Les Kurdes dans l’enfer du Moyen­ Orient !

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Depuis cent ans, c’est la première fois que les Kurdes se réunissent afin de combattre l’État Islamique en Irak et au levant : l’EIIL. Grâce à cette union, les Kurdes pourront anéantir l’EIIL et entraîner la chute de ceux qui tiennent les rênes.

Parfois, l’ennemi crée ses propres opportunités, aussi absurdes soient­ elles : l’EIIL va ouvrir la voie de l’union et de l’indépendance du Kurdistan.
Les combats ne sont pas une réjouissance et nous ne pouvons présager de rien, bien sûr, mais il faut voir la force grimpante des peuples kurdes au Moyen ­Orient durant ces dernières années.
Ceci est une première phase, une nouvelle union s’est concrétisée et l’ensemble des partis Kurdes ont commencé à combattre la barbarie de l’État Islamique en Irak.
Il nous reste encore un deuxième printemps pour combattre ceux qui tiennent les rênes.

Ce dernier siècle, les terres Kurdes ont été divisées en quatre États avec comme concept commun pour les dirigeants de ces États : « frappe tes Kurdes ».
Lorsqu’un gouvernement ne peut faire face à la résistance des Kurdes, il appelle au secours les autres gouvernements, oubliant ainsi leurs propres querelles.
Certains gouvernements encouragent les partis Kurdes, d’autres provoquent la haine entre eux, pour créer des guerres fratricides : l’Iran a nommé ses protégés « les Pechmergé musulmans » et a dit aux Kurmandjis : « les Soranisne sont pas des Kurdes » ; l’État irakien a dit aux Soranis « les Kurmandjis ne sont pas des Kurdes » ; la Turquie a exposé côte à côte les cadavres de révoltés kurdes, et a dit aux kurdes Alevis et Zazas : « Vous êtes des Turcs de pure souche » ; quant à la Syrie, ce pays ne leur a accordé aucun papier d’identité ni aucun droit de propriété, en disant « vous êtes membres de la branche Adnanienne des Arabes ».

Tous ensembles, accumulant les complicités de crimes contre l’humanité,jamais personne n’est intervenu pour empêcher ce drame humain.

Suite à la guerre en Syrie une chose est devenue claire, il y a eu un changement et ces quatre États n’utilisent désormais qu’une seule arme, l’EIIL, leur permettant de ne pas se salir les mains. Ceci est une méthode de la politique Anglaise, mais modifiée : « Si j’ai un chien pourquoi aboierais-­je ? « 

Depuis une centaine d’année, les Kurdes ont payé le prix du fait d’être les seuls à s’opposer au système du Moyen ­Orient. « Les États nations » ont réalisés des actes de barbarie « Novateurs » au-delà de l’entendement.
Cette inhumaine barbarie qui s’est dispersée de Dersim à Halabja,d’Agri à Kobani, de Koçgiri à Mehabad, s’aggrave depuis cent ans.

Les Kurdes ont pris le contrôle de quelques puits de pétroles ce qui, dans une certaine mesure, a bouleversé le système au Moyen ­Orient.
Par la suite, les États nations n’ont plus réussi à souffler sur les braises des divisions internes comme moyen de guerre, et nous avons commencé à parler du Congrès National, destiné à être un espace légitime de décision de tous les peuples Kurdes.

Enfin, après cent ans de guerre, les kurdes pourraient éventuellement décider de leur destin.

Mais, ici, c’est le Moyen ­Orient où les cousins Arabes et Juifs se font la guerre depuis 3000 ans. Ici, c’est le Moyen­ Orient où Sunnite et Chiites se déchirent depuis 1300 ans.

Ici c’est le Moyen ­Orient des « bons Musulmans » qui font couler leur larmes pour Gaza, Arakan, Kesmir, Tahrir, et ne voient pas les Kurdes, « les orphelins de la communauté musulmane ».

Ici c’est le Moyen ­Orient, où des gens de gauche, citoyens des États impérialistes,
présentent les Kurdes comme des esclaves de l’impérialisme.

Ici c’est le Moyen ­Orient où les kurdes sont obligés de voter pour le premier ministre.

Ici c’est le Moyen­ Orient où Ecevit (ancien premier ministre turc) qui,après le massacre à la bombe chimique de Halabja, est allé féliciter Sadam Hussein.

Ici c’est le Moyen ­Orient où les hommes politiques n’ont aucune éthique,où le Premier ministre turc Erdogan appelait son homologue Bachar el Essad « mon frère ».

Ici, c’est le Moyen­ Orient où les camions transportent les feux de l’enfer des « Soft Powers » [1] qui crient : « Nous entrerons par Antioche et nous sortirons par le Yémen ».

Le Moyen Orient est en fait un enfer.

Ici l’EIIL a fait le travail d’Ankara (capitale politique turque), c’est ainsi qu’il a étouffé le souffle de la révolution du Rojava. Dans le passé L’EIIL a fait le travail de damas en divisant le Rojava. L’EIIL a fait le travail d’Ankara, de Damas, de Bagdad et de Téhéran, l’indépendance du Sud est repoussée, sans date déterminée.

Maintenant, ceux qui tiennent les laisses proposent à leurs chiens de bombarder des
mosquées, des églises, de couper les têtes et de boire du du sang.
Dans les capitales, les bureaucrates, les militaires et les ingénieurs se frottent les mains dans leurs bureaux.

Tout cela n’est que du vent, ils attendent que les Kurdes retournent à leurancienne condition, passant les frontières et demandant l’asile. Ils attendent le moment où les Kurdes devront mendier parce qu’ils crèveront defaim.

C’est en piétinant les Kurdes que s’est construit le Moyen Orient, mais si le Moyen Orient est resté le même, les Kurdes, eux, ne sont plus comme avant. Cent ans de cauchemar ont conduit ce peuple vers la conscience du traitement injuste qui s’est transformée en une conscience nationale.
Dans le passé, le mouvement kurde avait beaucoup de traîtres, et maintenant beaucoup de héros. Celui qui fuyait devant la sauvagerie, quelle que soit la nation dans laquelle il se trouvait, peut rentrer chez lui désormais.
Depuis cent ans c’est la première fois que se concrétise une telle union.

L’EIIL, ceux qui tirent les ficelles ... ?

L’autre versant, le Paradis, je ne le connais pas...

La seule chose que je sais, c’est que dans une partie du monde, il n’y a que l’enfer.

Des dizaines de milliers de Yezidis se sont réfugiés dans les montagnes de Sengal, et chacun a une histoire tragique à raconter.
Certains ont dû s’aligner et pour se faire tirer dessus, et sont restés envie sous les cadavres des autres.
D’autres ont laissé derrière eux, mère, père, sœurs et frères pour sauver leur vie.
Certains ont fui le combat, ont perdu leur proches et sont morts sur le chemin…
D’autres ont couru pour éviter les balles et sont morts un peu plus loin,on ne sait pas où, laissant des proches dévastés.

Dans chacune de ces histoires on se trouve face à la sauvagerie et l’on reste sans voix, c’est une honte pour l’Humanité, entendre ça, c’est comme recevoir une gifle.

Des centaines de milliers de personnes ayant fuit les hordes de l’Etat Islamique se sont réfugiés dans les montagnes de Şengal beaucoup de violence vécues. Des tragédies humaines. Des milliers de personnes assassinées, des disparus, des femmes violées... Le plus dur a été de voir des enfants mourant de soif.

Dans les montagnes de Şengal, les réfugiés ont chacun une histoire douloureuse. Quelque soit cette histoire, elle en appelle à la conscience humaine. Dans les montagnes de Şengal, les êtres humains ont honte de leur humanité…

Dans ce qui a été vécu, regardons par exemple ce qu’il y a de plus dramatique et voyons ce qu’il s’est passé : dans les montagne de Şengal, les Yezidis se trouvent face aux massacres de l’EIIL, comme à Kerbala.
Ceux qui pensent que Kerbala est un exemple lointain dans l’histoire,peuvent penser les faits de l’histoire de Zilan, de Dersim de la même manière.

Sans manger, sans boire ils sont restés entre les mains des oppresseurs sanguinaires soit pour mourir, soit pour devenir esclaves.
A l’époque de l’Empire Ottoman, les Yézidis ont fui les Ottomans pour aller se réfugier dans la région de Şengal. Lorsqu’une partie des Yézidis sont partis,il a fallu qu’ils laissent leurs filles, leurs belles ­filles ouleurs femmes aux oppresseurs comme bonnes à tout faire ou esclaves pour pouvoir partir.

Aujourd’hui comme si l’histoire se répétait, à Şengal, une partie des Yézidis fuient en laissant leurs filles, leurs belles ­filles et leurs femmes pour sauver leurs peaux.
Les bandes de l’EIIL les enlèvent pour leur propre « usage » comme esclaves ou les violent, les vendent, marient de force les jeunes filles de 9 ans, leurs coupent la tête…

Les autres musulmans ne font pas affaire avec les Yézidis, ils ne leur vendent rien, ne leur achètent rien et refusent de manger ce qu’ils leur offrent.
Cette attitude est la même en Turquie contre les Kizilbas, les Alevis.

Mais eux, leurs femmes et leurs filles ne seront jamais prises pour esclaves puisque leur but est de les exterminer, les anéantir.. Cette domination des hommes sur les femmes est un méthode affreuse, mais c’est une méthode efficace.
Ceux qui connaissent l’histoire des « Filles Disparues » lors des massacre de Dersim, comprendront bien que c’est la même méthode qui est employée.

Aujourd’hui, les Yézidis n’ont pas d’autres choix que de se soumettre.
Comme pour ceux de Dersim, ils se retrouvent au pied du mur, sans solutions. Comme autrefois, ils ont été obligés d’accepter les conditions des dominants. Malheureusement ces situations persistent et se répètent encore aujourd’hui à Şengal.

Les Yézidis qui sont encore à Şengal sont maudits, la terre entière partage, seulement sur internet, ce qui se passe dans les lieux publics.
Parce que les Yezidis n’ont rien d’autre pour combattre que leur dignité :ils n’ont pas d’armes, de missiles, de diplomates internationaux, de lobbies !

Au Moyen ­Orient, les Kurdes, les Assyriens et les autres ethnies ne possèdent rien d’autre qu’eux­ mêmes, puisqu’ils n’ont rien du tout.

En vrai ! Est ce que tu sais ce que c’est que d’être Kurde ?

Ton enfance, a-t-elle été éclairée par la lumière des balles tirées ?

Des odeurs de sang se sont­-elles propagées dans ton village ?

Ton père a-t-il été tué sur place du village pendant que ta mère appelait au secours ?

A tu déjà répondu à ceux qui te demandent ton nom « ez tirki nizanim » (je ne parle pas turc) ?

A -t-on déjà « perquisitionné » ta maison en pleine nuit ?

Ta mère a­-t­-elle déjà enfouie sous terre les cassettes de musique kurde ?

Ton grand frère est­-il déjà parti pour ne jamais revenir ?

As-­tu déjà été « regroupé » sur la place du village à l’aube ?

T’as-­t­-on déjà dit, « dégagez maintenant ! dès ce soir vous n’habiter plus ici ! » ?

Ton village a­-t­-il déjà été brûlé, faisant disparaître tes enfants dans les flammes ?

As­-tu quitté ta terre, tes pierre, tes rivières, ta famille ?

Ton père t’as-­t­-il déjà dit « negri gıro mı negri émé vegerın rojké » (ne pleure pas petit(e) un jour on reviendra.) ?

Tes yeux ont­-ils déjà versés des larmes de sang après t’être installé dans une ville où on te traite de moins que rien ?

Est-­ce qu’on t’a déjà dit « nous, on ne loue pas aux Kurdes » quand tu parcourais les rues avec ta mère à la recherche d’un logement ?

As-tu déjà ressenti la pauvreté jusque dans tes artères, au plus profond de ton corps ?

Es-tu déjà tombé amoureux d’une fille turque ?

Quand tu voulais parler avec eux ont­-ils ri de toi ?

As-­tu été déjà été humilié juste parce ­que tu est Kurde ?

As-tu déjà été envahi par un sentiment de folie lorsqu’ à l’école on te faisait chanter l’hymne national ?

As­-tu voulu secrètement le crier « Mais je suis Kurde ! » ?

T’es tu déjà fait interpellé par des policiers qui te disent : « le Kurde,on le reconnaît quelque soit sa dégaine. »

Dans les prisons, as-­tu été battu jusqu’à la mort ?

En vrai, As­-tu déjà été terrorisé ?

Tellement de choses encore... Finissons là.

J’espère qu’un jour cela cessera pour l’âme de mes Frères et de mes Sœurs, pour l’âme de mes Mères et de mes Pères, qui, malgré tout, n’ont jamais baissé la tête, jamais cessé de lutter.
J’espère que cela cessera pour l’âme du Moyen ­Orient.

Témoignage d’un kurde parmi les autres…

Notes

[1Soft power :Le soft power ou la puissance douce est un concept utilisé en relations internationales. Développé par le professeur américain Joseph Nye, il a été repris depuis une décennie par de nombreux dirigeants politiques. Colin Powell l’a employé au forum économique mondial en 2003 pour décrire la capacité d’un acteur politique — comme un État, une firme multinationale, une ONG, une institution internationale (comme l’ONU ou le FMI) voire un réseau de citoyens (comme le mouvement altermondialiste) —d’influencer indirectement le comportement d’un autre acteur ou la définition par cet autre acteur de ses propres intérêts à travers des moyens non coercitifs (structurels, culturels ou idéologiques).

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