« Il n’a manqué aux dieux nègres, écrit-elle, que l’audace qu’ont eue les nôtres d’exploiter à fond l’invention de l’immortalité de l’âme. Faire travailler et souffrir à crédit, pendant toute leur vie, leurs créatures et ne les payer qu’outre-tombe est un trait de génie... »
Et, au sujet d’un de ses amis africains mort au front : « Les brutes martiales me l’ont tué, N’Golo. S’il a été, comme on le dit, mon défenseur, je n’en suis pas fière. Mais que penser de ceux qui lui ont commandé de marcher pour la France et pour le Sénégal ? Qui l’envoie donc ? Ces grotesques personnages chamarrés qu’on voit déambuler dans les films d’actualité ? Qui encore ? Ces goinfres qui commandent la presse ? Ces misérables qui l’alimentent ? »
Étonnante, cette artiste issue de la « meilleure » bourgeoisie.... En pleine Union sacrée, elle vomit la guerre. Contre les préjugés de son milieu, elle affirme l’égalité entre Noirs et Blancs. En un temps d’impérialisme triomphant, elle met en cause la colonisation.
La compagnie lyonnaise La Poursuite porte à la scène ce témoignage iconoclaste sous la direction de la jeune metteur en scène Magali Berruet. Le spectacle est joué à Lyon du 13 au 23 novembre, avant de partir sur les scènes de Guyane. Un bol d’anticonformisme en ces temps de commémoration consensuelle !
Le Livre
Des Inconnus chez moi de Lucie Cousturier. Éditions L’Harmattan collection Autrement mêmes
Le spectacle
Des Inconnus chez moi par la Compagnie La Poursuite Mise en scène Magali Berruet. Avec Raymonde Palcy, Aude Pellizzoni et Joël Toussaint
Théâtre des Marronniers de Lyon du 13 au 23 novembre 2014
Théâtres de Macouria et de Saint-Laurent du Maroni (Guyane) du 9 au 20 mars 2015
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