des plus luxueux aux moins chers) et les produits ménagers en tous genres (de la machine à laver jusqu’aux « pâtes aux œufs frais »).

En tant que tels, les articles des journalistes de la presse féminine sont donc amenés à produire et reproduire des modèles féminins qui ne soient pas en désaccord avec la consommation proposée par les annonceurs. Déjà, nous devons donc nous dire que les images de La Femme données à voir ne sont pas forcément celles qui correspondraient aux désirs profonds de la lectrice (ou de la journaliste), mais à coup sûr ceux qui servent les intérêts de la consommation et du profit industriel.

Très vite, on voit donc apparaître la fonction idéologique de la presse féminine, liée au bon fonctionnement du système économique et social. Il faut la lire et décrypter son mécanisme tout comme un autre appareil idéologique d’Etat, selon la dénomination employée par L. Althusser. Les journalistes qui y travaillent circulent aussi bien dans la « presse parlée » ou à la télévision, et Ménie Grégoire relaye sur les radios « périphériques » les propos qu’elle écrivait jadis dans Elle ou Marie-Claire où d’autres aujourd’hui la remplacent...

C’est le propre de l’idéologie de s’infiltrer en nous à notre insu, de nous conditionner dans nos rapports à autrui, dans notre choix de vie, nous suggérer quels doivent être nos sentiments, nos opinions, quelles pulsions nous avons le droit de laisser s’exprimer et celles que nous devons refouler. Et nous sommes l’objet manipulé sans nous en rendre compte un seul instant [...]

La suite à lire sur : https://larotative.info/la-presse-feminine-une-fonction-3297.html

Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Publiez !

Comment publier sur Rebellyon.info?

Rebellyon.info n’est pas un collectif de rédaction, c’est un outil qui permet la publication d’articles que vous proposez. La proposition d’article se fait à travers l’interface privée du site. Quelques infos rapides pour comprendre comment être publié !
Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à nous le faire savoir
via le mail contact [at] rebellyon.info