Lyon 2 absente du classement de Shanghai ? Sa dotation par étudiant·e est la plus faible de France

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Alors que le marronnier du classement de Shanghai est de retour, réflexion et focus sur les universités lyonnaises et la dotation ridicule de l’une d’elle.

Et revoilà le classement de Shanghai... Comme chaque année à la même époque, la presse nous ressort ce classement qui hiérarchise les « meilleurs » établissements d’enseignement supérieur de la planète.

Sans surprise, et comme chaque année, ce sont les grandes universités américaines (Harvard, Stanford, Massachusetts Institute of Technology, etc.) qui occupent les premières places tandis que les facs françaises sont à la traîne. La première, Pierre-et-Marie-Curie (Paris VI), pointant à la 40ème place. Les joyaux universitaires lyonnais, l’Université Lyon 1 et l’ENS Lyon, pointent respectivement entre la 200ème et la 300ème et entre la 300ème et la 400ème place, tandis que Centrale Lyon se situe entre la 700ème et la 800ème. L’ENS, qui progresse, a même les honneurs du communiqué de presse d’autosatisfaction du Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.

En 2017, la France demeure 6e du classement mondial, avec 20 établissements classés parmi les 500 premiers. (...) Dans le même temps, deux établissements qui figuraient dans le top 400 progressent et entrent désormais dans le top 300 : il s’agit de l’université de Montpellier et de l’Ecole normale supérieure de Lyon.

Un classement inique qui justifie les politiques successives

Pas de trace de Lyon 2, Lyon 3 ou d’un quelconque autre établissement lyonnais dans le le classement de Shanghai. Il faut dire que ce classement est essentiellement conçu pour valoriser les publications scientifiques et la présence de Prix Nobel parmi les enseignant·e·s. Cela favorise les mastodontes américains aux budgets très élevés ainsi que les établissements dédiés aux sciences et techniques (comme Lyon 1) plutôt qu’aux sciences sociales (comme Lyon 2). Surtout, ce classement ne dit rien de la qualité de l’enseignement dispensé dans ces établissements.

Comme chaque année, les universitaires français s’accordent globalement pour dénoncer la stupidité de ce classement et surtout le fait qu’il serve d’aiguillon aux politiques publiques. Ce classement sert en effet depuis des années de justification aux politiques néolibérales qui s’appliquent dans les facs. Celles-ci, en s’inspirant des universités américaines (autonomie, regroupement en grosses institutions, implication d’entreprises dans le directoire, sélection, frais de scolarité élevés, etc.), sont censées permettre à la France de retrouver une place digne de son rang sur la scène internationale. La compétition entre pays justifie alors en leur sein la compétition entre universités.

Ce que ne dit pas ce classement, c’est la disparité entre les budgets des établissements considérés et notamment celle qui existe entre les dotations par étudiant·e·s. Alors que le budget annuel par étudiant·e des plus prestigieuses facs américaines se compte en dizaines voire en centaines de milliers d’euros (pour celles qui trustent les premières place du classement de Shanghai), celui des facs françaises était évalué en 2015 par des chercheurs de Sciences en Marche à 8300 €. Avec 16300 € annuels en moyenne, les étudiant·e·s des grandes écoles sont presque deux fois mieux doté·e·s.

Lyon 2, entre 4000 et 5000 € annuels par étudiant·e

Les disparités entre université sont aussi très grandes. Les facs dites « scientifiques » étant beaucoup mieux traitées que celles qui enseignent les sciences sociales. Ainsi, alors que le dotation de Lyon 1 est évaluée par Sciences en Marche à environ 12000 € par étudiant·e et par an (13000 € pour celle de Centrale Lyon), celle de Lyon 2, à peine supérieure à 4000 € par étudiant·e et par an, est trois fois moindre.

Ce montant fait de Lyon 2 l’université dont la dotation annuelle par étudiant·e est la plus faible de France. Lorsque l’on sait qu’environ 80% de cette dotation est consacrée à la rémunération des enseignant·e·s (lesquel·le·s sont aussi chercheur·e·s et contribuent donc à la (non) place de l’établissement dans le classement de Shanghai), ce chiffre souligne le faible taux d’encadrement dont bénéficient les étudiant·e·s. Il souligne aussi, comme viennent régulièrement le rappeler les luttes de précaires, la part importante que les vacataires (salarié·e·s de la fac les moins bien payé·e·s) occupent dans cet encadrement. Si l’on ajoute l’état des locaux universitaires (particulièrement sur le campus de Bron), on comprend assez vite pourquoi il est illusoire d’espérer voire la fac de sciences sociales lyonnaise caracoler dans le peloton de tête des classements internationaux.

Mais, si l’on se fie à nos dirigeants, le problème est ailleurs. Sans craindre le ridicule, le Ministère déclare, dans son communiqué, qu’il serait bien que le classement de Shanghai prenne en compte les politiques successives menées en son nom. Ainsi, si les facs françaises sont loin, ce serait parce que les regroupements des multiples facs en de gros établissements (PRES, COMUE ou désormais IDEX, on s’y perd...) ne sont pas prises en compte dans le classement.

Comme proposé par la mission d’inspection, Frédérique Vidal souhaite que le ministère accompagne les démarches qu’engageront les nouvelles grandes universités de recherche qui le souhaitent tout comme leurs membres, afin qu’elles puissent désormais être considérées, en France comme à l’étranger, comme des universités à part entière et figurer ainsi dans les classements internationaux.

Nous verrons dans les années à venir si les politiques françaises de casse de l’université sont validées par une révision du classement de Shanghai. La raison imposerait plutôt que ce soient ces politiques qui soient révisées, que les budgets destinés aux étudiant·e·s, aux personnel·s et aux locaux soient augmentés tandis que l’on jetterait les classements aux orties.

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