Non aux Etablissements Pénitentiaires pour Mineurs

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Texte de la CNT Education 69 suite aux évènements survenus à la prison pour mineurs de Meyzieu.

Non aux prisons pour enfants

Julien (16 ans) s’est suicidé samedi 2 février à l’EPM (Établissement Pénitentiaire pour mineurs) de Meyzieu (région lyonnaise). Il avait déjà tenté de se suicider deux fois depuis son incarcération en décembre 2007/ Ce drame met en évidence ce que nous n’avons cessé de dénoncer, les EPM sont des prisons, dans lesquelles l’Etat a choisi d’enfermer des enfants dès 13 ans.

Education Par la Matraque
Ces établissements, cerise sur le gâteau d’un nouveau plan de construction de nouvelles prisons, ont été présentés comme des avancées importantes. Les EPM devaient devenir des lieux d’éducation avec l’intervention d’enseignants, d’éducateurs et de psychologues et offrir des conditions de détention présentées comme idéales (chambres individuelles, salle de sport ....) . Ils étaient présentés comme de grands « centres sociaux ». Outre les matières enseignées à l’école, l’accent était mis sur activités nombreuses et variées. Cette sur-occupation, censée donner un cadre aux prisonniers, n’a eu que pour conséquence de les maintenir dans la pression et la violence des rapports de groupes décuplées par le système carcéral. De toute façon, ceci était oublier que l’action éducative est incompatible avec l’enfermement, comme l’avaient dénoncé les syndicats des éducateurs de la PJJ (protection judiciaire de la jeunesse). Ceux-ci ont d’ailleurs refusé en masse de servir de caution à ces établissement voués à l’échec, ce qui n’a pas suffi à faire reculer l’Etat dans sa politique du tout répressif. Une nouvelle fois, le recours à la précarité -très importante dans le secteur social- a permis à un projet inacceptable de se mener (¾ des éducateurs intervenant en EPM sont contractuels ou viennent d’obtenir leur concours). Outre le fait d’être sous-payés ils n’ont pas eu la formation adaptée à la gestion d’enfants en souffrance, laquelle est encore accentuée par l’enfermement. Parmi les enseignants qui ont accepté de collaborer, certains ont déjà démissionné ou sont en arrêt-maladie. Et pour ce qui est de la psychologue qui intervient à Meyzieu, elle n’a même pas de bureau pour recevoir les détenus. Finalement ce vernis pédagogique et éducatif a déjà disparu et dessous on voit toutes les facettes de la prison.

La violence et la contrainte d’une prison

Dans ces taules, comme dans celles pour adultes, afin de contraindre les prisonniers à se soumettre à la règle et à l’ordre, les enfermés peuvent être punis d’isolement dans des « quartiers disciplinaires » (et ce malgré les décrets de fonctionnement qui interdisent de telles pratiques en EPM dans les faits des « unités de relégation » voient le jour). Les prisonniers peuvent également être privés de parloir (c’était le cas de Julien). De même, à la demande du directeur de la prison les ERIS (équipes régionales d’intervention et de sécurité) peuvent intervenir en EPM, les ERIS sont des matons cagoulés (afin de ne pas être reconnu par les détenus), ils sont chargés d’intervenir en cas de problème de discipline dans une prison. Autant dire que ces interventions sont musclées et violentes. Afin que les jeunes de l’EPM de Meyzieu comprennent où ils se trouvent, les ERIS sont intervenus dans les 15 premiers jours ! Toutes ces sanctions sont prises par l’administration pénitentiaire sans concertation, ni dialogue avec les éducateurs, enseignants ou personnels de santé. Enfin comme dans toutes les taules, les rapports de violence et de domination s’exercent aussi entre détenues et ceci alors que les EPM regroupent des jeunes de 13 à 18 ans.

Une volonté étatique : la Punition

Dans la pratique, ces établissements permettent de multiplier le nombre de places de taules, car, malgré les annonces, les quartiers de mineurs des prisons n’ont pas été fermés. Ceci n’a rien d’étonnant au vu de la loi sur les peines planchers qui conduiront toujours plus de mineurs en prison plutôt que de chercher de véritables solutions à leurs problèmes. En effet, Julien, comme d’autres, était une adolescent en souffrance à qui il était indispensable de proposer des soins et une véritable prise en charge. Or la justice, qui sait se montrer clémente avec des patrons voyous et autres politiciens s’étant engraissés sur notre dos, a encore choisi l’enfermement. Les moyens consacrés à la construction de ces EPM le sont bien entendu au détriment de l’éducatif et de la prévention dont les budgets ne cessent de diminuer. Que ce soit dans le cas de Julien, au dans ceux d’élèves de 13 ans, l’Etat dénie toute humanité à ces jeunes et est prêt à leur faire subir une vie atroce pour poursuivre sa politique répressive. Par celle-ci, l’Etat choisit la criminalisation des jeunes en rupture, bien souvent issus des classes populaires. Ceci permet de passer sous silence les causes profondes et réelles des problèmes : la précarité et l’insécurité sociale. La ministre de la justice a défendu et défendra ces lieux indignes ; car ils font partie de l’arsenal répressif destiné à faire peur et à faire taire la jeunesse. Ces politiques ont beau être responsables de la mort de ce jeune ; ceci ne les empêche pas de poursuivre avec la même volonté, au risque que de tels drames se multiplient.

Etat Assassin ! Ni oubli, ni pardon !

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  • Le 27 février 2008 à 13:18

    A la manif, une personne a expliqué que l’autopsie a révélé qu’il n’y avait aucune trace de strangulation sur le corps de Julien et qu’il portait des traces de brûlures. Où en est aujourd’hui cette hypothèse ?

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