Lettre ouverte du Collectif contre la vidéosurveillance en Ardèche à la mairie d’Aubenas

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Le collectif contre la vidéosurveillance en Ardèche s’est fendu d’une lettre ouverte à la mairie d’Aubenas (datée du 25 février 2010) pour décrire la situation naissant de l’installation d’un système de vidéosurveillance à Aubenas. C’est cette lettre ouverte, restée sans réponse, que nous vous présentons ici. La politique des institutions en Ardèche (commune d’Aubenas et préfecture) est de laisser toutes nos lettres, toutes nos demandes, sans réponse, essayant sans doute de jouer l’essoufflement du collectif.

Monsieur [le maire],

dans une lettre datée du 29/10/2009, le Collectif contre la Vidéosurveillance vous posait plusieurs questions sur le système de caméras de surveillance que la ville d’Aubenas vient d’installer et ce en vue d’entamer un débat sur ce sujet. Cette lettre est restée sans réponse à ce
jour, hormis un communiqué laconique paru dans la Tribune, dans lequel vous indiquiez que, dans un bulletin municipal, il avait déjà été répondu aux questions que pose le Collectif contre la Vidéo-surveillance mais aussi qu’une brochure d’information était disponible au commissariat d’Aubenas, brochure dont vous rappeliez que seuls deux personnes l’avaient
demandée.

Nous ne pouvons que nous étonner de la désinvolture d’une telle attitude. Alors que l’État et ses médias réclament à cors et à cris la participation des citoyens à la vie politique, quand ces derniers font montre de s’y intéresser, ils se voient ignorés par les institutions (nous rappelons qu’à ce jour, la Préfecture de l’Ardèche adopte la même attitude que vos services à notre
égard).

Le Collectif contre la Vidéo-surveillance souhaite expliquer pourquoi la vidéo-surveillance est liberticide, inefficace et couteuse. Vous refusez ce débat en affirmant que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Malheureusement, le peu d’informations que nous laissent entrevoir votre attitude et celle de la Préfecture de l’Ardèche ainsi que nos propres recherches infirment votre position.

Tout d’abord, nous sommes surpris que les services de la Mairie ne soient toujours pas au courant du fait que la brochure d’informations sur la vidéo-surveillance qu’ils éditent n’est pas disponible au commissariat d’Aubenas mais dans les locaux de la police municipale. Il n’est pas étonnant, dans ces conditions, que seules deux personnes aient pu se la procurer. Un chiffre aussi bas aurait d’ailleurs dû vous alerter. Mais cela n’a pas été le cas.

Malheureusement, la chaîne d’événements qui nous indique que tout ne se passe pas normalement ne s’arrête pas là. En effet, plusieurs personnes ont fait des demandes de visionnage des images collectées par le système de surveillance de la population. Il apparaît
que les craintes concernant l’aspect liberticide de la vidéo-surveillance se précisent puisqu’à plusieurs reprises, il a été observé que des entrées d’immeubles ainsi que des fenêtres d’habitations aux étages n’étaient pas floutées contrairement aux obligations qui vous sont
faites par l’article 10 de la loi n°95­73 du 21/01/1995.

Ainsi, alors que le système vient juste d’être installé et que vous refusez de fournir la moindre information le concernant, notre collectif, dans ces conditions difficiles, est déjà en mesure d’identifier plusieurs manquement de vos services, dont certains particulièrement graves au regard des libertés. Ces atteintes aux libertés sont confirmées par l’étrange exigence qui apparaissait dans l’appel d’offre de ce qui n’était alors que le projet de vidéo-surveillance sur Aubenas, exigence de pouvoir visualiser les images en temps réel. Au regard des atteintes aux libertés déjà observées moins d’un an après l’installation du dit système, une telle exigence
pose question et inquiète.

C’est pourquoi, au nom des libertés gravement outragées à l’époque qui est la nôtre, nous vous demandons, Monsieur le maire, de renoncer à ce système de surveillance de la population et d’en ordonner le démantèlement.

Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de nos sentiments les meilleurs.

Le Collectif contre la Vidéo-surveillance

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  • Le 27 mai 2010 à 13:16

    Je veux préciser quelque chose à propos de l’étrange contenu de l’appel d’offre de la mairie d’Aubenas. Il était précisé que les images devaient pouvoir être visualisables en temps réel. Cela montre que les pseudo-sécurités que les institutions nous présentent pour nous rassurer ne sont que poudre aux yeux. Il est dit en effet que les images ne sont visualisables que sur réquisition du parquet et sont détruites au bout de 7 jours. Le fait que la mairie ait exigé qu’elles soient visualisables en temps réel montre une volonté toute différente en pratique. Qui pourra dire si un oligarque (un oligarque est un représentant élu) n’est pas venu regarder les images d’une manifestation sur Aubenas, histoire d’identifier les individus, éventuellement salariés de la mairie, qui manifestent ? Je prends cette exemple au hasard, il y a plein d’autres possibilités. La pratique de la vidéosurveillance n’est pas « surveillable ».

    De plus, j’ai discuté avec des fonctionnaires de la préfecture et ce que j’ai entendu est édifiant. Ils m’ont affirmé que tout discours militant était inacceptable. Et ce sont ces gens qui prennent des décisions tout les jours pour maintenir et développer la dictature qui s’abat sur nous. La préfecture de l’Ardèche refuse de communiquer la composition de la commission préfectorale à la vidéosurveillance, mais nous savons qu’il y siège un représentant de la CCI. Il ne faut surtout pas perdre de vue l’importance des entreprises en général et du patronat local en particulier dans la mise en place d’un ordre fasciste.

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