Petite histoire des dispositifs anti-graffitis
Après des millénaires durant lesquels les graffitis faisaient partie du paysage urbain, le XIXe siècle a inauguré leur criminalisation : les transformations urbanistiques de Paris sous le préfet Haussmann ont développé une forme d’architecture préventive, renouvelée au XXe siècle en réponse à l’explosion des tags. Si la lutte anti-graffiti était initialement liée à la traque de l’écrit « subversif », depuis la fin du XXe siècle elle réfute toute considération d’ordre moral, associant désormais systématiquement cette pratique au vandalisme et à la pollution visuelle. Seul un caractère esthétique lui ouvre parfois les portes d’une reconnaissance, bien souvent intéressée.

(…) Architecture et urbanisme concourent également à encadrer le graffiti nouveau. « L’architecture de prévention situationnelle » a pour objectif de garantir la sécurité dans les espaces publics par des dispositions spatiales et matérielles ; celles contre le graffiti côtoient des dispositifs anti-sans-abris, la vidéo-surveillance, la mise en place de codes aux portails des immeubles, etc. Des façades sont revêtues de quadrillages et de motifs géométriques qui empêchent la lisibilité des inscriptions, des murs anti-tags sont érigés (recouverts de vernis spéciaux et rythmés par des stries régulières).
Le street-art joue à cet égard un jeu trouble : la création du terme constitue elle-même une nouvelle charge lexicale dépréciant l’écrit de rue, et si cet « art » parvient à acquérir une légitimité et une reconnaissance dans l’espace public, c’est le plus souvent en investissant une paroi recouverte de graffitis et de tags plus free-style. Des artistes peuvent se voir ainsi attribuer un emplacement délimité sur un mur : une fresque servant à repousser les inscriptions sauvages. (…)
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