Perrache : chronique du sécuritaire

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Gare de Perrache, heure de pointe, déchaînement sécuritaire : BAC, flics, militaires, maître-chien et sécurité privée interviennent pour 2 portes coulissantes, 1 personne de 14 ans et 1 personne qui la regarde.

Gare de Perrache, heure de pointe, cette semaine.

Intervention de la « sécurité incendie »

3 personnes de 14 ans environ s’éternisent entre deux portes coulissantes automatiques de la gare des cars internationaux, empêchant leur fermeture. Face à l’énorme danger qu’elles représentent, 3 « sécurité incendie » (le mensonge institutionnalisé !) et un maître-chien déboulent. L’une des 3 personnes nie calmement avoir commis un quelconque délit. Un « sécurité incendie » immense et très baraqué s’avance, l’air menaçant et agressif :
« Baisse de ton ! Baisse de ton ! » Les autres appellent les flics.
Je leur demande calmement ce qu’il se passe, et si cet incident mérite une garde-à-vue. Une petite conversation s’engage mais au bout de 3 minutes, un « sécurité incendie » me déclare :
« Il n’y a rien à voir, circulez, il sortira dans 1h. »
« Non, c’est faux, le temps d’arriver en garde-à-vue et d’être interrogé il sera tard, ielle va y passer la nuit. »
Le maître-chien s’approche, très agressif :
« Dégage ! Dégage ! »

Je m’éloigne de 10 mètres, et lui réponds calmement qu’il n’a pas à me tutoyer, que je ne suis un danger pour personne, que la personne retenue n’est pas armée, qu’ils ne sont nullement menacés. À ce moment-là un type de la BAC arrive et entreprend de contrôler lela jeune. Le maître-chien, de son côté, continue de m’agresser :
« Rentre ! Dégage ! T’as rien à faire ici ! »
« Je ne fais que regarder, je ne menace personne, c’est la liberté de chacun.e que de regarder ce qu’il se passe dans les lieux publics. »
Il m’attrape par le col et me crie « Barre-toi ! Ou tu vas te prendre un contrôle de police ! » Je lui réponds que je suis surpris qu’un contrôle de police soit utilisé comme une menace...

L’arbitraire des contrôles et le pouvoir de nuisance des flics sont tels que chacun.e se doit de baisser la tête, accepter de se faire insulter et agresser, si ielle ne veut pas se retrouver en garde-à-vue 24 heures.

Il m’attrape par le col et me repousse violemment à l’intérieur, je recule une nouvelle fois de 10 mètres.

Contrôles de police et fouilles

3 BACeux supplémentaires arrivent et fouillent la personne mineure, suivis de près par 3 flics de la police nationale. Ces 3 flics se rendent vite compte que 7 BACeux et « sécurité incendie » suffisent pour interpeller une personne calme de 14 ans environ, et se dirigent vers moi. Ils demandent au maître-chien ce qu’il se passe mais il est apparemment trop agressif et en colère pour s’exprimer, je leur explique donc la situation. Le flic, qui me vouvoie, me donne tout de suite l’ordre de m’écarter pour contrôler mon identité. Ce faisant il me fait remarquer :
« Si vous voulez voir des contrôles de police, regardez la télé. »

[En substance : Rentrez chez vous y’a rien à voir, abrutissez-vous devant l’écran et laissez les milices faire leur travail.]

3 militaires accompagnés d’un flic arrivent alors. L’occupation de l’espace du hall de la gare des cars internationaux est alors complètement disproportionné : 3 « sécurité incendie », 1 maître-chien, 4 BACeux, 4 flics nationaux et 3 militaires pour... 1 personne qui empêche les portes de se fermer et 1 personne qui la regarde faire. Autour les quelques client.e.s regardent, mi-amusé.e.s mi-médusé.e.s.

Le flic contrôle mon identité et prend mon couteau (au fond de mon sac). 20 minutes se passent, pendant lesquelles l’arsenal sécurito-policiaro-militaire s’emmerde et en profite pour contrôler et fouiller les quelques personnes avec des têtes d’Europe de l’Est qui attendent leurs cars. Le contrôle effectué, il me rend mon couteau en me précisant « au fond du sac ! »
Je m’engage alors dans une de ces conversations palliatives à la colère provoquée par ce déchaînement sécuritaire :
« Pourquoi on ne peut pas regarder ? »
« Vous êtes tout seul mais après vous serez 2, 3, 4 et c’est un attroupement qui nous menace. »
« Mais 1 personne, c’est pas un attroupement !? »
« C’est un début. »
« Je m’inquiète vraiment pour les libertés dans ce pays : Aux États-Unis on peut filmer un contrôle de police, ici on ne peut même pas la regarder. C’est inquiétant... »
« On a le droit de filmer ici, tant qu’on ne diffuse pas les images. »
« Alors si j’avais eu une caméra j’aurais eu le droit de rester ? Vous n’auriez pas contrôlé mon identité ? »
« On ne peut pas menacer une intervention. Nous, on est des spécialistes de la sécurité, on sait où sont les risques. »

Agression du maître-chien

Devant autant de mauvaise foi je coupe court à l’entretien. Je m’en vais, croyant l’incident clos. C’était sans compter sur le maître-chien, qui m’attendait pas loin avec un collègue. Il m’alpague à travers le hall de gare bondé, avec les mêmes gentillesse et délicatesse dont il avait fait preuve auparavant :
« Tu vois c’que c’est d’foutre la merde ! »
Moi : « Vous n’avez pas à me tutoyer ! »
Le maître-chien : « J’t’emmerde ! Dégage ! »
Je lui répète qu’il n’a pas à me tutoyer et prends le flic qui m’a contrôlé comme témoin :
« Vous avez vu ! Il ne s’arrête pas de me tutoyer, de m’insulter ! Vous ne le contrôlez pas ? »
Le flic : « Non, dites-lui d’arrêter. »
Moi : « C’est ce que je fais tout l’temps, il s’en fout ! »
Le flic : « Dites-lui d’arrêter, sinon partez parce qu’il risque de vous casser la gueule. »

Impunité totale des milices de l’arsenal sécuritaire qui se couvrent ouvertement les unes les autres.

Et il se barre avec ses 3 militaires.
Le maître-chien reprend :
« Dégage maintenant ! »
« Arrêtez de m’tutoyer. »
« J’fais c’que j’veux ! Dégage ou jvais t’casser la gueule ! »
« Vous n’avez pas à me menacer. »
« J’te menace si j’veux ! J’en n’ai rien à foutre ! J’t’encule j’fais c’que j’veux ! J’t’encule ! »
« Si vous faites c’que vous voulez venez, enculez-moi maintenant, là devant tout l’monde ! »
« Viens ! Viens ! Descends j’te casse la gueule ! »
Un deuxième type de la sécurité de la gare intervient et temporise en ME donnant l’ordre de circuler.

Droits face à la police ? Face à l’arsenal sécuritaire nos droits ne sont rien, strictement nuls : Ces gens qui disposent d’une arme, un chien et de toute la confiance des juges sont intouchables juridiquement.

Baisse la tête, obéis, prends des coups !

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